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L’impact de la sécheresse sur le stockage d’eau du barrage d’Eupen

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 794 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 20/05/2022
    • de MAUEL Christine
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    La sécheresse que connaît actuellement la Belgique est loin d'être un phénomène isolé, car en réalité toute la moitié nord-ouest de l'Europe, attend la pluie avec impatience. 
    Toutefois, suite aux inondations de juillet 2021 qui ont frappé durement et particulièrement l'Arrondissement de Verviers, il est essentiel de s'interroger sur les fonctions que peut remplir le barrage d'Eupen en cette période.

    À ce titre, à la fin des auditions dans le cadre de la Commission d'enquête portant sur les inondations meurtrières de juillet 2021, les membres de celle-ci, ont nettement pointé un manque d'anticipation quant à l'évolution de la réserve d'empotement et ce, depuis le début de l'année 2021 alors qu'une de ses fonctions, était de réguler les crues et que l'eau potable ne manquait pas. Une gestion plus flexible et dynamique du barrage a été donc recommandée.

    Actuellement, nous sommes dans une année de sécheresse et il est important que le barrage puisse jouer son rôle de stockage d'eau potabilisable.

    Monsieur le Ministre peut-il nous dire si c'est le cas ?

    Des lâchers préventifs ont-ils été effectués depuis les inondations de 2021 ?

    Peut-il nous fournir le relevé mensuel d'eau du lac d'Eupen depuis les inondations de 2021 ?

    Où en est la révision de la note de manutention ?

    Où en sont les réflexions sur une gestion plus flexible et dynamique des barrages ?
  • Réponse du 04/04/2023
    • de HENRY Philippe
    Le barrage d’Eupen, comme celui de la Gileppe, a toujours eu pour mission première la constitution d’une réserve d’eau potabilisable. C’est à cet effet que la station de traitement de la SWDE a été érigée sur le même site, et que d’importantes canalisations d’adduction d’eau ont été édifiées au fil du temps pour garantir la distribution d’eau potable à travers la Wallonie.

    Le barrage dispose en outre de capacités d’écrêtage de crues, et de production d’hydroélectricité. Toutes ces fonctions ne permettent pas de faire face à n’importe quel type d’événement (pluvieux comme de sécheresse), compte tenu des limitations de toute infrastructure, ainsi que de l’antagonisme de certaines de ces fonctions. Il a été rappelé et démontré lors de la Commission d’enquête que les fonctions de constitution de réserve d’eau et d’écrêtage de crue sont antagonistes, la première nécessitant un niveau maximum, la seconde un niveau minimum.

    La gestion du barrage en juillet 2021 a montré que la réserve d’empotement était suffisante pour accueillir le maximum des fourchettes de quantités de pluie annoncées les lundi 12 et mardi 13 juillet. Les quantités d’eau réellement tombées entre les 13 et 15 juillet 2021 ont toutefois été largement supérieures à ces valeurs, et constituent des événements climatiques extrêmes. L’analyse statistique des débits dans la vallée de la Vesdre, par le GTI (Groupe Transversal Inondations), montre à cet effet une période de retour estimée entre 300 et 400 ans à Theux (sur la Hoëgne, affluent de la Vesdre), et de 375 ans à Verviers sur la Vesdre pour la crue de juillet 2021.

    De manière à intégrer ces éléments nouveaux et imprévisibles dans le mode de gestion du barrage d’Eupen, la courbe de manutention a été revue fin décembre 2021 pour augmenter le volume d’empotement minimum, dans l’attente d’une révision plus profonde des courbes de manutention et du mode d’exploitation en général.

    Compte tenu de l’importance de garantir l’approvisionnement en eau brute à la SWDE, le facteur du volume d’eau à conserver pour la production d’eau potabilisable n’a pas été modifié et le barrage conserve donc toujours sa capacité à fournir de l’eau potabilisable pendant 2 années de sèches consécutives, en se basant sur les données statistiques d’années de sécheresses historiques.

    Pour ce faire, la restitution dans la rivière a été réduite au minimum admissible, afin de préserver autant que possible la réserve. La capacité à alimenter la SWDE en eau brute perdurera pour autant que le niveau de sécheresse reste dans les limites des années de référence historique, et que la recharge hivernale puisse se faire adéquatement.

    Des augmentations de restitution ont été faites afin de respecter la nouvelle courbe de manutention. Toutes ces augmentations ont été faites en concertation avec les différents acteurs concernés (Direction de la gestion hydrologique, direction des cours d’eau non navigables, réunions CELEX). De plus, des agents ont été envoyés sur le terrain afin de vérifier l’impact de celle-ci sur l’aval et de pouvoir retrouver une connaissance du profil de la rivière après les inondations de 2021.