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La nocivité des crèmes solaires pour l’environnement

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 601 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 20/05/2022
    • de PECRIAUX Sophie
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    La plupart des crèmes solaires, pourtant indispensables pour la protection de la peau, seraient mauvaises pour l'environnement. Test Achats, comme chaque année à l'approche des vacances, met en évidence l'impact environnemental des protections solaires. 40 des 51 produits testés par l'association de défense des consommateurs utilisent des filtres UV nocifs pour la planète, contiennent des microplastiques, des perturbateurs endocriniens et certains de leurs ingrédients exercent une influence néfaste sur les poissons et les coraux.

    Bien évidemment, le message de Test Achats ne contre-indique pas l'usage de la crème solaire, mais s'adresse aux fabricants, afin qu'ils modifient les ingrédients de ces crèmes afin de respecter l'environnement.

    Madame la Ministre a-t-elle connaissance de ce test ?

    Quels sont les réels impacts de ces produits sur l'environnement wallon et notre biodiversité ?

    Et quelles sont dans ses compétences les mesures qui peuvent être prises afin d'informer les citoyens sur l'impact néfaste des crèmes solaires sur notre environnement ?
  • Réponse du 09/08/2022
    • de TELLIER Céline
    Les composés indésirables ne sont pas rares dans les cosmétiques en général et les crèmes solaires en particulier.

    Les Parabènes faisaient ainsi partie de la formulation de beaucoup de préparations dont les crèmes solaires. Ils y étaient utilisés en tant qu’agents conservateurs. Les plus dangereux ont déjà été exclus, d’autres sont encore tolérés. Toutefois l’appellation « sans parabènes » s’est répandue sur les emballages de certains cosmétiques. Néanmoins, des doutes peuvent encore subsister sur leurs produits de substitution. Ce cas a l’avantage de bien illustrer la complexité de la situation.

    En ce qui concerne spécifiquement l’EHMC dans les cosmétiques, différents de ses dérivés figurent sur la liste positive des filtres UV autorisés dans les produits cosmétiques, constituant l'annexe VI du Règlement cosmétique européen. Ils sont actifs vis-à-vis des UVB. Leur concentration maximale autorisée est de 10 %.

    L’EHMC se présente sous une forme liquide et est non miscible à l’eau. Dans l’environnement, sa dégradation se fait par voie photochimique. L'environnement dans lequel se retrouve l’EHMC affecte toutefois la stabilité et la photochimie de la molécule. L'agrégation des molécules d’EHMC entraîne une photochimie complexe qui, en présence d’UVA, peut produire des espèces capables de générer secondairement des espèces réactives de l'oxygène. Ce pouvoir oxydant pourrait expliquer certaines conséquences négatives pour l’environnement associées à ces molécules et doit poser question vis-à-vis de ceux qui les utilisent dans des préparations réalisées à des fins cosmétiques.

    Du point de vue environnemental, l'État d'Hawaï a instauré des restrictions dans l’usage d'écrans solaires contenant de l’EHMC et de l'oxybenzone. Ces restrictions sont liées à des inquiétudes concernant les effets de telles substances sur les récifs coralliens déjà mis à mal par le changement climatique (dépérissement, blanchiment, et cetera).

    Pour revenir au cas de la Wallonie, la contamination des masses d’eau en surface peut avoir deux origines : la baignade de personnes utilisant de telles crèmes solaires et le fait que les crèmes de ce genre sont également lessivées par les douches et non traitées dans les stations d’épuration. Toutefois, la problématique devrait davantage concerner les zones balnéaires fort ensoleillées et à forte fréquentation en été.

    En ce qui concerne l’état de nos eaux de surfaces, il est difficile de fournir un état des lieux à l’heure actuelle considérant le peu de données disponibles. Seule une substance a fait l’objet d’une surveillance limitée et d’autres filtres solaires sont en discussion pour intégrer les prochaines listes de vigilance de l’Union européenne.

    Le 4-methoxycinnamate de 2-ethylhexyle (EHMC) a été analysé dans le cadre de la surveillance des eaux de surface wallonne en 2016-2018, ce composé figurant dans la liste de vigilance européenne pour les eaux de surface. Son dosage a été effectué pour deux stations situées à Visé et à Namur. Les résultats obtenus étaient toujours inférieurs à la limite de quantification (LQ).