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La biocapacité et l’absorption des déchets en Wallonie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 536 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 02/05/2022
    • de SOBRY Rachel
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    « Si tout le monde vivait comme les Belges, il faudrait plus de quatre planètes. » Ce sont les paroles de l'ONG WWF-Belgique à l'occasion du dépassement écologique de la Belgique qui a eu lieu le 26 mars dernier. À cette date, le pays a déjà consommé l'ensemble des ressources naturelles que la planète peut renouveler en un an.

    Cette consommation de l'ensemble des ressources doit s'analyser parallèlement à la faculté à absorber les déchets qui en découlent, soit ce qu'on appelle la biocapacité. D'après le rapport dressé par l'organisation Global Foodprint Network, la biocapacité de notre pays est particulièrement limitée puisqu'il nous faut 5,5 fois la surface de productivité biologique pour séquestrer le CO2 provenant de la combustion des énergies fossiles.

    Une situation de dépassement telle est intenable à l'échelle mondiale sur le long terme. Aussi, je voudrais faire le point sur la situation de la Wallonie. Une distinction de notre territoire, plus vaste et moins peuplé que Bruxelles et la Flandre, mérite certainement d'être faite. Mes questions sont donc les suivantes :

    La date de « dépassement écologique wallon » est-elle plus reculée que celle de la Belgique entière ?

    Madame la Ministre dispose-t-elle de chiffres actuels relatifs à ce phénomène ? Quels sont-ils ?

    Comment améliorer le processus d'absorption des déchets ?

    De manière générale, quelles mesures sont prises à son échelle pour limiter la consommation des ressources naturelles wallonnes ?
  • Réponse du 23/06/2022
    • de TELLIER Céline
    En 2014, à la demande du Gouvernement wallon, l’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (IWEPS) a calculé l’empreinte écologique de la Wallonie. Cette démarche s’inscrivait dans un cadre plus global visant à développer un set d’indicateurs complémentaires au PIB pour la Wallonie. L’empreinte écologique a ainsi été estimée à près de 5 hectares globaux par habitant en 2012. Il s’agit donc de la surface biologiquement productive de terre et d’eau nécessaire pour produire les matières biologiques qu’un Wallon consomme annuellement et absorber les déchets qu’il génère.

    Rapporté à l’offre, les Wallons ont utilisé une surface productive 2,2 fois plus grande que celle de la Wallonie. Cela signifie que les modes de consommation des Wallons dépassent les limites biophysiques associées aux ressources renouvelables du territoire, et qu’à l’instar de la majorité des pays européens, la Wallonie alimente une "dette écologique".

    Comme tout indicateur, le calcul de l’empreinte écologique recourt à des simplifications et diverses hypothèses. Ainsi, l’indicateur ne comptabilise qu’une partie seulement du problème environnemental. Par exemple, il ne traite pas de la question de la qualité de l’environnement (érosion des sols, biodiversité…), ni des ressources en eau ou des ressources du sous-sol.

    En ce qui concerne l’empreinte écologique et la biocapacité, l'IWEPS ne suit plus ces indicateurs pour le moment, car il a besoin des données actualisées extraites de la matrice input/output des matières au niveau régional (en cours d’élaboration), pour pouvoir actualiser les valeurs de ces indicateurs. Le calcul de l’empreinte carbone est en cours actuellement au niveau du Bureau fédéral du Plan, qui prévoit une déclinaison régionale de cet indicateur. Les résultats sont annoncés pour fin 2022. Dès lors, à ce stade, il n’est pas encore possible de préciser la date de dépassement écologique pour la Wallonie, afin de la comparer avec celle calculée pour la Belgique.

    Afin de réduire la consommation de ressources naturelles et améliorer la biocapacité de la Wallonie, plusieurs mesures sont prévues dans la récente stratégie wallonne de déploiement de l’économie circulaire « Circular Wallonia » (qui intègre aussi des mesures du Plan wallon des déchets-ressources). Un des objectifs de cette stratégie est de diminuer de 25 % la demande directe en matières et la consommation intérieure de matières de la Wallonie d’ici 2030 par rapport à l’année 2013. Plusieurs chaînes de valeurs prioritaires sont visées en particulier : la construction et les bâtiments, les matières plastiques, la métallurgie et les batteries (en ce compris les métaux rares et critiques), l’eau, les textiles, l’industrie alimentaire et les systèmes alimentaires.

    La stratégie Circular Wallonia est structurée autour de 5 axes et 10 ambitions :
    1. Être une Région avec un écosystème économique et industriel engagé dans l’économie circulaire ;
    2. Être une Région pionnière dans les innovations circulaires et leader au niveau européen ;
    3. Être une Région qui gère et exploite ses ressources naturelles de manière circulaire (eau, bois, sols, biomasse, et cetera) ;
    4. Mettre en capacité les consommateurs ;
    5. Faire de la Région un acteur exemplaire ;
    6. Informer, éduquer et former tous les acteurs à l’économie circulaire ;
    7. Mettre en place une dynamique pérenne avec les acteurs de la Région ;
    8. Faire de la prévention des déchets une opportunité pour tous ;
    9. Améliorer les connaissances relatives aux déchets-ressources ;
    10. Amplifier la politique de tri à la source et le meilleur traitement des déchets.

    Les mesures liées à ces ambitions sont détaillées dans la stratégie, disponible via : https://economiecirculaire.wallonie.be/sites/ec/files/user_uploads/Rapport%20Circular%20Wallonia_DEF_v6_0.pdf.