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La vague de cas d'hépatite chez les enfants en Belgique

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 436 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 04/05/2022
    • de LEKANE Laure
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Ce que la communauté scientifique annonçait s'est confirmé ce samedi soir. Un premier cas de la mystérieuse hépatite qui touche la population infantile mondiale a été signalé en Belgique, selon l'Organisation mondiale de la Santé.

    Jusqu'à présent, au moins 169 cas d'hépatite aiguë ont été signalés dans le monde, dont 114 cas rien qu'au Royaume-Uni, suivi d'autres cas au Danemark, aux Pays-Bas et en Espagne.

    L'origine de la maladie est toujours inconnue, il ne s'agit en tout cas pas des hépatites classiques (de A à E) et la piste d'un adénovirus n'est pas exclue. Le cas en Belgique est bien un cas de maladie hépatique aiguë chez un enfant qui est similaire aux cas observés au Royaume-Uni.

    L'Institut de santé Sciensano alerte qu'il ne faut pas sous-estimer la virulence de cette nouvelle forme d'hépatite. Les cas continueront à se multiplier et plusieurs enfants belges pourraient être infectés dans les prochaines semaines.

    Ainsi Madame la Ministre peut-elle nous dire :

    Comment compte-t-elle agir à présent pour protéger les enfants de notre pays face à cette vague d'hépatite ? Des mesures suffisantes ont-elles été prises dans le passé ?

    Quand va-t-elle prendre contact avec les autres pays confrontés à cette vague ?

    Comment compte-t-elle mettre en place une coordination avec le niveau fédéral ou régional flamand ?

    Des recherches pertinentes ont-elles été menées sur ce type de maladie et d'adénovirus et, le cas échéant, va-t-elle les impulser ?
  • Réponse du 16/05/2022
    • de MORREALE Christie
    Selon le dernier rapport de l’ECDC, au 20 avril 2022, 111 cas ont été signalés au Royaume-Uni et, au 27 avril 2022, environ 55 cas probables et confirmés ont été signalés dans 12 pays de l’Union européenne, dont 2 en Belgique depuis février. Douze autres cas ont été signalés aux États-Unis, 12 en Israël et 1 au Japon.

    Jusqu'à présent, la plupart des patients pour lesquels des informations sont disponibles se sont rétablis, mais un certain nombre d'entre eux ont évolué vers une insuffisance hépatique aiguë et ont dû subir une transplantation du foie.

    Des enquêtes épidémiologiques et de laboratoire détaillées sur les cas sont toujours en cours pour aider à déterminer la cause sous-jacente. Les cas ont été testés pour une série de causes infectieuses différentes, et les agents pathogènes les plus fréquemment trouvés étaient l'adénovirus et le SRAS-CoV-2. En Angleterre et en Écosse, 75,5 % et 50 % des cas respectivement ont été testés positifs pour l'adénovirus. Les informations sur les tests effectués sur les cas en Europe sont incomplètes, mais parmi les cas signalés, 10 ont été testés positifs pour l'adénovirus.

    Les premières enquêtes épidémiologiques sur les cas du Royaume-Uni, basées sur des questionnaires épidémiologiques de Tracing, n’ont pas permis d'identifier une exposition commune à un facteur de risque précis (y compris les aliments, les médicaments ou les toxines). L'analyse toxicologique des échantillons recueillis auprès des cas dans le cadre de l'enquête britannique est en cours. Bien que des liens épidémiologiques aient été signalés dans l'enquête écossaise pour deux paires de cas, aucun autre cluster de cas n'a été signalé. Dans tous les pays déclarants, la majorité des cas à ce jour n'avaient pas d'antécédents médicaux importants.

    Sur la base de ces enquêtes, l'hypothèse principale actuelle est qu'un cofacteur affectant les jeunes enfants ayant une infection à adénovirus, qui serait bénigne dans des circonstances normales, déclenche une infection plus grave ou une atteinte hépatique à médiation immunitaire. D'autres étiologies (par exemple, d'autres agents infectieux ou toxiques) sont encore à l'étude et n'ont pas été exclues, mais sont considérées comme moins plausibles. La pathogénie de la maladie et les voies de transmission sont également encore inconnues.

    La maladie est assez rare et les preuves de la transmission interhumaine ne sont pas claires. Par conséquent, le risque pour les enfants en Europe ne peut être évalué à ce stade avec précision.

    L’ECDC a rappelé à l’ensemble des pays membres de l’Union européenne qu’il était essentiel d'établir dès que possible une surveillance au niveau national afin de recueillir des informations épidémiologiques, cliniques, virologiques et autres, y compris des analyses toxicologiques, détaillées sur les cas.

    Au niveau de la Belgique, c’est le Risk Management Group qui est en charge du suivi et de la coordination des actions face à cette épidémie. La définition des cas a été fixée et un questionnaire pour récolter les données nécessaires à la compréhension de la situation et à l’enquête sur la cause a été fixé pour l’ensemble des entités fédérées.

    Par ailleurs, le RMG a envoyé un courrier à tous les cercles de médecine générale et groupements de médecins afin de rappeler l’importance de déclarer les cas sur base du questionnaire mis à disposition sur le dispositif de déclaration obligatoire.

    En Région wallonne, c’est la cellule de surveillance des maladies infectieuses via le système de déclaration MATRA mis à disposition des médecins qui est en charge du suivi de la situation et des cas potentiels.

    À ce stade, il n’y a pas encore de CIM Santé publique spécifique prévue, mais le RMG y fait un point de la situation. La surveillance est active et l’ensemble des acteurs scientifiques et administrations de santé publiques se mobilisent afin de trouver la cause et prévenir d’une épidémie de plus grande ampleur.