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La stratégie wallonne pour garantir l'approvisionnement en sable de l'économie wallonne

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 635 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 13/05/2022
    • de ANTOINE André
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Le sable est la 2e ressource la plus utilisée sur terre avant même le pétrole ! Il sert dans plus de 200 produits allant de la fabrication de microprocesseurs à la filtration de l'eau en passant par le verre, le dentifrice, les détergents, le papier et surtout la fabrication du béton.

    C'est évidemment le domaine de la construction qui est le plus grand utilisateur de sable puisqu'il faut presque la moitié de sable dans le mélange sable/ciment/granulat/eau pour obtenir du béton.

    En Belgique, la consommation de sable s'élève à 4 millions de m³ dont 1,5 million pour la maintenance des plages et 2,5 millions pour la construction. Malheureusement, le sable, une fois dans le béton ou le bitume, n'est pas récupérable. Ce n'est donc une ressource ni recyclable ni renouvelable !

    Dans les années 80, il y avait au bas mot 80 sablières. Aujourd'hui, il n'y en a plus que 5 dont 3 en BW. L'exploitation de Mont-St-Guibert a récemment reçu une extension de 47 hectares, ce qui nous donnera une pérennité de 25 ans encore d'exploitation selon Vincent Peetroons, directeur des Sablières de Mont-Saint-Guibert.

    Quelle est l’analyse de Monsieur le Ministre de la situation de l'exploitation du sable en Wallonie ? Disposons-nous de suffisamment de ressources locales ?

    Dès lors que le sable est primordial, que comptez-vous mettre en place afin d'assurer des conditions d'exploitation compatibles avec une gestion optimale des ressources ?

    Dispose-t-il d'un inventaire des sites d'exploitation potentielle ?

    Est-il saisi de nouvelles demandes d'extension de sablière ? Si oui, pour quelles capacités ?

    Quelle stratégie régionale compte-t-il développer pour assurer notre autosuffisance et éviter un charroi excessif de camions venus de l'étranger ?
  • Réponse du 09/06/2022
    • de BORSUS Willy
    Le secteur de l’industrie extractive (de ressources primaires) en Wallonie revêt une grande importance sous l’angle de mes compétences tant en matière d’économie qu’en matière d’aménagement du territoire. La connaissance de notre sous-sol et des ressources dont il est constitué est donc un enjeu. En ce qui concerne la ressource elle-même, je me permets de renvoyer l’honorable membre vers ma collègue, Ministre de l’Environnement, en charge de la politique des sols et du sous-sol.

    Le secteur du sable est effectivement particulier à plus d’un titre : si sa consommation est importante et diversifiée, sa ressource est fortement contrainte par notre développement territorial notamment au niveau des sables bruxelliens en Province du Brabant-wallon ou au niveau des sables jurassiques en Lorraine belge. Sa valeur relativement faible en fait également une ressource exploitée et transformée localement dont le prix de revient est majoritairement fonction des coûts de transport.

    En ce qui concerne les exploitations de la ressource, plusieurs inventaires ont été réalisés tels que l’étude Poty de 2001 ou la base de données INCITEC de 2006. En 2006-2007 la Conférence permanente du développement territorial établissait à la demande du Gouvernement wallon une expertise concernant les enjeux liés aux zones d’extraction. Celle-ci, repartant des inventaires existants sur la ressource et présentant une estimation des besoins sur la base d’entretiens avec les principaux producteurs et consommateurs de produits issus de l’industrie extractive établissait les réflexions stratégiques à mener pour le long terme.

    En 2011, la FEDIEX a réalisé une étude sur le secteur du sable en Brabant wallon qui précise et corrobore les atouts, faiblesses, opportunités et menaces autour du secteur du sable.

    En 2013, sur la base des différents chiffres établis, les besoins en sable de construction pour la Wallonie avaient été estimés à 6,7 millions de tonnes par an alors que la production wallonne était de 6,5 millions de tonnes par an. Au-delà des facteurs économiques tels que les coûts de transport influençant les exportations et importations, on estimait que la Wallonie était donc quasi autonome en sable de construction.

    La Conférence permanente du développement territorial s’est à nouveau penchée sur le sujet, en 2017, en visant à asseoir le volet socio-économique des décisions ministérielles relatives aux révisions de plans de secteur touchant les zones d’extraction.

    Depuis ces constats, la situation a évolué favorablement d’un point de vue administratif avec, au fur et à mesure du renforcement bien nécessaire de la direction en charge de ces dossiers au sein de l’administration, la finalisation de plusieurs dossiers de révision de plan de secteur notamment dans le secteur du sable. Ainsi, en 2017, le Gouvernement wallon a finalisé l’inscription d’une quatrième phase d’exploitation pour la sablière de Mont-Saint-Guibert et d’une zone d’extraction à Chaumont-Gistoux et, plus récemment, l’extension d’une sablière à Saint-Léger en Province de Luxembourg est entrée en vigueur en 2022.

    En ce qui concerne les dossiers en cours d’instruction, notons qu’une révision est en cours à Tontelange (Attert-Arlon) pour l’extension d’une exploitation de sable de construction.

    La politique de veille et de réponse aux besoins avérés du secteur lors de la révision du plan de secteur me semble donc concourir à une gestion planologique de l’exploitation de nos ressources et, en définitive, d’optimisation spatiale au regard de l’ensemble des besoins auxquels répond notre territoire et en particulier notre sous-sol.

    À cela s’ajoute ma volonté d’actualiser notre stratégie territoriale au travers du schéma de développement du territoire dans lequel deux objectifs spécifiques visent le développement des filières économiques en relation directe avec nos ressources :
    - « Inscrire l’économie wallonne […] dans l’économie de proximité et (re)former sur son territoire les chaines de transformation génératrices d’emploi » et
    - « Anticiper les besoins économiques dans une perspective de développement durable et de gestion parcimonieuse du sol ».

    L’actualisation du SDT est en cours d’élaboration et veillera bien entendu à un développement durable du territoire et des activités qui y sont intimement liés.