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La modification de l’humidité des sols

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 551 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 10/05/2022
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Selon plusieurs scientifiques, la sixième limite planétaire sur neuf vient d'être franchie et concerne le cycle de l'eau et plus particulièrement l'eau verte, celle qui est absorbée par les végétaux !

    Les chercheurs estiment que l'on se préoccupe insuffisamment de l'eau verte et en particulier de l'humidité du sol pour assurer la résilience de la biosphère, pour sécuriser les puits de carbone terrestres et pour réguler la circulation atmosphérique !

    Si l'Amazonie est à un point de basculement où des grandes parties pourraient passer de la forêt tropicale à des états de type savane, le phénomène est mondial, l'humidité des sols change et des sols anormalement humides et secs sont de plus en plus courants !

    Madame la Ministre peut-elle faire le point sur la situation du territoire wallon et les dangers climatiques qui y sont liés ? La situation est-elle uniforme ou certaines parcelles de la Wallonie sont-elles plus impactées ? Lesquelles ?

    Comment la situation est-elle abordée, analysée et suivie en Wallonie ? Quels sont les organismes impliqués ?

    Quels sont les coûts engagés, les solutions et remèdes suivis et les résultats obtenus ?

    Quelle est sa politique et quelles sont les décisions prises par le Gouvernement ?
  • Réponse du 28/07/2022
    • de TELLIER Céline
    La problématique de l’eau verte, c’est-à-dire l’eau intervenant dans le cycle de croissance des végétaux et dont l’étape de sa rétention dans le sol est cruciale, est assez complexe et dépendante de nombreux paramètres qui influencent le climat et sont influencés par celui-ci.

    Les dérèglements climatiques et particulièrement les manques de pluies pendant des périodes de plus en plus longues avec des épisodes de plus en plus fréquents, sont les premiers facteurs de risques pour la modification de l’humidité des sols. Les dangers climatiques sont nombreux et nous devons agir au plus vite pour atténuer leurs effets et nous adapter aux conséquences de ces changements en cours, notamment dans le cadre de l’humidité des sols.

    Au niveau de l’amélioration de l’état de la connaissance liée à l’humidité des sols, une étude de faisabilité pour déterminer l’humidité des sols en Wallonie a été confiée à l’Institut scientifique de Service public (ISSeP) par le SPW ARNE. Elle devrait aboutir à la conception d’un outil d’aide à la décision pour l’agriculteur, à l’instar des données agrométéorologiques figurant sur le nouveau portail Agromet. De plus, l’amélioration actuelle du temps de traitement des images satellitaires et la naissance il y a peu du réseau Agromet sont des avancées qui permettront à terme de disposer d’outils plus précis pour améliorer la connaissance « quasiment en temps réel » de l’humidité des sols.

    À l’heure actuelle, nous savons que la situation de l’humidité des sols wallons est très variable selon la nature et la qualité des sols ainsi que de la nature des activités agricoles, forestières ou urbaines qui y sont pratiquées.

    La Carte des Sols est un outil qui permet d’envisager une approche différenciée de la gestion de l’eau du sol en fonction des caractéristiques cartographiées. A ce stade, l’humidité de sols n’est cependant pas encore cartographiée à l’échelle régionale. On peut toutefois exploiter utilement cette carte car les parcelles agricoles qui ont une bonne structure ou qui ont une teneur en matière organique plus élevée souffriront moins vite de sécheresse.

    Étant donné l’importance de la matière organique dans la rétention de l’eau dans les terres cultivées, il faut donc préconiser les pratiques agroécologiques qui visent à augmenter sensiblement le taux de carbone et donc la quantité de matière organique des sols. Ces pratiques sont entre autres la couverture longue des sols, l’incorporation des prairies temporaires dans les rotations, le travail simplifié du sol, l’apport de matière organique plus ou moins riche en carbone, l’agroforesterie...

    Concernant l’agroforesterie (haies, bosquets, arbres en champs, arbres isolés…) plus particulièrement, cette pratique culturale favorise largement la résilience des parcelles. Les effets de l’agroforesterie sont nombreux et on peut citer :
    • la séquestration du carbone de l’atmosphère pour le restituer au sol ;
    • le développement de la matière organique du sol et la participation au développement de la vie du sol ;
    • la création de microclimats régulateurs (vent, ombre, évapotranspiration…) ;
    • la fourniture du fourrage et un abri pour le bétail ;
    • l’émergence et le développement de la biodiversité fonctionnelle ;
    • la réduction de l’érosion des sols.

    L’action du Gouvernement est multiple pour intervenir sur cette problématique complexe d’humidité des sols.

    Au travers du projet « Yes we plant » et de ses différentes actions favorisant l’implantation de haies et d’arbres notamment en agriculture, le gouvernement s’est inscrit sur une voie permettant d’atténuer les effets du changement climatique à l’échelle locale, notamment en préservant ainsi l’humidité des sols aux abords de ces plantations.

    Les pratiques agricoles ont un rôle important à jouer, je l’ai déjà souligné concernant l’agroforesterie et le projet « Yes we plant ».

    J’encourage également les pratiques culturales qui augmentent la matière organique des sols (agriculture de conservation, interculture longue, réduction des cultures fortement exportatrice de matière organique, retour de matières organiques au sol…), des pratiques qui utilisent des espèces ou des variétés peu sensibles aux manques d’eau, des pratiques qui développent le maillage écologique. Pour le surplus, je renvoie l’honorable membre vers mon collègue en charge de l’Agriculture.

    Dans mes domaines de compétences, la création de mares, de zones humides ou encore de prairies extensives inondables est à mettre en lien avec la conservation de l’humidité des sols. Par exemple, une subvention a été accordée à Natagora pour le creusement de mares.

    Le développement de la forêt résiliente est aussi une voie pour lutter contre les sécheresses ainsi que la végétalisation des villes (arbres, arbustes, herbacées).

    Tous ces points sont pris en compte dans les différentes actions ambitieuses du Gouvernement au travers du Plan de relance de la Wallonie. Je citerai pour exemples l’appel à projets « Parcs en milieu urbain », le plan de transition environnementale de l’agriculture où l’agroécologie y occupe une place centrale, ou encore la volonté de limiter les surfaces imperméabilisées et favoriser l’infiltration des eaux pluviales afin de limiter la sécheresse des sols.