/

L'étude sur l'abattage à la ferme

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 533 (2021-2022) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 29/04/2022
    • de KELLETER Anne
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Les résultats de l'étude sur l'abattage à la ferme que Madame la Ministre a commandée conjointement avec Monsieur le Ministre Borsus ont été présentés la semaine passée. Cette étude, financée à hauteur de 100 000 euros par la Région wallonne, était censée explorer la faisabilité du développement de l'abattage à la ferme.

    Le développement de cette forme d'abattage est fort souhaité par un certain nombre d'éleveurs, notamment ceux qui n'ont qu'un nombre restreint de bêtes. Cette pratique est plus respectueuse du bien-être animal, principalement car les animaux ne doivent plus subir le transport à l'abattoir et restent jusqu'à leur mort dans un environnement familier, ce qui augmente leur bien-être et la qualité de la viande vendue. Le développement de l'abattage à la ferme constituerait donc une réelle avancée pour cette politique en Wallonie.

    Vu le nombre de plus en plus restreint d'abattoirs en Wallonie, le développement de l'abattage à la ferme permettrait aussi de diversifier l'offre et de relancer un secteur qui peine à rentabiliser ses activités pour l'instant. L'abattage à la ferme offre également une possibilité de renforcer les circuits courts, objectif aussi de notre DPR.

    Avec cette étude, la Wallonie devrait maintenant disposer des données nécessaires pour définir une position politique de développement de l'abattage à la ferme.

    Après avoir pris connaissance de l'étude, que va faire Madame la Ministre pour développer l'abattage à la ferme en Wallonie ?

    Quels enseignements principaux tire-t-elle de l'étude de faisabilité ?
  • Réponse du 24/05/2022
    • de TELLIER Céline
    L’étude sur l'abattage à la ferme s’est en effet terminée au début de cette année. Les résultats ont été communiqués au Comité d’accompagnement au mois de mars. Ils ont fait l’objet d’une restitution en avril dernier, à travers l’organisation d’un moment d’échange avec le secteur agricole et le monde académique. Le rapport est disponible sur le portail du bien-être animal. (http://bienetreanimal.wallonie.be/home/documentation.html)

    Les résultats de cette étude constituent une base précieuse pour la concrétisation de futurs projets d’abattage à la ferme. Je m’en réjouis, car il s’agit d’une volonté de nombreux éleveurs en Wallonie, depuis plusieurs années. Le développement de cette pratique peut s’avérer particulièrement intéressant pour pallier la disparition des petits abattoirs, tout en réduisant au maximum le transport et donc le stress des animaux.

    Techniquement, l’abattage à la ferme sous beaucoup de formes est réalisable. La tendance laisse penser que des technologies vont encore se développer dans un avenir proche.

    Socialement, l’idée d’abattre les animaux dans leur lieu de vie fait quasiment l’unanimité en Wallonie. Beaucoup d’éleveurs ont démontré leur intérêt pour une telle pratique, pour des raisons de bien-être animal. Au niveau des abattoirs wallons, certains ont marqué clairement leur intérêt, sans qu’il n’y ait d’opposition ou de crainte. Il s’agit ici d’un signal positif, contrairement à l’opposition qui a pu être observée dans d’autres pays. Cet aspect est particulièrement important, étant donné que les abattoirs constituent des partenaires potentiels importants pour la mise en place de cette pratique.

    D’un point de vue environnemental, certaines exigences régionales peuvent être contraignantes mais ne sont pas insurmontables.

    D’un point de vue sanitaire, il a pu être prouvé dans les expériences passées qu’un animal abattu à la ferme pouvait produire une viande de qualité organoleptique et sanitaire au moins semblable à celle d’un animal abattu classiquement. Néanmoins, il semble que certains doutes persistent à cause d’un manque de données officielles sur les délais entre la saignée et l’éviscération, et leur conséquence sur la contamination microbiologique de la viande. Pour mieux aborder les aspects sanitaires en général, des discussions avec l’ASFCA sont nécessaires.

    D’un point de vue économique, toute forme d’abattage à la ferme engendre un surcoût par rapport au prix d’un abattage classique, qui se répercute donc au moins en partie sur le coût de la viande. Si ce surcoût est en pratique inenvisageable dans certains scénarii comme par exemple ceux impliquant le déplacement d’un abattoir mobile pour un très faible nombre d’ongulés, dans d’autres cas, son interprétation est subjective et doit être laissée à l’appréciation des éleveurs et des consommateurs. Par exemple, en ce qui concerne les bovins, selon certaines modalités, le coût supplémentaire par kilo de viande serait de l’ordre d’un euro.

    Les éleveurs de bovins ont d’ailleurs été particulièrement nombreux à manifester un grand intérêt pour ce mode d’abattage alternatif, en particulier les éleveurs en circuit court. Beaucoup sont prêts à assurer un certain surcoût de l’abattage, qui s’amortit en effet plus facilement au kilo de viande que chez les autres espèces.

    Différentes solutions existent ou sont à mettre en place afin de lever certains freins. Les discussions sont en cours en ce sens avec le Ministre de l’Agriculture, qui a co-financé l’étude, et l’administration. L’étude a notamment souligné la nécessité d’études pratiques complémentaires, « in situ », afin d’approfondir certains points, notamment d’ordre sanitaire et organisationnel. Dans ce cadre, la communication autour du rapport auprès du secteur, comme nous avons commencé à le faire, devrait être susceptible de susciter l’intérêt de potentiels porteurs de projets.