Le Conseil agriculture européen du 24 mai 2022
- Session : 2021-2022
- Année : 2022
- N° : 684 (2021-2022) 1
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Question écrite du 30/05/2022
- de CASSART-MAILLEUX Caroline
- à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
Quelles ont été les actions préconisées par la Belgique ?
Outre l'utilisation du fonds de réserve de crise agricole, comment l'Europe et la Wallonie peuvent-elles agir afin de diminuer les coûts de production qui risquent de devenir intenables pour nos agriculteurs ?
Réponse du 21/06/2022
- de BORSUS Willy
Il a été noté que, de façon générale, même si les prix agricoles augmentent, le coût des intrants est lui-même en augmentation. De bonnes récoltes sont vraisemblablement attendues en céréales et en oléagineux, mais la sécheresse, l’augmentation du coût des intrants et les risques d’épizooties noircissent les perspectives. Les restrictions à l’exportation décidées par certains pays tiers suscitent aussi de graves inquiétudes.
Plusieurs États membres estiment que les mesures proposées par la Commission ne seront pas suffisantes par rapport aux problèmes rencontrés par plusieurs secteurs. Il est nécessaire de continuer à suivre le marché de près, notamment pour permettre aux agriculteurs de se procurer des engrais à des prix abordables. La Commission estime que le prix des engrais devrait se stabiliser prochainement, à des niveaux équivalents à ceux de l’automne dernier.
Le Commissaire a également rappelé le règlement délégué UE 2022/467, publié en mars, qui prévoit l’octroi d’une aide d’adaptation exceptionnelle aux producteurs des secteurs agricoles. À ce sujet, nous avons décidé de délimiter la population des bénéficiaires sur base des données dont dispose déjà l’administration. Je donne plus de détails à ce sujet dans ma réponse à sa question sur l’utilisation du fonds de réserve de crise agricole.
Outre les aides qui permettent aux producteurs de continuer à acheter des intrants, il est possible d’agir à d’autres niveaux, tels que les achats groupés, l’agriculture de précision ou la valorisation des co-produits, pour ne donner que quelques exemples.
Concernant sa deuxième question, plusieurs facteurs peuvent diminuer les coûts de production des engrais utilisés par nos agriculteurs :
1. Cultures : Réduction des coûts de production :
Premièrement, il convient d’augmenter l’efficience de l’azote au niveau des cultures en réduisant les quantités d’engrais appliquées, notamment en recherchant des variétés utilisant mieux l’azote appliqué. Ce sont les projets : Pommes de terre robustes, Phenwheat, FIRST, INVITE, Patat ‘Up.
De plus, il convient d’optimiser le positionnement précis des apports d’engrais azoté (la bonne dose, au bon endroit, au bon moment) par le monitoring du statut azoté des cultures en cours de saison et les possibilités d’application modulées de l’azote en fonction des besoins (cartes d’application liée à l’hétérogénéité intra-parcellaire, qui visent à optimiser les doses et donc éviter les surplus d’azote. Ce sont les projets : POTFLUO, BELCAM, VISA , UAVSoil).
La sélection de variétés robustes, capables de fournir un bon rendement dans un contexte de faible niveau d’intrants représente un véritable challenge au CRA-W. Le savoir-faire s’y est principalement développé dans la sélection de variétés (pommier, pomme de terre, et cetera).
En outre, un bon réglage du matériel permet également d’éviter le gaspillage ! C’est ce dont s’assure le CRA-W qui est en charge de l’inspection de l’ensemble du parc des pulvérisateurs wallons. Une méthode de contrôle et de réglage existe également pour les distributeurs d’engrais.
Au sein des essais systèmes de cultures SYCBIO (grandes cultures biologiques), SYCMA (cultures maraîchères biologiques) et SYCI (grandes cultures conventionnelles), les engrais de synthèse trouvent des substitutions au travers des amendements organiques, des engrais organiques du commerce et d’une modification du système de culture par l’utilisation d’associations de cultures et d’inter-cultures riches en légumineuses (pois, féveroles, lentilles, et cetera).
2. Réduction des consommations de carburant :
Les études menées actuellement au CRA-W sur les itinéraires culturaux en lien avec le machinisme agricole visent, quant à elles, à réduire la consommation de carburant via la valorisation intelligente (smart farming) des données issues du BUS CAN du tracteur.
Le CRA-W propose également l’outil Mecacost, qui permet de calculer le coût d’utilisation du matériel agricole et qui intègre dans le calcul les consommations de carburant des différentes machines. Cet outil permet donc de modéliser l’impact énergétique de chantiers agricoles et/ou plus largement de cultures, et donc, d’aider à l’évaluation des consommations énergétiques des exploitations agricoles.
3. Elevage : Valorisation des co-produits et des fourrages :
Le CRA-W travaille activement sur une meilleure valorisation des coproduits et des fourrages en améliorant par exemple la prédiction de leur valeur alimentaire. Il œuvre aussi à une meilleure utilisation des prairies, tant en termes de productivité (association graminée – légumineuses, type de pâturage…) que de valorisation (conservation…), dans le but d’accroître l’autonomie des élevages et de limiter leur dépendance vis-à-vis des aliments composés.