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Les risques de recrudescence des scolytes

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 589 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 20/05/2022
    • de LENZINI Mauro
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Depuis 4 ou 5 ans, les scolytes, petits insectes ravageurs ont causé de gros dégâts dans nos forêts. Or, le temps sec que nous connaissons en ce début de printemps attise le risque de scolytes, car la sécheresse fragilise les arbres et dope la vigueur des insectes, alors que l'hiver n'a pas été suffisamment rigoureux pour provoquer des dégâts dans leurs colonies.

    Madame la Ministre peut-elle faire le point en ce début d'année sur l'état de la situation ?

    Pour contrer le scolyte, compte-t-elle prendre des mesures supplémentaires en 2022 ? Si oui, lesquelles ?

    Enfin, quelles sont les suites envisagées à la mission du prestataire désigné pour identifier les mécanismes économiques les plus appropriés pour assurer la gestion des risques sanitaires et climatiques en forêt ? Son administration lui a-t-elle fait part de ses recommandations sur la pertinence d'envisager des suites à cette mission ?
  • Réponse du 29/07/2022
    • de TELLIER Céline
    En forêts publiques, mon administration a marqué plus de 190 000 m³ de bois scolytés pour la saison 2018 (avril 2018 à avril 2019), environ 395 000 m³ pour la saison 2019, 375 000 m3 pour la saison 2020 et 140 000 m³ pour la saison 2021.

    En ce qui concerne les forêts privées, nous ne disposons pas de données. Nous ne pouvons faire qu’une extrapolation sur base des volumes scolytés en forêts publiques, en considérant que 55 % des épicéas sont situés en forêts privées.

    Le 1er envol de scolytes a été signalé le 10 mai dernier, il est donc encore un peu tôt à ce stade pour estimer les volumes touchés par ce 1er envol. Actuellement, les volumes encodés ces dernières semaines semblent moindres pour une même période que les années précédentes, mais restent cependant plus élevés au regard des années d’activités « normales » de scolytes.

    La stratégie de lutte contre les scolytes revêt plusieurs facettes :

    1. L’exploitation rapide des bois atteints et leur évacuation hors forêt. En forêt publique, un système de ventes anticipées de lots sur lesquels des bois scolytés pourraient être constatés est mis en place depuis plusieurs années. Il permet aux cantonnements, et par conséquent aux acheteurs, d’être plus réactifs en cas d’apparition de bois scolytés sur le lot. Les volumes mis en vente sur le marché sont également moindres qu’il y a quelques années, ils sont donc plus facilement absorbables par le marché actuel.

    2. Les tempêtes hivernales ont créé des chablis épars dans nos forêts. Ils constituent autant de milieux propices au développement de l’insecte. Il est donc important de veiller à leur évacuation ou à leur écorçage.

    3. Le repérage le plus précoce des arbres attaqués est essentiel. Une attention toute particulière aux premiers symptômes (sciures au pied, trous d’entrées …) est primordiale. La revisite des sites touchés l’année précédente est également importante.

    4. À côté de la lutte, il y a la prévention qui consiste à développer des forêts plus résilientes (ne replanter des essences que lorsqu’elles sont parfaitement adaptées à la station, favoriser le mélange des âges et des essences …). C’est notamment dans ce but que j’ai lancé le deuxième appel à projets « Forêt résiliente » il y a peu.

    Mon administration termine actuellement la validation du rapport consacré aux mécanismes assurantiels. Dans cette matière complexe, il apparaît que des mécanismes avec une intervention étatique structurée – par exemple, dans le cas des calamités naturelles – sont rares, voire inexistants, à l'échelle européenne. Selon ce rapport, aucun pays ne dispose d'une stratégie globale d'assurances pour les forêts. L'intervention de l'État, quand elle existe, survient a posteriori des sinistres, de manière ponctuelle et pour répondre à une situation passagère. Enfin, parmi les très rares assurances, les risques les plus couverts sont les risques « tempête » et « incendie », alors que le risque « insecte » ou « champignon » n'est quasiment jamais couvert. Mon administration doit encore analyser les possibilités d'adaptation de l'un ou l'autre système à l'échelle de la Wallonie. À la suite de ce travail, elle organisera une concertation avec le secteur afin de consolider les recommandations formulées.