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Le rapport d'Agoria concernant le potentiel de décarbonation des technologies numériques

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 757 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 13/05/2022
    • de MAROY Olivier
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Il y a deux semaines, Agoria, la Fédération des entreprises technologiques, a révélé les résultats de sa première étude concernant le potentiel de décarbonation des technologies numériques en Belgique. Selon Agoria, le numérique pourrait réduire de 10 % les émissions belges de CO2.

    Ce rapport intitulé « Digital4Climate » tente donc de mettre en lumière les réductions d'émissions de CO2 possibles grâce au déploiement de solutions numériques dans les secteurs les plus émetteurs de carbone en Belgique. Quatre secteurs sont particulièrement visés : l'industrie, le bâtiment, l'énergie et la mobilité.

    Cependant, il ne faut pas nier l'empreinte environnementale du numérique lui-même : épuisement des ressources, effet rebond lié à une plus grande consommation, production de déchets générés par les technologies, et cetera. Toutefois, selon Agoria, la réduction des émissions de carbone rendue possible par le numérique serait environ cinq fois plus importante que l'empreinte numérique totale d'ici 2030.

    Quels constats et quelles mesures tirMonsieur le Ministre tire-t-il de l'analyse d'Agoria concernant le potentiel de décarbonation des technologies numériques ?

    Va-t-il favoriser, dans le cadre de ses compétences, le développement des solutions numériques ou plaide-t-il plutôt pour une forme de sobriété digitale ?
  • Réponse du 13/09/2022
    • de HENRY Philippe
    Le rapport d’Agoria « digital4climate » est très intéressant et instructif à plus d’un titre. Il recèle notamment des chiffres étayés et des recommandations en termes de technologies et solutions numériques pour différents secteurs.

    Ce rapport met en évidence le potentiel des technologies numériques à contribuer à apporter une réponse au défi climatique, en plus de leur apport à la prospérité économique.

    Je note cependant que les coûts de mise en œuvre de ces technologies ne sont pas directement abordés et que l’étude précise que le modèle économique « reste un défi, mais deviendra viable en supposant que les coûts externes des émissions de GES seront internalisés ».

    L’étude souligne par ailleurs que les effets rebonds sont très difficiles à estimer et n’ont pas été évalués. Il ne faudrait donc effectivement pas, d’un point de vue environnemental, que ceux-ci entraînent plus d’émissions que ce que ces technologies numériques permettraient de diminuer par ailleurs.

    L’étude se veut conservative et optimiste sur ce point, en considérant que les optimisations d’efficacité énergétique vont compenser la croissance attendue de la demande.

    Ceci étant, l'amélioration de l'efficacité de production des équipements permet par exemple une baisse de leur prix et pourrait avoir comme conséquence d’augmenter les usages des TIC et donc leur consommation d’énergie.

    À cet égard, je rappelle qu’une brève analyse exploratoire, réalisée en 2020 par CLIMACT à la demande de l’administration, notait que la consommation électrique wallonne actuelle liée à l’usage des TIC est de l’ordre de 1,3 TWh, soit l’équivalent de la consommation électrique de 325 000 ménages et, parmi ces 1,3 TWh, la consommation liée aux seuls réseaux mobiles a été évaluée à environ 400 GWh.

    La consommation d’électricité des TIC pourrait tripler d’ici 2030 selon un scénario tendanciel. Les émissions de GES associées pourraient, elles, tripler, voire quintupler.

    Dès lors, même si je reconnais pleinement le potentiel de la digitalisation par rapport à la réduction de nos émissions, il convient de veiller, dans tous les cas, à limiter la croissance de la consommation d’électricité liée aux technologies numériques.

    Par exemple, j’estime nécessaire que des mesures soient prises afin d’informer les usagers par rapport à une optimisation de leur consommation d’appareils numériques.

    Enfin, des mesures à caractère normatif pourraient être mises en place afin de contrebalancer certains effets pervers que pourrait prendre la digitalisation.