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Les chiffres de Stadim et de Diggit StudentLife sur l'explosion du prix du logement étudiant

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 418 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 01/06/2022
    • de BEUGNIES John
    • à COLLIGNON Christophe, Ministre du Logement, des Pouvoirs locaux et de la Ville
    Le bureau immobilier Stadim et l'organisation Diggit StudentLife révèlent qu'en un an, entre 2020 et 2021, le loyer moyen pour un kot est passé de moins de 400 euros à 415 euros. En Wallonie, hors charges, il s'élève à 385 euros. Le loyer moyen ne cesse d'augmenter ces dernières années.

    Une des raisons de cette augmentation est le marché lui-même : l'offre de kots ne suit pas l'augmentation du nombre d'étudiants. En Wallonie, 144 000 étudiants sont inscrits cette année, ce qui est bien supérieur à l'offre de logements disponibles. Stadim et Diggit pointent que ce ratio s'élève à Liège et Louvain-la-Neuve à plus de 40 % tandis que Mons et Namur restent sous la barre des 30 %.

    On observe donc une explosion des prix, sans parler des charges qui augmentent drastiquement aussi, ce qui demande une réponse sérieuse de votre part, c'est-à-dire une grille contraignante sur les loyers, des aides sociales renforcées pour l'accès au logement, et à terme un plan massif de construction de logement étudiant public et accessible. Car ces coûts rendent l'accès à l'enseignement de plus en plus prohibitif socialement.

    Comment le Gouvernement compte-t-il agir pour apporter une réponse à cette situation de plus en plus intenable pour les étudiants et leur famille ?

    Comment expliquer que des mesures d'aides d'accès au logement ne sont pas encore prévues ?

    Pourquoi ne pas installer une grille contraignante sur les loyers pour objectiver les loyers et les encadrer ?

    Pourquoi une construction massive de logements étudiants publics n'est-elle pas déjà en cours ?
  • Réponse du 02/06/2022
    • de COLLIGNON Christophe
    Comme j’ai pu le redire le 3 mai dernier à Monsieur Demeuse, la précarité étudiante est une question qui tient à cœur à l’ensemble des membres de la commission. Elle a d’ailleurs suscité l’adoption d’une résolution au sein de notre Parlement.

    La tension qui existe sur le marché locatif des kots et l’augmentation du nombre d'inscriptions dans l’enseignement supérieur rendent effectivement complexe l’accès à un logement situé à proximité des écoles et des universités. C’est pour cela qu’avec le Fonds du logement, nous avons entrepris d’adapter l’arrêté du 12 décembre 2013 relatif aux organismes à finalité sociale, pour y inclure la prise en gestion, par les AIS, de kots étudiants à loyers modérés. Mon but est de présenter un texte en première lecture au gouvernement avant la trêve.

    Par ailleurs, le programme de création d’ensembles de logements à destination des étudiants est en cours d’élaboration. Il visera la création d’au moins 500 logements, qui seront gérés par les SLSP. L’arrêté du gouvernement qui fixe les modalités de financement de ce type de logement a été adopté définitivement en novembre dernier. Face à la hausse considérable des prix du secteur de la construction, j’envisage d’activer le mécanisme de révision des montants de subsides prévus dans celui-ci. Plusieurs SLSP ont déjà des projets en réserve.

    En outre, le 10 février dernier, sur ma proposition, le Gouvernement a confié au CEHD une mission visant à créer une grille indicative des loyers pour le logement « étudiant ». Ce projet du Plan de relance implique une collecte de données, vu la connaissance parcellaire que nous avons du marché locatif étudiant. La grille et ses modalités de calcul ou de mise en œuvre ne sont pas encore arrêtées, mais le projet suit son cours. Plusieurs réunions ont déjà été organisées entre le CEHD et les institutions. La collecte des données au travers d’une enquête auprès des étudiants est également en cours. Pour rappel, la grille étudiante aura pour but de fixer un rapport qualité-loyer juste, en liant le montant de ce dernier à plusieurs critères de base. Elle visera aussi à tempérer l’augmentation des loyers des nouveaux baux, en prenant en compte les loyers pratiqués dans l’ensemble du parc locatif.

    Enfin, en 2021, j’ai mandaté la SWCS pour qu’elle crée le prêt à taux zéro pour la constitution de la garantie locative. Une action de promotion de ce dispositif a été lancée la semaine dernière pour s’assurer que les étudiants sont informés de son existence. La campagne, déclinée sur les réseaux sociaux, les bus et dans les gares, se poursuivra jusqu’en octobre.

    L’étude de Stadim, très utile dans le secteur immobilier qui manque cruellement de monitoring, doit être interprétée avec précaution. Concernant les loyers des logements « étudiant », les données ne sont pas encore recueillies de manière systématique. Comme l’honorable membre le disait, selon l’étude de Stadim et Diggit StudentLife, le loyer moyen d’un kot en Belgique est passé, entre 2020 et 2021, de moins de 400 euros à 415 euros, soit une hausse de 3,8 %. En Wallonie, le loyer moyen des kots en 2021 était de 385 euros. À titre de comparaison, selon l’étude de Sonecom/BDO (2019), le loyer moyen des logements en résidence universitaire en Communauté française était de 336 euros. Mise à part l’inflation globale, une des raisons qui peut expliquer cette hausse des loyers des kots est l’augmentation importante du prix de l’énergie, surtout pour les locations où les charges sont comprises dans le loyer.

    En ce qui concerne la proportion d’étudiants kotteurs dans les villes par rapport à l’ensemble des étudiants, l’étude réalisée par Stadim se base sur des « déclarations » d’étudiants souhaitant un logement et non des données provenant des établissements d’enseignements supérieurs. Cette donnée n’est malheureusement pas connue. L’étude ne nous indique pas non plus le nombre d’étudiants sondés, particulièrement en Wallonie.

    Voilà donc les actions que la Région met et mettra en œuvre via les leviers dont elle dispose en matière de « logement ». J’ajoute pour terminer que la déclaration de politique communautaire prévoit des aides aux étudiants koteurs, et invite dès lors l’honorable membre à interroger également la Ministre francophone de l’Enseignement supérieur.