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Le développement de l'élevage de truites en Wallonie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 608 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 02/05/2022
    • de VANDEVOORDE Anouk
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Lors de sa visite aux étangs de la Strange, Monsieur le Ministre a annoncé une série de mesures pour aider au développement du secteur de la truite wallonne.

    Pourrait-il me dire jusqu'à ce jour qui bénéficie de son plan spécial 2021-2030 pour la pisciculture ?

    De quel type et de quel montant d'aide s'agit-il pour chacun de ces acteurs.

    Il a parlé d'un budget de 3 millions d'euros prévu pour la création d'une écloserie. Vise-t-il particulièrement la truite Fario ?

    Sous quelle forme compte-t-il investir ces 3 millions d'euros ?

    Quels sont pour lui les critères d'une culture raisonnée de la truite ?
  • Réponse du 23/05/2022
    • de BORSUS Willy
    Le plan stratégique pour l’aquaculture en Wallonie 2021-2030 sera soutenu via le Programme wallon pour le secteur commercial de la Pêche 2021-2027. Ce programme sera soumis en 2e lecture au Gouvernement avant la fin de ce semestre. Outre le secteur aquacole wallon, il soutiendra également les transformateurs et grossistes des produits de la pêche et de l’aquaculture, ainsi que des actions bénéfiques aux écosystèmes et à la biodiversité de nos rivières.

    Avant de pouvoir octroyer des nouvelles aides aux acteurs économiques, il y aura également lieu d’adopter une nouvelle base légale wallonne et de mettre en place différents outils administratifs de gestion de ces aides. Les aides individuelles de ce nouveau programme ne seront donc vraisemblablement pas opérationnelles avant la fin 2022. L’octroi des subventions facultatives à des projets d’intérêt collectif (pour l’ensemble du secteur aquacole wallon), par exemple pour des projets de recherche ou de développement de filières, pourrait démarrer dans le courant du second semestre 2022.

    Les orientations stratégiques identifiées pour notre aquaculture seront soutenues via les mesures d’aide suivantes, pour lesquelles un budget global de 4,3 millions d’euros est prévu, dont 60 % émaneront du Fonds européen pour les Affaires maritimes, la Pêche et l’Aquaculture (FEAMPA) :
    - projets d’intérêt collectif en aquaculture, bénéficiant d’un taux d’aide de 100 % ;
    - aides individuelles en aquaculture, intégrant :
    * aide pour le suivi de l’exploitation par une entité scientifique wallonne, avec un taux d’aide de 40 à 70 % ;
    * aide pour les frais d’études et de conseils par des experts indépendants, avec un taux d’aide de 30 à 50 % ;
    * aide à la formation des étudiants dans des cursus existants pouvant mener au métier d’aquaculteur, avec un forfait de 1 000 ou 5 000 euros/an ;
    * aide à l’investissement, y compris dans des moyens de protection contre des espèces protégées, avec un taux d’aide de 10 à 50 % ;
    - aides individuelles à la conversion à la production aquacole biologique et à son maintien, avec des indemnités forfaitaires pouvant atteindre 30 000 euros par bénéficiaire.

    Les aides individuelles pour un suivi scientifique, pour de l’expertise ou pour la formation des étudiants, seront de nouvelles mesures d’aides. Pour les autres mesures, préexistantes, le bilan suivant des aides octroyées dans le cadre du programme 2014-2020 permet de mieux percevoir l’usage des budgets alloués au secteur aquacole via le programme cofinancé par l’Europe (fonds FEAMP pour la période 2014-2020) :
    -une enveloppe d’un peu plus de 1,2 million d’euros (dont 75 % apportés par le FEAMP) a été consacrée à 4 projets d’intérêt collectif pour le secteur aquacole, ceux-ci étant subventionnés à 100 % de leurs dépenses éligibles. 3 projets scientifiques portaient sur la mise au point de systèmes pilotes en aquaponie et l’un d’eux sur les techniques d’élevage de l’ombre commun. Le quatrième, porté par le collège des producteurs, ciblait différentes actions innovantes, dont la mise en place de différentes filières de valorisation et de commercialisation de la production aquacole wallonne ;
    -une seule entreprise aquacole a sollicité et obtenu des indemnités (de 12 000 euros) pour convertir une partie de ses bassins à la production aquacole biologique, en phase de grossissement de 28 jours ou plus ;
    -18 demandes d’aide à l’investissement, portant sur un montant global de dépenses des bénéficiaires d’un peu plus de 4,4 millions d’euros, ont conduit à l’octroi de 1,2 million d’euros (dont 60 % apportés par le FEAMP). 5 d’entre elles portent sur des moyens de protection contre des espèces protégées, bénéficiant alors d’un taux de 50 % d’aide. Les 13 autres dossiers portent sur des investissements poursuivant différents objectifs, la diversification des sources de revenus et la transformation in situ de la production étant un objectif majoritaire. Peu d’entre eux ont visé à augmenter le volume de production. On soulignera toutefois que 3 de ces dossiers portent sur l’installation de nouvelles exploitations, une avec un système aquaponique de taille artisanale, une autre pour la production artisanale de spiruline et la dernière pour la création d’une exploitation à taille industrielle (1 000 T/an) d’élevage de saumon. Ces 13 dossiers – dont la plupart sont actuellement en cours - ont bénéficié de taux d’aide variables, de 20 % pour les grandes entreprises, à maximum 40 %.

    Le budget de 3 millions d'euros prévu pour la création d'une écloserie coopérative en support au redéploiement de la filière aquacole en Wallonie n’émanera pas du programme 2021-2027 pour le secteur commercial de la Pêche, mais bien du Plan de relance de la Wallonie. Ces 3 millions d’euros d’investissement devraient permettre le financement des études technico-économiques préalables, l’achat du site d’implantation de l’écloserie, les modifications du site et ses aménagements ainsi que les frais de fonctionnement et de main-d’œuvre durant la première année d’exploitation.

    Le projet d’écloserie coopérative ne visera pas la production de truite fario. En effet, selon le sondage réalisé auprès des pisciculteurs wallons afin de connaitre leurs attentes et leurs besoins concernant la production en truitelles de l’écloserie coopérative, il apparaît que les pisciculteurs sont demandeurs d’approvisionnements uniquement en truitelles de truites arc-en-ciel de 150 grammes et non de truites farios. En Wallonie, les deux espèces de truites précitées sont produites avec des volumes de production et des débouchés contrastés. La production de truites farios, qui ne représente pas plus de 30 tonnes par an, résulte de petites écloseries autosuffisantes. Elle est majoritairement destinée au rempoissonnement des cours d’eau pour la pêche de loisir. La truite arc-en-ciel est, quant à elle, l’espèce de truite la plus produite en Wallonie (200 tonnes produites localement et plus de 1 000 tonnes importées vivantes à taille commercialisable). Elle est principalement destinée à la production de poisson de bouche pour les secteurs de la grande et moyenne distribution ainsi que pour l’HORECA.

    Tenant compte de ces réalités et pour être en adéquation avec les besoins en truitelles des pisciculteurs wallons, l’écloserie coopérative produira des truitelles arc-en-ciel de 150 grammes au travers de 3 cycles de production annuelle afin de les rendre disponibles tout au long de l’année. L’écloserie sera également en mesure de produire des alevins de truites fario pour pallier les éventuelles pertes exceptionnelles des petites écloseries de truites farios pour leur permettre d’assurer leur production.

    Tenant compte des réalités et de l’état des lieux de la filière aquacole wallonne, l’élevage raisonné de la truite en Wallonie se doit de prôner une production locale de truite en relocalisant l’ensemble de son cycle de production en Wallonie.

    Ainsi, la production locale de truitelles issue de l’écloserie coopérative permettra donc de résoudre simultanément les deux difficultés majeures de la filière. D’une part, en fournissant des truitelles saines, donc indemnes de maladies virales, aux pisciculteurs wallons et, d’autre part, en leur assurant un approvisionnement continu en truitelles afin d’optimiser leur production. La levée de ces difficultés renforcera l’autonomie de la production de truite en Wallonie afin de consolider et d’assurer la durabilité de la filière.

    Les événements mondiaux récents nous montrent que nous devons soutenir nos aquaculteurs à plus amplement participer à notre alimentation, leur permettre de produire plus sans augmenter l’impact environnemental, grâce à l’usage de technologies modernes.