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Les actions de prévention et de réduction des risque menées par la Wallonie dans le cadre de la lutte contre le viol et le recours au GHB

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 452 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 17/05/2022
    • de GALANT Jacqueline
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Deux récentes victimes, Laura et Jade, ont remis dans l'actualité la préoccupante lutte contre le viol et contre le recours aux drogues afin d'y parvenir.

    Les deux jeunes filles ont été droguées au GHB. Appelé communément drogue du viol, il produit de nombreux effets, allant de l'euphorie jusqu'au sommeil profond (comateux) ou à l'inconscience, en passant par la détente, la perte des inhibitions, l'intensification des perceptions, éventuellement un besoin de parler, de légers vertiges ou la somnolence.

    Il y a quelques semaines, dans un but de sensibiliser les gens sur la question, un faux site proposant du GHB à la vente avait été créé en France par l'association « Play Safe ». Le résultat de l'opération est très inquiétant : 10 000 personnes sont tombées dans le piège et ont tenté de passer commande.

    Afin de disposer de données précises sur la consommation de GHB en Belgique, un point a-t-il été abordé en CIM Santé afin que les enquêtes de santé relatives à la consommation de drogues intègrent des questions spécifiques à ce produit ?

    Pour ce qui concerne la prévention, des actions de communication et de sensibilisation ont-elles été menées par les soins de Madame la Ministre sur le GHB dans le cadre d'actions de prévention et de réduction de risques ?

    Les missions ou les objectifs des services chargés de la réduction des risques et de la prévention en matière d'assuétudes ont-ils été amendés en vue de toujours mieux repérer les nouveaux produits en circulation, dont le GHB ?
  • Réponse du 24/05/2022
    • de MORREALE Christie
    Le problème de la drogue du viol n’est hélas pas nouveau. On connait depuis des années l’utilisation perverse du GHB (xtc) ou du rohypnol (somnifère et sédatif), dans le but de faciliter les agressions et/ou les viols. La nature inodore et insipide de ces substances fait en sorte qu’il est impossible de savoir si quelque chose a été ajouté à la boisson.

    Seul éventuellement son goût salé peut attirer l’attention. Combinées à l’alcool, ces drogues sont extrêmement dangereuses et peuvent même conduire au coma.

    Actuellement, il semblerait que le phénomène soit en augmentation dans le monde entier. Il est difficile de savoir si cette augmentation est liée à la parole qui se libère grâce à des mouvements comme #metoo et #balancetonbar ou si l’augmentation est réelle. L’effet de la médiatisation de ces questions les met en évidence, mais il n’y a actuellement aucun recensement chiffré de la problématique.

    On sait, en revanche, selon le rapport annuel 2020 des Centres de Prise en charge des Violences Sexuelles (CPVS), qu’en Belgique, 91 % des 3 278 victimes prises en charge dans un CPVS entre 2017 et 2020 étaient des femmes. 9 % des victimes étaient des hommes. Les chiffres des CPVS montrent également que 91 % des auteurs étaient des hommes.

    L’âge moyen des victimes de violences sexuelles s’étant présentées dans un CPVS est de 25 ans et le groupe majoritaire (33 %) est composé de femmes âgées de 18 à 25 ans.

    Chez nous, le Plan intrafracophone de lutte contre les violences faites aux femmes 2020-2024 prévoit de pérenniser le financement et d’assurer les horaires de disponibilité de la ligne téléphonique de SOS Viol.

    Comme l’honorable membre le sait, ce plan fera l’objet d’une évaluation d’ici le mois de septembre 2022. Un rapport intermédiaire sera présenté au Parlement wallon dans le courant du dernier trimestre 2022.

    Au niveau fédéral, le plan d’action national de lutte contre les violences basées sur le genre, adopté en novembre 2021, prévoit quant à lui la création de 7 Centres supplémentaires de prise en charge des violences sexuelles CPVS d’ici 2024.

    Pour rappel, un CPVS permet à une victime de violences sexuelles d’obtenir une assistance médicale et psychologique gratuite et de porter plainte en un seul endroit, 24h/24 7J/7. L’objectif est que chaque victime trouve un centre à moins d’une heure de son domicile. Le succès du déploiement des CPVS dépendra de deux grands défis : les faire connaître du grand public, d’une part, et les articuler avec des lieux d’accueil et de soin de première ligne, d’autre part. Nous pensons, par exemple, aux cellules d’aide présentes sur les campus universitaires, aux centres de planning familial, aux Equipes SOS Enfants, aux lignes d’écoute, et cetera.

    À l’avenir, ces plans devraient contenir des mentions explicites de prévention des drogues du viol.

    Aussi et comme évoqué, l’ASBL Modus Vivendi, que nous soutenons, développe le projet de labélisation « Quality night ». En Wallonie, plusieurs lieux sont déjà labélisés Quality Night. À ce titre, Modus Vivendi a proposé l’année dernière une formation à destination des acteurs locaux sur les risques des violences sexuelles sous l’effet de drogue ou d’alcool. Une seconde formation devrait avoir lieu cette année.

    Les professionnels sont en demande d’outils et de conseils pour faire de leur lieu de fête un endroit sécurisé. Les protections de verre peuvent être utiles pour rassurer les clients, mais on ne sait pas si c’est un outil efficace.

    Le projet Quality Night fait partie du mouvement « Safe Ta Night » dont un des projets actuels est la recherche des personnes concernées par le harcèlement en milieu festif, afin de récolter leur témoignage. Modus Vivendi travaille avec le Plan SACHA, qui est une ASBL développant une expérience sur les violences sexistes et sexuelles dans les milieux festifs.

    Le label devrait évoluer vers une sensibilisation et une mise à disposition d’outils pour tous les acteurs wallons des milieux festifs.

    La prévention doit clairement être encouragée sur ce sujet. Il faut sensibiliser tout le monde à l’importance de surveiller son verre, de ne pas accepter de boissons d’un inconnu ou qui ne viendrait pas directement du bar et surtout, la surveillance entre les pairs est une clé importante. De manière générale, c’est un travail de long terme contre cette culture ancrée de violence en toute impunité. Le GHB est une face de la problématique.