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L'éclairage des autoroutes wallonnes.

  • Session : 2005-2006
  • Année : 2006
  • N° : 195 (2005-2006) 1

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  • Question écrite du 05/09/2006
    • de STOFFELS Edmund
    • à DAERDEN Michel, Ministre du Budget, des Finances, de l'Equipement et du Patrimoine

    Nous avons 870 km d'autoroutes dont 750 sont éclairés. L'éclairage de ces 750 km coûte plus de 10 millions d'euros par an, moitié pour l'énergie (électricité) et moitié pour l'entretien (remplacement de lampes défectueuses ou de poteaux endommagés, …). Calculé au km, la facture pour l'éclairage pèse 13.000 euros arrondis - sans compter l'installation initiale (+/- 190.000 euros/km). D'où le besoin de chercher à faire des économies.

    En 2005, Monsieur le Ministre annonçait le raccourcissement de la durée de l'éclairage. Depuis le début de l'année, les lampes s'allument plus tard et s'éteignent plus tôt le matin. L'économie - telle la presse - serait d'environ un demi million d'euros. Est-ce réaliste ? Rappelons, d'une part, que la réduction de la durée d'éclairage est de +/- 2 fois 12 minutes par jour, soit 8.760 minutes soit précisément 146 heures par an. D'autre part, n'oublions pas les nouveaux poteaux, p. ex. le long des km, pas encore équipés.

    La lumière permet de jouir d'une visibilité plus confortable, de voir les obstacles plus tôt et ainsi d'éviter l'accident. Est-ce que le nombre d'accidents graves est moins important chez nous que chez nos voisins qui n'éclairent pas leurs autoroutes de la même manière ? Si la thèse se confirme, il va falloir réfléchir à équiper les routes à trois ou quatre bandes n'ayant pas le statut d'une autoroute, mais présentant des statistiques comparables en termes d'accidents graves. En tout cas, je partage l'objectif « sécurité routière » développé par Monsieur le Ministre.

    Quel est alors le débat : économie d'énergie versus sécurité routière ?

    Je pense que les deux objectifs sont compatibles l'un avec l'autre, par exemple en espaçant les poteaux de 90 m au lieu des 60 m actuels chaque fois qu'on en a la possibilité lors de travaux d'entretien. Ou en investissant dans un « éclairage intelligent » permettant de moduler l'éclairage en fonction des besoins.

    Quelles seront les mesures que Monsieur le Ministre adoptera et qui permettront d'atteindre l'objectif sécurité tout en réalisant des économies ?





  • Réponse du 15/11/2006
    • de DAERDEN Michel

    La sécurité du réseau routier et autoroutier constitue un axe prioritaire de ma politique au sein du département des Travaux publics.

    La sécurité dépend de nombreux facteurs : d'une part, de facteurs matériels comme la qualité des véhicules et des infrastructures et, d'autre part, de facteurs humains liés aux comportements des conducteurs.

    Bien évidemment, l'éclairage est un élément essentiel contribuant à la sécurité et au confort des usagers puisqu'il intervient dans la qualité des infrastructures.

    Mais, il faut reconnaître que, depuis des années, partisans et détracteurs de l'éclairage s'opposent.

    L'utilisation de l'éclairage pour améliorer la sécurité des usagers de la route a fait l'objet de nombreux débats et publications et, de façon cyclique, les messages contradictoires se succèdent.

    Il ne faut d'ailleurs pas s'en étonner compte tenu du grand nombre de paramètres à prendre en considération pour étudier l'impact de l'éclairage sur la diminution du nombre et des conséquences des accidents nocturnes.

    Je ne vais pas faire le point sur les différentes études en la matière et tenter de démontrer l'impact positif de l'éclairage sur la sécurité ; je voudrais simplement mentionner deux enquêtes démontrant que l'éclairage des réseaux routiers belges est fortement apprécié.

    La première a été réalisée en 2001 par le Ministère wallon de l'Equipement et des Transports et visait à cerner le degré de satisfaction des usagers du réseau autoroutier wallon.

    L'éclairage a obtenu la meilleure cote de satisfaction de la part des usagers (8,3/10) et seulement 3,8 % de ceux-ci ont émis le souhait que l'on diminue l'éclairage.

    Plus près de nous, en 2004, une enquête du même type a été menée à l'initiative de la Conférence européenne des Directeurs des routes des pays européens occidentaux.

    Dans cette étude comparative réalisée au niveau du réseau routier transeuropéen, on constate que la Belgique est au « hit-parade » pour le critère « qualité de l'éclairage ».

    On peut, je pense, affirmer que l'éclairage public tend à diminuer la gravité des accidents, mais à lui seul, il ne peut pas les supprimer.

    L'éclairage public est une composante de l'aménagement nocturne de l'espace public. Ne s'éclaire bien que ce qui est bien aménagé.

    Si toutes nos rues, nos avenues et nos routes pouvaient être éclairées sans frais, il est probable que personne ne s'en plaindrait.

    Malheureusement, l'aménagement d'un éclairage public entraîne toujours des frais et des inconvénients plus ou moins importants, qu'il s'agisse des coûts d'investissement ou d'exploitation ou encore de pollution lumineuse.

    La question qui se pose est de savoir si le jeu en vaut la chandelle ou, autrement dit, si les avantages escomptés justifient la dépense nécessaire.

    Or les budgets ne sont pas extensibles ; c'est pourquoi, en matière d'éclairage, je souhaite mener une politique visant à rationnaliser les investissements et à diminuer les coûts d'exploitation dans la consommation électrique. Il ne s'agit donc pas « d'éclairer davantage » mais « d'éclairer mieux ».

    Afin de rencontrer cet objectif, j'ai sollicité mon administration pour qu'elle mène une réflexion dans ce domaine devant aboutir à des propositions concrètes visant à éclairer mieux.

    Une première mesure a été de réduire la durée de l'éclairage sur autoroute. L'économie de 500.000 euros dont la presse s'est fait l'écho correspond à l'application du nouvel horaire à l'ensemble de l'éclairage routier et autoroutier.

    La réduction de la durée de l'éclairage (de plus ou moins 2 fois 12 minutes par jour) mise en place, ne concerne que l'éclairage des autoroutes.

    L'application de cet horaire conduit à une économie de 200.000 euros par an. L'extension de cette réduction d'horaire au réseau routier pose des problèmes de synchronisation avec les réseaux d'éclairage communaux.

    La réflexion menée par l'administration a conduit également à l'élaboration d'un code de bonnes pratiques des installations d'éclairage, document qui est en cours de finalisation. Ce code de bonnes pratiques doit permettre de continuer à gérer et à moderniser l'héritage du passé dans un souci constant d'économie ; il prend, bien évidemment, en compte la nouvelle norme européenne dont l'application, pour les nouvelles installations, engendrera une diminution énergétique de 25%. Cette diminution résulte de la baisse des niveaux d'éclairement recommandés par la norme, sans compromettre la sécurité des usagers.

    Mais, parallèlement à l'établissement de ce code, l'administration a mené, notamment deux autres projets d'économie d'énergie.

    Un premier basé sur les performances des appareils d'éclairage avait pour objectif de réduire de 50% la consommation électrique sur les routes à quatre bandes éclairées en bilatéral.

    Ce projet a montré qu'il est possible de maintenir le niveau actuel de luminance en supprimant de façon alternée un luminaire sur deux et en remplaçant les luminaires restants par des appareils de la dernière génération.

    Lors de la rénovation des installations ou lors de l'établissement de nouvelles installations sur le réseau routier, les éclairages pourront être effectués suivant le même principe.

    Quant au second projet qui est toujours en cours, il s'agit d'une installation de modulation d'éclairage existant en berme centrale sur plusieurs tronçons autoroutiers d'une longueur totale d'une trentaine de kilomètres, en fonction des conditions atmosphériques et de la densité du trafic.

    L'économie espérée est de l'ordre de 20% des coûts de fonctionnement, liée cette fois non plus à l'espacement accru des poteaux mais à la réduction de la consommation d'énergie par une diminution du flux lumineux.

    Le projet doit encore être validé techniquement et économiquement avant toute décision d'extension de cette modulation à l'ensemble du réseau autoroutier.