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Les conséquences du Plan "Vision Rail 2040" sur la stratégie régionale de mobilité

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 810 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 30/05/2022
    • de MAUEL Christine
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Le Gouvernement fédéral a récemment adopté le Plan « Vision Rail 2040 » dont l'objectif est d'arriver d'ici 2040 à une part modale du train de l'ordre de 15% pour le transport de personnes.

    Si les ambitions du Ministre Gilkinet sur la réussite de ce plan ne font aucun doute, la mise en œuvre de ce plan va visiblement compliquer votre objectif du Plan Fluidité accessibilité sécurité santé transfert modal (FAST) puisque Monsieur le Ministre souhaite atteindre également une part modale du 15% pour le train, mais pour 2030, soit 10 ans plus tôt.

    Bien qu'il ne soit pas encore budgétisé, la « Vision Rail 2040 » aurait un impact moindre pour la Wallonie puisque les grandes villes, surtout situées en Flandre, seront les plus larges bénéficiaires puisque ce plan prévoit le passage 4 trains par heure contre 2 trains par heure sur le reste du réseau.

    En outre, les perspectives du Bureau fédéral du Plan relatives à la demande de transport ferroviaire ne sont guère optimistes puisqu'elles tablent sur une stagnation du nombre de kilomètres parcourus en 2030 et même sur une diminution d'ici 2040.

    La Wallonie dispose d'une représentation au sein de la SNCB et il indique suivre de près chaque décision de cette entreprise publique vu que certaines décisions impactent directement les intérêts wallons.

    Face à cette vision annoncée, comment va-t-il faire entendre la voix de la Région wallonne notamment en rapport aux objectifs de la stratégie régionale de mobilité ?

    Quelles priorités cible-t-il afin d'augmenter la part modale du train ?

    La Wallonie dispose également d'une cellule ferroviaire qui contribue à la vision d'une mobilité ferroviaire à l'échelon régional par des études et des rapports d'analyse. Va-t-il mobiliser cette cellule ?
    Celle-ci pourrait estimer la part modale du train d'ici 2030 en Wallonie et lister les diverses actions à réaliser notamment suite aux éléments de la « Vision Rail 2040 ».
  • Réponse du 23/06/2022
    • de HENRY Philippe
    Les perspectives du Bureau du Plan montrent effectivement que l’effort à consentir demeure très important. Il faut souligner que celles-ci sont établies à l’échelle nationale et non régionale, qu’elles donnent une orientation à politique inchangée et que l’année de base utilisée est 2019. Avec la crise que nous venons de traverser, le référentiel n’est probablement plus tout à fait identique.

    Ensuite, je tiens à rassurer l’honorable membre. La Vision Rail 2040 du Gouvernement fédéral a été discutée en différents lieux impliquant la région (présentation en Conférence interministérielle de la Mobilité, aux administrations régionales…).

    Elle a pour mission de « donner un cadre aux politiques ferroviaires des 20 prochaines années » et de « fixer un cap clair et motivant assurant la cohérence et la solidité des décisions à prendre ainsi que des mesures à mettre en œuvre, notamment réglementaires, budgétaires et organisationnelles ».

    Cette vision fédérale n’est donc pas de nature à « compliquer » la mise en œuvre de la vision FAST régionale. Au contraire, la Vision Rail 2040 conforte la Stratégie régionale de Mobilité (SRM). Son implémentation contribuera en effet fortement aux objectifs wallons en matière de transfert modal, notamment pour l’orientation stratégique de « doublement de l’offre » préconisée par la SRM.

    Le rail étant une matière fédérale (avec le financement fédéral lié), la Wallonie ne peut que se réjouir de l’ambition de développement de l’offre de transport ferroviaire visée par rapport à l’existant. Par ailleurs, viser 2040 ne veut pas dire que rien ne sera fait jusqu’en 2039… au contraire, cela trace une trajectoire qui devrait permettre d’assurer la croissance continue de l’offre ferroviaire via les prochains plans de transport SNCB, à l’instar de ce que réalise la Wallonie pour le développement de l’offre régionale via les plans de transport TEC.

    Si la Wallonie peut bien sûr faire valoir sa vision auprès du fédéral, il ne faut pas oublier que tant la Chambre que le Gouvernement fédéral sont composés de représentants des circonscriptions wallonnes… et que ce sont eux les premiers concernés par l’orientation et la validation de la vision rail.

    En ce qui concerne les priorités à cibler afin d’augmenter la part modale du train, la Wallonie entend contribuer au développement intégré des alternatives à la voiture individuelle, notamment autour du réseau ferroviaire qui est le plus structurant. Parmi les leviers, je citerais notamment le redéploiement du réseau TEC autour du réseau ferroviaire là où il est présent, l’évolution des solutions tarifaires en termes de combinaison TEC + SNCB, le développement des mobipôles autour des gares (incluant les cheminements sécurisés en modes actifs et le développement de solutions de mobilité locales flexibles), ainsi que des mesures comportementales et incitatives possibles au niveau wallon pour encourager le transfert modal et limiter l’usage de la voiture individuelle.

    Enfin, bien que ses effectifs soient actuellement pleinement mobilisés, il me semble évident que la Cellule Ferroviaire du SPW-MI aura un rôle important à jouer dans le suivi de la Vision Rail 2040 et ses implications sur la mobilité en Wallonie.