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La pollution des eaux par les huiles alimentaires

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 552 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 10/05/2022
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Il y a quelques années jeter ses huiles usagées de friture dans son évier de cuisine ou dans un égout ne choquait personne. Grâce à de larges campagnes d'informations et de sensibilisation, ce geste nocif a quasiment disparu. Comme les restaurateurs, nos concitoyens collectent désormais leurs huiles usagées pour les amener au recyparc.

    Mais hélas, la contamination des eaux usées par les huiles alimentaires ne se limite pas aux huiles de friture. Vider le fond d'une poêle ou l'huile d'une boite de thon dans l'évier de cuisine est un geste que tout le monde fait. Il est vrai qu'il ne s'agit que de quelques millilitres, mais multiplié par le nombre de personnes qui le font, soit une grande majorité, cela change la donne. Ces huiles nuisent fortement à la qualité des eaux et des sols et menacent la biodiversité. Elles constituent l'une des premières causes de pollution. Elles créent des engorgements, et de mauvaises odeurs en asphyxiant les bactéries chargées d'épurer l'eau. L'eau et l'huile n'étant pas miscibles, cela engendre des micro-organismes nocifs pour la santé qui augmentent les coûts d'entretien des réseaux d'assainissement et des stations d'épuration. Une pellicule nocive se forme et l'oxygène ne parvient plus à pénétrer l'eau.

    Madame la Ministre pourrait-elle nous informer si des campagnes d'informations et de sensibilisation ont déjà eu lieu à ce sujet ou sont en cours ?

    La SWDE lui a-t-elle déjà fait part de problèmes relatifs à ces pratiques ?

    Retrouve-t-on encore beaucoup trop d'huiles alimentaires usagées dans les eaux usées ?

    Quel est le pourcentage d'huiles alimentaires récupérées au sein des déchetteries ?

    Évolue-t-il favorablement ?
  • Réponse du 28/07/2022
    • de TELLIER Céline
    La matière de l’assainissement des eaux usées ne fait pas partie des attributions de la SWDE, qui est un distributeur d’eau potable, mais bien de la SPGE, qui coordonne et finance le secteur de l’eau, et des Organismes d’assainissement agréés (OAA), qui exploitent les ouvrages d’épuration des eaux pour le compte de la SPGE.

    Comme l’honorable membre le fait remarquer, les huiles (alimentaires ou autres, d’ailleurs), sont une source de pollution des eaux. Les stations d’épuration collective sont équipées de prétraitements destinés à séparer les graisses et huiles des eaux, avant le traitement biologique. Ces prétraitements permettent généralement de traiter efficacement cette pollution. Cela n'écarte pas les occasionnels "points noirs". Lorsque ces problèmes perdurent, ils font l'objet par les OAA d'investigations et de concertations avec les responsables de la pollution, avant une interpellation, le cas échéant, du Département de la Police et des Contrôles du Service public de Wallonie, Agriculture, Ressources naturelles et Environnement.

    Les huiles et graisses de friture usagées (HGFU) sont soumises au mécanisme de la responsabilité élargie des producteurs (REP), qui impose aux producteurs de prendre en charge la collecte et la valorisation des huiles qu’ils mettent sur le marché, une fois que celles-ci sont devenues usagées. Pour satisfaire à leurs obligations, les producteurs ont fondé en 2004 l’organisme de gestion Valorfrit chargé d’assurer la gestion de ce flux à valeur positive (car utilisé dans la fabrication des biocarburants). Outre la centralisation des données, Valorfrit se charge de sensibiliser les consommateurs sur la bonne gestion de ce déchet, notamment par le biais de son site internet. Un organisme de gestion similaire pour les huiles usagées non alimentaires, Valorlub, a également été créé en 2004. La convention environnementale qui lie Valorlub à la Région (reconduite en février 2021) prévoit notamment un taux de collecte de minimum 90 % et un taux de traitement de minimum 60 %, qui sont tous deux respectés (le taux de recyclage atteint même 94 % du flux des huiles usagées collectées, qui représentent environ 19 000 tonnes/an en Wallonie)

    En ce qui concerne les quantités de HGFU, un peu plus de 6 000 tonnes sont collectées chaque année en Wallonie (2 000 tonnes d’origine ménagère et 4 000 tonnes d’origine professionnelle). Bien qu’il y ait de légères fluctuations d’une année à l’autre, la collecte reste globalement stable. La majorité des HGFU ménagères sont collectées par le biais des recyparcs, mais une petite fraction de ce flux (10 %) est également collectée via les bulles présentes à l’entrée de certains supermarchés.

    En termes d’actions de communication et de sensibilisation, la campagne « Ici commence la mer », portée par la SPGE, a bénéficié d’un subside de la Ministre de l’Environnement, vers les contrats de rivière (CR), pour une campagne télévisée et radio. Le spot est bref et se concentre sur les gestes symboliques : mégot ou déchet en rue, lingettes dans les toilettes, huile de friture dans nos éviers. Avec l’utilisation de ces symboles, les bons gestes sont rappelés. Ces symboles feront encore l’objet de points d’ancrage pour des publications plus détaillées sur les réseaux sociaux, dont une sur les huiles alimentaires. Le message sera par exemple : « l’huile de friture, oui, c’est évident maintenant, mais avez-vous pensé à reproduire le bon geste pour vos huiles de boite de conserve type thon, fruits confits et tomates séchées… ? ».

    La collaboration sectorielle entre les CR et les OAA permettra une diffusion multipliée par tous ces acteurs sur leurs propres canaux.

    Toujours au niveau du secteur de l’eau, citons également la participation de la SWDE aux démarches d’information et d’éducation, comme les classes d’eau et le dossier pédagogique fourni aux enseignants. Il y est appris que les toilettes, les éviers et les égouts ne sont pas des poubelles.

    Enfin, les OAA réalisent des campagnes sur leur propre réseau, parfois en adéquation avec le rôle de gestionnaire de recyparcs exercé par certains (un exemple récent : InBW et sa campagne Facebook).