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L'avenir de la culture des chicorées en Belgique.

  • Session : 2005-2006
  • Année : 2006
  • N° : 88 (2005-2006) 1

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  • Question écrite du 07/09/2006
    • de CASSART-MAILLEUX Caroline
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Emploi et du Commerce extérieur

    Suite à la réforme du dossier sucre, la production de chicorées ayant pour finalité la production de fructose est vouée à disparaître, contrairement à la filière inuline qui a un avenir.

    Toutefois, des difficultés financières font craindre l'abandon de cette filière en Belgique. En effet, le syndicat agricole rapporte qu'à Warcoing le prix proposé pour la chicorée est à peine de 46 euros/T et qu'Orafti s'alignerait sur ce prix. Or, l'évolution des prix de l'inuline sur le marché mondial varie entre 1.800 et 2.300 euros/T.

    Au vu de cette situation pour le moins décourageante pour les producteurs d'inuline, il est à craindre que la production de chicorées sur les terres wallonnes ne s'essouffle rapidement.

    Monsieur le Ministre pourrait-il me confirmer cette information ?

    Des contacts ont-ils été pris avec les différents intervenants ? Quelle est la ligne de conduite adoptée par le Gouvernement wallon en la matière ?

    Ne serait-il pas intéressant, comme le suggère la FWA, d'encourager les différents acteurs à élaborer un accord interprofessionnel qui organiserait, dans un respect mutuel, les conditions de réception et de paiement ?

    L'association des planteurs de chicorée d'Oreye s'investit activement afin de sauver la culture de chicorées en Wallonie et il est souhaitable qu'elle soit soutenue, dans ses démarches, par les instances régionales.
  • Réponse du 20/10/2006
    • de MARCOURT Jean-Claude

    La production d'inuline en Wallonie est effectivement marquée par la réforme de l'Organisation commune du marché du sucre et les entreprises belges productrices ont fait appel au Fonds de restructuration, ce qui implique l'arrêt de la fabrication des produits couverts par l'accord OCM sucre (dont le fructose).

    La Wallonie est leader en production d'inuline. Elle le restera puisque les entreprises de Warcoing et d'Oreye, si elles ont remis la totalité de leur quota « fructose », ont choisi de poursuivre la production d'inuline.

    Pour mener cette restructuration industrielle qui, bien entendu, a des conséquences sur l'activité agricole, le règlement du Fonds prévoit une aide à au moins 10 % du montant de restructuration aux planteurs et aux entreprises qui avaient acquis du matériel spécialisé d'arrachage.

    Des négociations se sont tenues entre les directions des entreprises, les planteurs et arracheurs, et ont donné des pourcentages de répartition des aides, eux-mêmes soumis à une Commission (fédérale) de restructuration.

    A Warcoing, la part fructose était nettement supérieure à la part inuline avec, comme conséquence de la restructuration, une diminution forte des emblavements et une chute du prix de la chicorée. 200 planteurs belges et 230 français sont concernés. 13,5 % vont aux planteurs et sous-traitants, avec fixation d'un prix minimum de la chicorée à 46 euros la tonne.

    A Oreye, la réduction des surfaces consacrées à la chicorée est moindre et le prix payé à la tonne sortie du champ est plus élevé. ORAFTI passe encore contrat avec 1.400 planteurs pour environ 7.000 hectares. 17 % des moyens de restructuration vont aux producteurs et sous-traitants.

    Il est à noter que ces répartitions sont issues de pourparlers entre les entreprises et les associations de planteurs.

    La crainte de voir la production de chicorée s'effondrer rapidement doit être compensée par un espoir économique fondé. En effet, la Wallonie reste et restera la région de référence en production de l'inuline. Les industriels sont appelés, au travers de cette restructuration, à mobiliser leur énergie et leur capacité de recherche & développement pour élargir la clientèle. Celle-ci est constituée d'entreprises alimentaires qui elles-mêmes doivent être accompagnées pour la prise de décision d'incorporer le produit.

    L'évolution du dossier a été suivie par mon Collègue de l'Agriculture qui a eu un contact soutenu avec les associations de planteurs. J'ai été associé au suivi des plans industriels de restructuration. La ligne de conduite adoptée et dont la Commission européenne est responsable a été celle d'un ancrage de la production agro-industrielle sur la Région, avec le souci de voir les entreprises opter pour la restructuration partielle (maintien de l'inuline) plutôt que la restructuration totale (suppression de site). Les plans R & D et commerciaux présentés par les entreprises apparaissent crédibles et reposent sur des perspectives de marché devant lesquelles rien n'est gagné d'avance, bien entendu.

    En tout état de cause, la Wallonie restera une région de haute valeur ajoutée réalisée à partir tant des chicorées que des betteraves.

    La proposition émise dans la question de l'honorable Membre de passer à une économie agricole fondée davantage sur des accords professionnels ou des contrats portant les conditions de livraison est précisément reprise dans les accords passés à l'occasion de la restructuration « fructose et inuline ».