La baignade sur le site du canal de l’Espierre à Leers-Nord
- Session : 2021-2022
- Année : 2022
- N° : 628 (2021-2022) 1
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Question écrite du 03/06/2022
- de DURENNE Véronique
- à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
J'ai appris par voie de presse que le SPW avait considéré que la qualité de l'eau n'était plus suffisante pour y autoriser la baignade, à la suite d'analyses d'eau dont les données ont révélé la présence de bactéries rendant la qualité de l'eau insuffisante durant l'été.
C'est évidemment regrettable, le site étant particulièrement agréable notamment grâce aux aménagements réalisés par la Commune d'Estaimpuis, mais aussi parce que celui-ci est abondement fréquenté par de nombreux promeneurs dès que le soleil est au rendez-vous.
Est-il envisageable selon Madame la Ministre que le SPW réalise des analyses de l'eau plus approfondies dans le but d'identifier les sources de prolifération de ces bactéries ?
Dans l'affirmative, quelles seraient les solutions qui pourraient permettre de les réduire ?
Réponse du 09/08/2022
- de TELLIER Céline
1. Présence dans le canal de cyanobactéries (dites « algues bleues ») filamenteuses de type Oscillatoria et Phormidium, pouvant produire des toxines neurotoxiques, c’est-à-dire agissant sur le système nerveux.
Ces cyanobactéries ou « algues bleues », potentiellement productrices de toxines neurotoxiques de type Anatoxine-a, sont dangereuses notamment pour les chiens et les autres mammifères ingérant ces cyanobactéries en buvant de l’eau contaminée. Au cours des 15 dernières années, de nombreux décès de chiens ont été attribués à la consommation de ces toxines produites par des cyanobactéries. Les chiens sont d’ailleurs considérés comme des « sentinelles » pouvant alerter les humains sur la présence de cyanobactéries dans des eaux destinées aux loisirs nautiques.
2. Présence de bactéries d’origine fécale par temps de pluie en 2021.
Durant l’été 2021, la qualité bactériologique, qui avait jugée excellente en 2019 et 2020, a été fortement dégradée par les pluies, ce qui a entraîné la fermeture de la baignade durant plusieurs jours.
Les analyses de l’échantillon pris le 6 juillet 2021 ont en effet montré une forte contamination de l’eau en bactéries d’origine fécale de type E. coli, suite aux fortes averses orageuses du dimanche 4 juillet 2021 et aux pluies des jours suivants : la concentration mesurée était de 3.300 E. coli /100ml. L’interdiction de baignade a pris fin le 16 juillet après une analyse montrant le retour d’une bonne qualité de l’eau.
Auparavant, le 18 mai 2021, en présaison, avait été mesuré un autre pic de pollution fécale de 2 079 entérocoques intestinaux et 2 341 E. coli /100 ml après de fortes pluies.
3. Le site ne remplit pas les conditions de durée d’ouverture et de sécurité physique des baigneurs qui doivent être garanties dans une zone de baignade officielle.
a) Conditions de durée d’ouverture non remplies :
Le site ne répond pas aux conditions d’ouverture d’une zone de baignade officielle, car sa période d’accès était très limitée dans le temps durant la saison 2021 : le site était seulement accessible durant quatre heures, uniquement les après-midis de juillet et août, de 14h à 18h.
Cet horaire très réduit est lié à la navigation de plaisance qui devait être interrompue durant ces heures avec l’accord de la Direction des Voies hydrauliques de Tournai.
Or, la majorité des zones de baignade sont ouvertes toute la journée durant toute la saison balnéaire, qui s’étend en 2022 du 15 mai au 30 septembre, ou durant une durée plus courte en cas de surveillance de la zone par des maîtres-nageurs : dans ce cas, la saison s’étend du 15 juin au 15 septembre.
b) Conditions de sécurité physique non remplies pour les baigneurs :
En 2021, suite à des contacts avec les autorités françaises, la Direction des Voies hydrauliques de Tournai avait accepté d’interrompre totalement le passage des bateaux de plaisance durant les heures d’ouverture de la baignade sur le site, de 14h à 18h en juillet-aout.
Pour la saison 2022, suite à des plaintes des plaisanciers circulant sur le canal de l’Espierre, les autorités françaises ont demandé une réunion de concertation. Le 18 janvier 2022, lors d’une réunion virtuelle entre la MEL (Métropole européenne de Lille) et la Wallonie à laquelle a participé la Direction des Voies hydrauliques de Tournai, les autorités de la MEL ont exigé que la navigation de plaisance sur le canal de l’Espierre ne soit plus mise à l’arrêt durant les après-midis de juillet-aout.
La Direction des Voies hydrauliques de Tournai et le Bourgmestre d’Estaimpuis ont accepté cette exigence pour la saison 2022 : les baigneurs auraient donc dû sortir de l’eau rapidement dès qu’un bateau de plaisance se serait présenté à l’écluse Ouest du canal, très proche de la frontière franco-belge, ou dans l’autre sens à l’écluse Est, à Saint-Léger.
Cette évacuation des baigneurs hors de l’eau à chaque passage de bateau n’est pas tolérable, à la fois pour des raisons de sécurité que de bien-être des baigneurs.
4. Site non désigné officiellement :
Le site du canal de l’Espierre était bien testé à l’essai. Il n’est pas désigné officiellement dans la liste des zones de baignade figurant dans le Code de l’Eau. En effet, la durée de la prospection sur seulement deux saisons a été jugée insuffisante, car les étés 2019 et 2020 ont été marqués par une forte sécheresse et des périodes de forte chaleur. Aucun échantillon n’avait été prélevé après des fortes pluies durant ces deux saisons, ce qui ne couvrait pas l’ensemble des conditions d’une saison normale en Wallonie. Mon administration a donc été prudente avant de désigner ce site comme zone de baignade officielle et a préféré attendre une saison normale, avec davantage de pluies, comme celle de l’été 2021.
Toutes ces raisons ont conduit à ne pas renouveler l’expérience la baignade sur ce site du canal de l’Espierre au « Bief des Pêcheurs ». Une fois une zone est désignée officiellement par le Gouvernement comme zone de baignade, il est impératif de pouvoir garantir à tout prix une eau conforme lors de chaque saison balnéaire. Il est donc de prudence et de bonne gestion de s’assurer de ladite conformité avant toute désignation de nouvelle zone, pour ne pas générer un contentieux avec la Commission.
Enfin, les activités de loisirs nautiques tels que les pédalos et les kayaks ne font pas partie du champ d’application de la directive européenne sur les eaux de baignade, la directive 2006/7/CE. Il en est de même pour la transposition de cette directive en droit wallon dans le Code de l’Eau. Il faut donc souligner que ces activités restent autorisées par la Direction des voies hydrauliques de Tournai, qui dépend du Ministre Philippe Henry.