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L'utilisation des meubles de vente frigorifiques sans porte dans les grandes surfaces

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 756 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 13/05/2022
    • de TZANETATOS Nicolas
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    On le sait, la bonne utilisation de l'énergie est un enjeu essentiel afin d'arriver aux objectifs environnementaux. La performance énergétique des bâtiments et des appareils est devenue une préoccupation majeure pour chacun.

    Pourtant, malgré ces efforts, des aberrations subsistent encore. C'est le cas lorsque nous faisons nos courses. En effet, dans de nombreuses grandes surfaces sont encore utilisés les meubles de vente frigorifiques sans porte afin de rendre les denrées plus attrayantes. Or, cette pratique de marketing pose question sur le gaspillage énergétique qu'elle entraîne.

    Quels contacts Monsieur le Ministre prend-il avec le secteur de la grande distribution afin de réduire l'impact environnemental de cette dernière ?

    Que fait-il afin de diminuer l'utilisation des meubles de vente frigorifiques sans portes dans les grandes surfaces ?
  • Réponse du 16/06/2022
    • de HENRY Philippe
    Je rejoins tout à fait l’honorable membre, l’optimisation de nos besoins énergétiques est effectivement un enjeu essentiel pour atteindre nos objectifs environnementaux. Et pour y arriver, tous doivent y participer. Avec la hausse des prix, les actions comportementales anti-gaspillage dans notre vie de tous les jours deviennent des plus évidentes et des plus efficientes, tant pour les citoyens que pour les entreprises.

    Représentant un tiers de la consommation d’énergie du secteur tertiaire, les activités commerciales sont donc bien concernées, et la grande distribution en particulier. Selon le bilan énergétique wallon 2019, la consommation électrique des supermarchés est de 2 à 3 fois supérieure à leur consommation de combustible et mérite donc toute l’attention. Il convient cependant de noter que depuis 2005, cette consommation d’électricité a déjà été réduite de près de 40 %.

    Les causes principales en sont les progrès réalisés sur l’éclairage qui représente 40 % de la consommation électrique des commerces ainsi que, comme il le souligne, l’introduction de frigos plus efficients. Le froid couvrant 16 % de la consommation électrique des commerces.

    L’intérêt des portes sur les frigos de la grande distribution s’est généralisé ces 10 dernières années. Les craintes initiales concernant une perte d’attractivité pour les clients ont été compensées par la disparition de l’effet « allée froide désagréable » qui allait de pair avec ces pertes. Il n’existe à ma connaissance aucune étude comparative des consommations relatives entre frigos avec portes ou frigos ouverts, dont certains peuvent être fort performants également grâce à un rideau d’air.

    La porte présente certains avantages et inconvénients, le rideau d’air également. La performance de l’un comme l’autre peut cependant trop facilement être réduite, par un obstacle dans le frigo pour le rideau d’air ou par des ouvertures trop fréquentes des portes entraînant chaque fois d’importantes déperditions.

    Quoi qu’il en soit, il est évident qu’en dehors des heures d’ouverture du magasin, les portes qui restent fermées font réaliser de réelles économies. Et force est également de constater que les évaporateurs des meubles avec portes sont désormais plus petits, ce qui correspond à une puissance installée moindre, et donc très probablement une consommation réduite.

    Il faut cependant nuancer le propos, la présence d’un frigo sans porte dans un grand magasin n’est pas forcément synonyme d’inefficience. En effet, ces portes sur les frigos ne sont que l’élément directement visible pour le client, il y a d’autres gains en efficacité énergétique parfois bien plus importants encore à réaliser en travaillant non pas sur l’armoire frigo, mais bien sur l’ensemble du groupe de froid qui alimente ce frigo.

    Ainsi, le remplacement des anciens gaz fluorés par un système à l’ammoniaque permet d’économiser jusqu’à 50 % de la consommation de départ. Le travail sur l’entretien du groupe de froid, sur la régulation de température jour/nuit voire le stockage de froid la nuit, ainsi que sur la régulation de la ventilation et des groupes de pulsion permet d’encore gagner quelques points de rendement. Et si l’on couple tout ceci avec de la récupération de chaleur pour chauffer le bâtiment et des pompes à chaleur et du photovoltaïque, il est possible de mener nos supermarchés vers la voie d’une décarbonation profonde de leur impact sur l’environnement.

    Ce qui est bien l’ambition du Gouvernement wallon : réduire notre impact CO2 de 55 % à l’horizon 2030 et décarboner la société à l’horizon 2050. Pour accompagner le secteur sur cette voie, il est d’ailleurs prévu d’étendre les accords volontaires aux entreprises commerciales et de la grande distribution qui le souhaitent. De premiers contacts en ce sens ont été établis.