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L'étude sur l'abattage à la ferme et le bien-être animal

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 563 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 16/05/2022
    • de PECRIAUX Sophie
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Avec son collègue en charge de l'agriculture, Madame la Ministre a commandé une étude relative à la concrétisation de l'abattage à la ferme en Wallonie. Les auteurs devaient étudier les aspects techniques, notamment les modalités d'abattage, mais aussi les aspects législatifs et économiques. Une consultation des acteurs du secteur devait également avoir lieu.

    Au vu de l'ampleur de la tâche, mais aussi de l'enjeu, les auteurs avaient demandé un report de leurs conclusions finales. Celles-ci étaient prévues pour mars 2022.

    Rappelons que ce mode d'abattage pourrait permettre de répondre à la fois à des préoccupations en matière de bien-être animal, mais également de développement des circuits courts alimentaires. Son développement est souhaité par un certain nombre d'éleveurs.

    A-t-elle pu prendre connaissance des résultats de cette étude ?

    Quelles sont ses conclusions en matière de bien-être animal ?

    En collaboration avec son collègue en charge de l'agriculture, une stratégie de développement de l'abattage à la ferme va-t-elle être envisagée et, dans l'affirmative, dans quels délais ? Quels sont les leviers législatifs qu'elle compte actionner pour y parvenir ?

    Par ailleurs, mais complémentairement, récemment, Elevéo, l'association wallonne des éleveurs, le Centre wallon de Recherches agronomiques et Gembloux Agro Bio Tech ont fait le point sur l'utilisation d'une technique novatrice pour mesurer le bien-être des vaches laitières. Cette technique se base sur l'analyse de la composition du lait, à l'aide de la spectrométrie dans le moyen infrarouge (MIR), pour prédire l'état de l'animal sur les questions spécifiquement liées à son bien-être. Par le biais de cet outil connecté, les éleveurs peuvent agir plus rapidement en faveur du bien-être de leurs vaches.

    A-t-elle l'intention de soutenir et généraliser ce projet, en vue d'améliorer le bien-être des animaux ?
  • Réponse du 16/06/2022
    • de TELLIER Céline
    L’étude sur l'abattage à la ferme s’est en effet terminée au début de cette année. Les résultats ont été communiqués au Comité d’accompagnement au mois de mars. Ils ont fait l’objet d’une restitution en avril dernier, à travers l’organisation d’un moment d’échange avec le secteur agricole et le monde académique. Le rapport est disponible sur le portail du bien-être animal.

    Les résultats de cette étude constituent une base précieuse pour la concrétisation de futurs projets d’abattage à la ferme. Je m’en réjouis, car il s’agit d’une volonté de nombreux éleveurs en Wallonie, depuis plusieurs années. Le développement de cette pratique peut s’avérer particulièrement intéressant pour pallier la disparition des petits abattoirs, tout en réduisant au maximum le transport et donc le stress des animaux.

    Techniquement, l’abattage à la ferme sous beaucoup de formes est réalisable. La tendance laisse penser que des technologies vont encore se développer dans un avenir proche.

    Socialement, l’idée d’abattre les animaux dans leur lieu de vie fait quasiment l’unanimité en Wallonie. Comme vous le soulignez, beaucoup d’éleveurs ont démontré leur intérêt pour une telle pratique, pour des raisons de bien-être animal. Au niveau des abattoirs wallons, certains ont marqué clairement leur intérêt, sans qu’il n’y ait d’opposition ou de crainte. Il s’agit ici d’un signal positif, contrairement à l’opposition qui a pu être observée dans d’autres pays. Cet aspect est particulièrement important, étant donné que les abattoirs constituent des partenaires potentiels importants pour la mise en place de cette pratique.

    D’un point de vue environnemental, certaines exigences régionales peuvent être contraignantes, mais ne sont pas insurmontables.

    D’un point de vue sanitaire, il a pu être prouvé dans les expériences passées qu’un animal abattu à la ferme pouvait produire une viande de qualité organoleptique et sanitaire au moins semblable à celle d’un animal abattu classiquement. Néanmoins, il semble que certains doutes persistent à cause d’un manque de données officielles sur les délais entre la saignée et l’éviscération, et leur conséquence sur la contamination microbiologique de la viande. Pour mieux aborder les aspects sanitaires en général, des discussions avec l’ASFCA sont nécessaires.

    D’un point de vue économique, toute forme d’abattage à la ferme engendre un surcoût par rapport au prix d’un abattage classique, qui se répercute donc au moins en partie sur le coût de la viande. Si ce surcoût est en pratique inenvisageable dans certains scénarii comme par exemple ceux impliquant le déplacement d’un abattoir mobile pour un très faible nombre d’ongulés, dans d’autres cas, son interprétation est subjective et doit être laissée à l’appréciation des éleveurs et des consommateurs. Par exemple, en ce qui concerne les bovins, selon certaines modalités, le coût supplémentaire par kilo de viande serait de l’ordre d’un euro.

    Les éleveurs de bovins ont d’ailleurs été particulièrement nombreux à manifester un grand intérêt pour ce mode d’abattage alternatif, en particulier les éleveurs en circuit court. Beaucoup sont prêts à assurer un certain surcoût de l’abattage, qui s’amortit en effet plus facilement au kilo de viande que chez les autres espèces.

    Différentes solutions existent ou sont à mettre en place afin de lever certains freins. Les discussions sont en cours en ce sens avec le Ministre de l’Agriculture, qui a co-financé l’étude, et l’administration. L’étude a notamment souligné la nécessité d’études pratiques complémentaires, « in situ », afin d’approfondir certains points, notamment d’ordre sanitaire et organisationnel. Dans ce cadre, la communication autour du rapport auprès du secteur, comme nous avons commencé à le faire, devrait être susceptible de susciter l’intérêt de potentiels porteurs de projets.

    Pour ce qui concerne l’étude d’Elévéo, elle suit son cours et les résultats finaux ne seront connus qu’au mois de décembre de cette année. Sur base des résultats, nous pourrons évaluer la pertinence du soutien à la technique utilisée.