Le parc de batteries de stockage de grande capacité situé à Bastogne
- Session : 2021-2022
- Année : 2022
- N° : 736 (2021-2022) 1
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Question écrite du 04/05/2022
- de NEMES Samuel
- à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
Le stockage des énergies renouvelables étant la clé de la transition énergétique, existe-t-il d'autres projets de parcs de stockage à venir en Wallonie ?
Si oui, combien et pour quelle capacité de stockage ?
Le cas échéant, est-ce que la technologie envisagée reste celle de batterie Lithium-ion ou bien d'autres technologies sont-elles envisagées ?
Enfin, combien de centres de stockage, de plus petite capacité, sont-ils déjà en activité ?
Réponse du 15/06/2022
- de HENRY Philippe
De plus, l’énergie solaire n’est pas disponible seulement le jour ; elle peut être stockée de jour pour être distribuée la nuit. Par exemple, la production d’électricité renouvelable se fait entre autres par des centrales solaires thermiques. L’énergie solaire est stockée dans des sels fondus, ce qui permet de produire l’électricité jour et nuit. Cette même énergie solaire peut être thermique, et stockée dans les bâtiments, ou dans le sous-sol. Mentionnons par exemple ce nouveau bâtiment construit par une grande banque française à Bruxelles, qui stockera son énergie thermique dans de vastes réservoirs d’eau. L’excès de chaleur de l’été sera stocké pour être restitué l’hiver et le froid sera utilisé pour rafraichir les locaux en été. La consommation d’énergie totale sera divisée par sept, mais ne sera cependant pas annulée. Le stockage des énergies renouvelables n’est peut-être pas LA clé de la transition énergétique, comme l’exprime l’honorable membre, mais ce stockage est un des moyens pour devenir 100 % renouvelables.
Un parc de batterie a été inauguré à Bastogne en avril 2022. Ce parc a une capacité de 10 MW et un stockage de 20 MWh. Il pourra restituer le maximum de sa puissance (10 MW) pendant deux heures.
Je tiens cependant à nuancer le caractère unique de ce projet. Il existe déjà des unités de stockage par batteries plus importantes chez nos voisins, ou ailleurs dans le monde.
Par exemple dans le Nord de la France, un stockage par batterie de 61 MW et 61 MWh a été inauguré près de Dunkerque en décembre 2021. Mentionner une « grande capacité » de stockage est à relativiser en fonction de ce qui est installé chez nos voisins, mais aussi en fonction du système de stockage.
Il existe chez nous d’autres unités de stockage d’énergie considérablement plus importantes par pompage-turbinage. Mentionnons le stockage des centrales de Coo 1 et 2 de 1080 MW de capacité et 6 000 MWh, ou encore celui de Plate Taille qui peut fournir 140 MW pendant cinq heures.
L’unité de stockage de Bastogne est raccordée au réseau haute tension et aide le gestionnaire de réseau de transport à maintenir l’équilibre de son réseau. Cet équilibre du réseau est à maintenir tout en accueillant la production croissante d’énergie renouvelable qui est sporadique et dispersée, et par conséquent l’installation de Bastogne peut être considérée comme contribuant à la transition énergétique.
En faisant leurs bilans énergétiques annuels, mes services à la Direction de la Promotion de l’Énergie durable avaient constaté qu’il n’existe pas actuellement de recensement de toutes les unités de stockage d’énergie. Un tel recensement sera utile pour les bilans énergétiques.
La déclaration des installations de production et de stockage est prévue dans le Décret récemment approuvé par le Parlement. Dans l’article 35 octies, il est prévu que tout client actif disposant d’une installation de production d’électricité ou de stockage d’une puissance inférieure ou égale à dix kVA, déclare celui-ci, avant sa mise en service, directement ou via son installateur, à son gestionnaire de réseau selon les modalités prévues dans le règlement technique. Il est prévu aussi que le client actif disposant d’une installation de production d’électricité ou de stockage d’une puissance inférieure ou égale à dix kVA ou d’un point de recharge existant au jour d’entrée en vigueur de la présente disposition et qui ne l’aurait pas encore déclaré à son gestionnaire de réseau procède à la déclaration de cette installation.
D’autre part, Synergrid a édité en mars 2021 la prescription technique C10/11 sur le raccordement d’installations de production décentralisée fonctionnant en parallèle sur le réseau de distribution.
Les installations de stockage sont considérées comme étant des installations de production et ont donc les mêmes contraintes. Les GRD devraient donc être au courant des installations de stockage existantes. Mais cette prescription ne concerne pas les installations hors réseau.
L’utilisation des batteries des véhicules électriques pour aider à la gestion du réseau par stockage journalier d’énergie est sérieusement considérée par les acteurs de la transition. Certains considèrent même cela comme absolument nécessaire pour parvenir à une transition énergétique réussie. Ce seraient donc des millions de batteries au lithium, sortes de centres de stockage de très petites capacités, qui seraient utilisées. Ce système de partage d’outils de stockage -les batteries - et d’énergie stockée dans les batteries des véhicules électriques est rempli de promesses, vu son grand potentiel, mais présente aussi de nombreuses questions techniques, informatiques, économiques, légales et sociales.
Les batteries au lithium évoluent, et plus de quantité d’énergie peut être stockée pour une même quantité de lithium. Malheureusement, le lithium a été introduit par la Commission européenne dans sa liste des matières premières critiques. D’autres systèmes de batteries ou de stockage d’énergie sont investigués : le développement de batteries à base de sodium se poursuit, ainsi que d’autres. Les batteries au plomb sont le plus ancien système chimique de stockage d’énergie électrique, et encore toujours le plus répandu. Les batteries au plomb sont recyclées à près de 100% en Amérique du Nord et en Europe. Une recherche financée par la Commission européenne a récemment trouvé un système de recyclage moins polluant. Les quantités de plomb encore disponibles diminuent, certains parlent même d’épuisement des ressources vers 2030. Il faut noter aussi que ces anciennes batteries au plomb qui ne peuvent plus être utilisées pour les véhicules sont encore tout à fait opérationnelles pour le stockage d’énergie électrique.
Les piles et batteries sont utilisées dans les téléphones et les ordinateurs portables, les voitures et les camions à moteur à combustion interne, les véhicules électriques, les industries, la gestion des réseaux, le stockage d’énergie. La Commission européenne estime qui la demande globale de batteries sera multipliée par 14 pour 2030. Elle estime aussi que le nombre de piles et batteries de lithium à recycler sera multiplié par 700 entre 2020 et 2040.
Enfin, mentionnons le stockage par pompage-turbinage et l’hydrogène vert au niveau européen qui peuvent tous les deux être encore grandement développés. L’hydrogène vert est un vecteur énergétique et un moyen de stockage d’énergie appelé à jouer, lui aussi, une part importante de la transition énergétique. Nous pouvons envisager sérieusement pour le futur des parcs de stockage d’énergie basés sur des entrepôts d’hydrogène. En ce qui concerne l’hydrogène, mon Administration est en train de finaliser le marché public lancé pour une obtenir une aide à la définition de la « stratégie hydrogène » du Gouvernement wallon.