/

Les investissements wallons dans NewB

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 636 (2021-2022) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 13/05/2022
    • de SCHYNS Marie-Martine
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Selon une information du journal L'Écho publiée le 10 mai dernier, la banque coopérative NewB, dans laquelle la Wallonie a pris part, est à nouveau à la recherche d'argent frais. NewB aurait en effet besoin de 40 millions d'euros pour développer son activité de crédit dans les quatre prochaines années.

    Pour rappel, NewB a obtenu sa licence bancaire en 2020. La banque compte aujourd'hui environ 20 000 clients et elle propose un accès à des comptes bancaires de débit et d'épargne, ainsi qu'un fonds d'investissement dans des projets durables. Elle propose également des prêts verts pour les particuliers.

    Cependant, aujourd'hui, NewB souhaite développer son activité de crédit aux particuliers et étoffer son offre. Pour financer ses ambitions, NewB a besoin de cash. Lors de ses précédentes opérations de financement, NewB s'était tourné principalement vers les particuliers. Jusqu'à présent, ces derniers ont injecté environ 70 % du capital levé par la société.

    Cependant, des prêteurs institutionnels, telle que la Wallonie, avaient également mis des moyens dans cette initiative coopérative. Et pour cette nouvelle levée de fonds, NewB s'adresse aux investisseurs institutionnels, tant privés que publics.

    Les 11 investisseurs institutionnels qui ont déjà participé aux précédentes opérations sont à nouveau sollicités. Mais d'autres acteurs sont également approchés.

    Monsieur le Ministre pourrait-il nous rappeler les moyens déjà injectés dans NewB par la Wallonie ?

    Entend-il augmenter la part du capital wallon ?

    Quels retours a-t-il des premiers mois de fonctionnement de la banque coopérative ?

    Les objectifs poursuivis par la Wallonie dans son investissement de départ sont-ils rencontrés ?

    Le mode coopératif le séduit-il et pourrait-il amener la Wallonie à de nouveaux investissements du même type ?
  • Réponse du 09/06/2022
    • de BORSUS Willy
    Pour rappel, la SRIW avait, à l’époque, procédé à l’analyse du dossier relatif à la SCRL NewB. Cependant, le Conseil d’administration n’avait alors pas souhaité poursuivre l’examen du dossier et par conséquent avait décidé de ne pas répondre favorablement à la demande, estimant que celui-ci présentait plusieurs faiblesses en termes économiques et financiers.

    Le Gouvernement wallon, en sa séance du 21 novembre 2019, avait alors sollicité un avis d’urgence à la Sowescom (désormais W.Alter) sur un éventuel financement de NewB. La Sowescom rejoignait l’analyse économique et financière de la SRIW, mais estimait que le projet pourrait s’inscrire dans le cadre de ses missions déléguées, la SCRL NewB s’inscrivant dans le cadre de l’économie sociale visé par l’article 3 de ses statuts.

    Sur la base de l’avis de la Sowescom, le Gouvernement wallon a alors finalement décidé d’accepter de soutenir l’élan citoyen dans le cadre de cette levée de fonds et ainsi de participer au financement de NewB et partant, de confier à la Sowescom une mission déléguée dans ce cadre.

    En date du 26 novembre 2019, le Gouvernement a décidé de confier à W.Alter, la mission déléguée de prendre, au nom et pour compte de la Région, une participation au capital de la société NewB à concurrence d’un montant maximum de 1M€. Il s’agissait d’une prise de participation de 400 000 euros dans un premier temps ; une somme complémentaire de 600.000€ pouvant par ailleurs être dégagée au profit du dossier dans le cas où NewB ne parvenait pas à atteindre l’objectif de 30M€ au 27 novembre et si cette somme permettait d’atteindre cet objectif.

    Un montant de 400 000 euros a finalement été libéré. NewB ayant pu atteindre son objectif de levée de fonds, le solde de 600 000 euros n’a pas été activé.

    Conformément à la recommandation émise par la SOWECSOM (W.Alter), il convient de préciser que, par cette participation, le Gouvernement a soutenu l’élan citoyen qui s’incarnait dans cette levée de fonds, ce qui n’impliquait pas de sa part de validation du Business model.

    Cette prise de participation était par ailleurs soumise à la condition suspensive de la réalisation des conditions fixées par les autorités de contrôle bancaire pour la réalisation du projet de banque développé par NewB. La levée de fonds était en effet réalisée avant la décision d’octroi éventuel de l’agrément en tant qu’établissement de crédit.

    Il en résultait que le Gouvernement wallon, en décidant de soutenir l’initiative citoyenne, ne validait pas pour autant l’opportunité de l’opération, pas plus que la viabilité du projet présenté par NewB.

    NewB a en effet annoncé le lancement d'une nouvelle récolte de fonds de 40 millions d'euros pour développer son activité de crédit. Cette augmentation de capitaux supplémentaires apparaît en fait comme une exigence de la Banque Nationale.

    Sans vouloir préempter d’une décision future du Gouvernement sur la question, je voudrais cependant porter à l’attention de l’honorable membre plusieurs éléments, qui sont de nature à faire que mon avis est très réservé.

    On apprenait dans L’Écho du 19 mai dernier que l'assureur Monceau, le plus grand investisseur de NewB, et 3 autres investisseurs institutionnels (ULB, ONG Financité et la Fondation pour les générations futures) ont déjà annoncé ne pas participer pas à l'augmentation de capital de la banque NewB.

    Le CEO de Monceau, Gilles Dupin, s’est dit déçu des résultats de la vente de ses produits d'assurance, qui n'ont attiré que 3.700 clients en trois ans et indiquait « Une part de marché ridicule au regard des efforts déployés et qui soulève des questions sur la motivation des dirigeants de NewB ».

    Se pose en effet clairement la question du modèle économique proposé par NewB et qui renvoie aux questionnements soulevés par la SRIW en 2019 que j’évoquais plus avant.

    À la mi-mai, NewB comptait 16 767 clients actifs (sur un total de 21 202), soit assez loin de l'objectif de 50 000 mentionné pour la fin de l'année 2021, alors que NewB doit atteindre d’ici 2026, les 118 500 clients indispensables.

    En cas d'échec, la Banque Nationale imposera des mesures de redressement. Une liquidation forcée pourrait être demandée deux ans à peine après l'attribution de la licence. NewB tient compte de la possibilité que le plan de sortie soit activé et que la licence soit révoquée dans son rapport d’activités.

    Par ailleurs, le réviseur amené à auditer les comptes de la société a émis un avis négatif sur la continuité de l'entreprise, ceux-ci se sont clôturés avec une perte de neuf millions d'euros. Il a estimé que les chances de succès de l'augmentation de capital semblaient à ce moment-là « insuffisantes » pour « assurer la continuité des opérations ».

    Enfin, on notera que le départ successif du CEO de NewB en 2020 et du directeur financier en 2021 n’est pas de nature à rassurer quant à la stabilité de la banque.