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La technique de l’insufflation d’isolant dans les murs creux des bâtiments

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 838 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 03/06/2022
    • de MATAGNE Julien
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Jusqu'à la fin des années 80, la plupart des maisons étaient construites avec des « murs creux » (deux murs séparés par une cavité d'air afin d'éviter des infiltrations d'eaux de pluie du mur extérieur vers le mur intérieur). Depuis lors, de l'isolant remplit cet espace.

    De nouvelles techniques d'isolation ont été et sont mises au point pour diminuer les pertes thermiques pour ces vieux bâtiments.

    Je souhaite interroger Monsieur le Ministre plus particulièrement sur la technique qui consiste à insuffler dans ce vide du mur creux de l'isolant. Une technique qui aurait plusieurs avantages, comme la performance de l'isolation ou le fait de ne pas isoler la maison par l'extérieur.

    Quelle est son analyse de cette technique de l'insufflation d'isolant dans les murs creux ?

    Quels sont selon lui les avantages et inconvénients de cette technique ?

    Pour quelles raisons la Région n'accorde-t-elle pas d'aides ou de primes pour recourir à cette technique ?

    A-t-il l'intention de mettre en place des incitants pour les ménages qui souhaitent insuffler de l'isolant dans les murs creux ?
  • Réponse du 25/08/2022
    • de HENRY Philippe
    L’isolation d’un mur creux par remplissage de la coulisse est en effet une technique d’isolation possible pour améliorer la performance des murs creux non isolés. Les avantages sont principalement que cela peut s’effectuer sans modifier l’aspect extérieur du mur ni réduire la surface des pièces intérieures.

    Cette technique a néanmoins des limites dans son application. En effet, il faut éviter l’isolation dans la coulisse dans les cas suivants :
    - lorsque le niveau d’isolation thermique souhaité ne peut pas être atteint à cause de l’épaisseur insuffisante de la coulisse ;
    - lorsque la surface extérieure du mur est imperméable à la vapeur d’eau. En effet, lorsqu’on isole dans la coulisse, l’eau présente dans le parement provenant des infiltrations des pluies et/ou de la condensation interstitielle, doit pouvoir être évacuée par le séchage du parement, qui, à cause de la présence de l’isolant, n’est plus possible que par la face extérieure. Si le revêtement extérieur est une peinture, on peut enlever cette dernière, mais ceci n’est pas facile à réaliser ;
    - lorsque la maçonnerie de parement est gélive (qui est fendue ou pourrait se fendre sous l’action du gel). Soit, elle présente des briques effritées et/ou des joints expulsés, soit le test d’un échantillon en laboratoire a montré qu’elle serait incapable de résister aux contraintes provoquées par le remplissage de la coulisse. En effet, lorsqu’on place une isolation dans la coulisse, le mur de parement subit moins les influences de la température intérieure. Il sera plus froid en hiver et plus chaud en été. Le mur de parement subit des variations de température plus grandes et plus fréquentes ; les contraintes thermiques sont plus importantes ;
    - lorsque la façade comporte des ponts thermiques importants ne pouvant être corrigés ;
    - lorsque la paroi intérieure n’est pas étanche à l’air (maçonnerie non enduite) ;
    - lorsqu’il y a de la mousse sur la brique de façade ;
    - lorsque les barrières d’étanchéité sont absentes ou inefficaces.

    Lorsque cette technique, qui présente néanmoins certains avantages, est mise en place, il y a des vérifications à faire et des mesures préliminaires à prendre. En effet, avant d’entamer les travaux, un examen préalable de la coulisse doit être réalisé pour vérifier l’état et la qualité du mur creux. Cet examen est facilement réalisable, sans démontage du mur, au moyen d’un appareil spécialisé tel que l’endoscope. On vérifie ainsi :
    - la possibilité de traiter les ponts thermiques au droit des linteaux, des retours de baies, des planchers, des pieds de mur, de la corniche, etc. ;
    - l’absence de gravats, de déchets et autres matériaux dans la coulisse ;
    - la disposition correcte des crochets entre les deux parois du mur ;
    - l’existence des membranes d’étanchéité correctement disposées ;
    - la présence d’ouvertures de drainage de la coulisse disposées juste au-dessus des membranes d’étanchéité.

    Il existe différents moyens et matériaux isolants pour remplir la coulisse. Il faut opter, en général, pour le système qui consiste à insuffler un isolant en vrac. La technique d’injection de mousse est actuellement peu pratiquée. Elle nécessite un contrôle précis du remplissage et de l’expansion de la mousse pour éviter une déformation du parement à la suite de l’augmentation de la pression. Le recours à un système d’isolation bénéficiant d’un agrément technique est vivement conseillé.

    Le matériau isolant doit :
    - ne pas être capillaire ni hydrophile (il ne peut absorber ni retenir l’eau) ;
    - être suffisamment perméable à la vapeur d’eau ;
    - avoir une consistance suffisante pour ne pas s’affaisser.

    Contrairement à ce que pense l'honorable membre, cette technique d’isolation n’est pas exclue du régime actuel des primes habitation. L’isolation thermique des murs est en effet l’un des travaux couverts par le régime actuel de primes.

    Toutefois, l’obtention de la prime nécessite de répondre à une condition technique qui impose d’atteindre au minimum une valeur U d’isolation de 0,24 W/m².K. Ce niveau d’isolation est difficile à atteindre par la technique de remplissage de la coulisse, en raison de l’espace disponible qui est parfois insuffisant.