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La Conférence mondiale sur la biodiversité

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 576 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 17/05/2022
    • de DESQUESNES François
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Moins connue du grand public, la Conférence des parties sur la biodiversité (COP15) n'en est pas moins toute aussi importante que celle sur le climat. Les enjeux sont colossaux, mais semblent paradoxalement bénéficier de moins d'engouement et d'implication des différents États. Même sa tenue, en raison notamment du Covid, est incertaine en Chine avec déjà 4 reports. Il s'agit pourtant de fixer un cadre pour enrayer l'érosion de la biodiversité mondiale d'ici 2030 et le pays hôte représente un facilitateur des négociations et coalitions.

    Une première session de négociations visait à développer un projet de cadre mondial, mais recueille pour l'instant bon nombre de réticences provenant des différents États. Du reste, aucun pays ne s'est érigé comme leader pour la protection de la biodiversité, notamment dans la mise en avant d'objectifs ambitieux. À l'inverse des COP climatiques, les objectifs chiffrés sont supprimés ou non acceptés par certains pays. Idem pour les sources de financement et les indicateurs de réussite. Le constat est clair, le monde manque cruellement d'ambition et de vision pour les générations futures.

    La position belge est le fruit de la concertation entre le Fédéral et les Régions. Quelles étaient la position et l'ambition portées par la Wallonie ? Des réticences ont-elles été imposées par la Belgique ?

    Une prochaine session est planifiée pour juin à Nairobi et aura pour objectif global de mettre réellement sur les rails cette COP qui patine. Qu'attend Madame la Ministre de ce prochain rendez-vous ? A-t-elle eu des contacts avec son homologue au fédéral ? Quelle sera la stratégie interfédérale ?

    Outre l'objectif implicite de protéger 30 % des mers et des terres, d'autres mesures urgentes et essentielles sont-elles visées ?

    Une coalition d'États a appelé les plus riches à apporter 100 milliards de dollars par an. Quelle ambition porte-t-elle pour la Wallonie sur ce point ?
  • Réponse du 16/06/2022
    • de TELLIER Céline
    La position belge relative à la 15e conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique et au premier projet du cadre mondial pour la biodiversité pour l’après 2020 est établie selon les mécanismes de coordination prévus par le groupe biodiversité du CCPIE. La Wallonie y participe activement. La Wallonie et la Belgique soutiennent un niveau d’ambition très élevé pour le futur cadre mondial pour la biodiversité et mettent l’accent sur l’urgence d’agir. Toutes les entités et le fédéral sont en accord pour que le cadre mondial permette une augmentation la surface de la planète favorable à la biodiversité, que ce soit par des mesures de protection, de restauration ou d’utilisation durable, et que ce soit pour les écosystèmes naturels, semi-naturels, les écosystèmes productifs, extractifs ou urbains. Il doit stimuler l’action de tous et promouvoir l’intégration de la biodiversité dans les secteurs.

    À cet effet, nous prônons un cadre qui :
    • inclut pleinement la conservation, la restauration et l’utilisation durable de la biodiversité ;
    • couvre les 3 dimensions de la biodiversité que sont la diversité génétique, les espèces et les écosystèmes ;
    • permet de s’attaquer urgemment aux 5 principaux facteurs directs de perte de biodiversité, à savoir la modification de l’utilisation des terres, la pollution, les changements climatiques, l’exploitation des espèces et les espèces exotiques envahissantes ;
    • agit pour des mesures urgentes relatives aux facteurs indirects liés aux modes de production et de consommation ;
    • contribue à protéger un minimum de 30 % des terres d’ici à 2030. Cet objectif est au cœur de la Coalition pour une haute ambition à laquelle la Belgique a adhéré principalement guidée par notre Ministre Madame Tellier ;
    • favorise impérativement la prise de mesures favorables à la biodiversité dans les écosystèmes productifs, extractifs et urbains ;
    • permet de mobiliser toutes les ressources nécessaires qu’elles soient financières ou autres, comme par exemple :
    1. réduire le besoin de nouvelles ressources financières grâce à l'intégration de la biodiversité ;
    2. améliorer l'utilisation des ressources existantes et nouvelles (dont réorienter, réformer ou éliminer les incitations néfastes pour la biodiversité) ;
    3. générer de nouvelles ressources.

    La quatrième réunion du groupe de travail intersessions à composition non limitée sur le cadre mondial pour la biodiversité post 2020 (OEWG4) se tenant fin juin à Nairobi devrait permettre de progresser dans les négociations des objectifs et cibles du cadre mondial afin de pouvoir préparer une version plus affinée pour la COP15. La stratégie belge telle qu’adoptée par le groupe directeur du CCPIE est de ne pas baisser le niveau d’ambition ni de faire de compromis à ce stade des négociations.

    Concernant la coalition ayant appelé les pays les plus riches à apporter 100 milliards de dollars par an, la Wallonie soutient l’idée qu’on ne peut s’engager sur l’aide au financement que si le niveau d’ambition des actions du cadre lui-même est à la hauteur du défi.