/

L’analyse du bien-être des vaches laitières

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 671 (2021-2022) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 25/05/2022
    • de KELLETER Anne
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Je souhaiterais interpeller Monsieur le Ministre concernant le bien-être des vaches laitières. Dans ce cadre, le projet HappyMoo a été mené notamment par les facultés de Gembloux Agro-bio tech et d'Elevéo. Ce projet vise à analyser le bien-être des vaches laitières grâce à la composition de leur lait. Le projet a été présenté lors du Dair'Innov Congress de Namur fin avril.

    Selon la coordinatrice du projet, une vache est en état de bien-être lorsque cinq critères sont validés : pas de faim ni de soif, pas d'inconfort, pas de blessure, capacité d'exprimer des comportements naturels et pas de peur ni de stress.

    Jusqu'à présent, les protocoles d'évaluation d'un cheptel étaient fastidieux et coûteux. L'équipe de recherche s'est orientée vers l'analyse spectrométrique par infrarouges du lait pour déterminer trois critères : les maladies, la faim ou le stress. La technique de la spectrométrie MIR est déjà utilisée depuis des années pour le contrôle laitier mensuel auquel les éleveurs participent sur base volontaire. En identifiant de nouveaux biomarqueurs, les chercheurs wallons ont démontré qu'un excès de cortisol était révélateur d'un stress chronique pour l'animal. En suivant l'état de santé mental de l'animal, l'éleveur peut anticiper les maladies et éviter de recourir à un traitement médicamenteux ou antibiotique.

    Une première étape du projet consistait à identifier les bio-indicateurs reflétant l'état de stress chronique. L'objectif sera ensuite de modéliser ces bio-indicateurs, via le spectre moyen infrarouge du lait, afin d'avoir une indication sur l'état de stress des vaches laitières par une simple analyse de lait.

    Actuellement, le projet est testé dans plusieurs fermes pilotes avant d'être lancé à plus grande échelle.

    Monsieur le Ministre a-t-il connaissance de ce projet/étude ?

    Que va-t-il faire pour promouvoir l'utilisation de cette méthode d'analyse du lait ?

    Comment va-t-il tenir compte des résultats de cette étude pour déterminer ses politiques concernant les élevages wallons ?
  • Réponse du 21/06/2022
    • de BORSUS Willy
    Le « HappyMoo » s’inscrit dans le cadre du programme Interreg V Europe du Nord-Ouest (ENO) et dont le chef de file est Elevéo. D’une durée de 5 ans, il se terminera le 31 décembre 2022. Les autres partenaires wallons sont le CRA-W et l’UlgAgBT avec des partenaires français, allemands, luxembourgeois et irlandais pour un total de 8 partenaires.

    « Happymoo » doit permettre de mettre en place un outil pour les éleveurs laitiers, les vétérinaires et les agents vulgarisateurs afin de monitorer le bien-être des vaches (absence de maladie, de faim et de stress). Dans le secteur laitier hautement compétitif de l’ENO (60 % du lait de l'UE), le bien-être est une préoccupation croissante pour éviter des pertes économiques. Le secteur est très hétérogène (petites et grandes exploitations, agriculture biologique et conventionnelle, différents cadres juridiques) et confronté à la révolution numérique et au traitement intégré de quantités croissantes de données. Les organismes d’élevage enregistrent les performances des animaux et produisent des outils de gestion, par exemple le contrôle laitier. Ainsi, de grandes quantités de données sont disponibles. L’emphase sera mise sur les biomarqueurs du lait et sur un ensemble innovant de systèmes de traitement des données : numérisation complète et à l'échelle de l’ENO des procédures, de l'analyse du lait à la prise de décision en passant par la surveillance des animaux, avec exploitation d’un précédent projet « OPTIMIR/EMR EEIG » qui permet désormais la standardisation des résultats de l’analyse du lait.

    Les objectifs sont la numérisation des données et un système de calcul automatisé (du laboratoire à la ferme), la mise en place d’un monitoring régulier individualisé et non invasif du bien-être animal à grande échelle, le dépistage de maladies pour une intervention vétérinaire optimisée et un accès simultané au statut de l’animal.

    Le budget total est de 4,129 mio d’euros dont 56 % viennent du FEDER. La part pour les partenaires wallons est de 1,424 mio d’euros, dont 0,356 mio à charge de la Wallonie.

    Les résultats sur le long terme sont les prises de décisions rapides et efficaces à la ferme à l'aide d'outils « conviviaux ». Ces outils engendreront moins de coûts pour les éleveurs grâce à une prise en charge précoce et individuelle des vaches et une amélioration du bien-être animal.

    Les travaux portent sur l’utilisation du spectre infrarouge du lait pour prévenir les conséquences :
    • du stress des vaches ;
    • de la présence ou non de mammite ;
    • d’un déséquilibre la balance énergétique ;
    • de la présence de boiterie.

    Ce sont des modèles assez complexes qui nécessitent de prélever de nombreux échantillons afin disposer d’un système prédictif « robuste », ce qui demande la mise en place d’un partenariat avec les acteurs des régions voisines.

    Le projet n’est pas encore terminé, il s’agit désormais de pouvoir, au travers de protocoles avec les laboratoires de contrôle du lait, s’appuyer sur ces travaux pour promouvoir l’utilisation de cette technique à plus grande échelle au niveau des exploitations laitières spécialisées.