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La baisse d’activité du e-commerce

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 696 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 03/06/2022
    • de SOBRY Rachel
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    L'éditeur de logiciels dédiés à la vente par Internet, Salesforce a récemment publié des chiffres relatifs au « Shopping index », c'est-à-dire aux tendances en matière de shopping. Après des années de croissance, le commerce en ligne semble, pour la première fois, enregistrer une baisse d'activité.

    En effet, selon les données collectées par Salesforce, l'e-commerce, qui avait enregistré en Europe une croissance de 72 % au premier trimestre 2021 par rapport à l'année précédente, a désormais reculé de 13 % en un an. Ceci étant, et c'est sans doute réjouissant, la baisse d'activité enregistrée en Belgique est moins importante puisque l'on parle de 10 %.

    D'après les observateurs, la baisse est à mettre à l'actif de la chute du pouvoir d'achat et de la hausse des prix des carburants et de l'énergie. Le phénomène n'est évidemment pas limité au commerce en ligne même si, pour celui-ci, il s'agit d'une première après des années de croissance.

    Alors qu'un grand nombre de commerçants avaient investi durant la crise sanitaire dans le commerce en ligne, ceux-ci se retrouvent aujourd'hui en difficulté face à un business moins rentable qu'espéré. Je me tourne donc vers Monsieur le Ministre avec plusieurs questions à lui adresser.

    La baisse du e-commerce est-elle également observée à l'échelle wallonne ?

    Dispose-t-il de chiffres régionaux ?

    Le phénomène est-il observé pour l'ensemble de biens et services ?

    Craint-il que ces chiffres freinent la digitalisation des entreprises et la mise en place de canaux de vente en ligne ? Comment y remédier ?
  • Réponse du 29/06/2022
    • de BORSUS Willy
    La pandémie, la guerre en Ukraine, les factures de gaz et d’électricité historiquement élevées, des prix du carburant en forte hausse pesant lourdement sur le pouvoir d’achat des ménages. Nous n’observons pas tant une baisse de l’e-commerce que de la consommation dans son ensemble. L’inflation se situait à 8,31 % en avril dernier, soit son niveau le plus haut depuis mars 1983. On ne s’étonnera donc guère de constater qu’une partie des Belges réduise leurs dépenses, y compris en e-commerce. Rappelons que la consommation des ménages avait déjà chuté à la fin de 2021 et que les prévisions de mars tablaient sur une croissance très modeste au premier semestre de 2022, avec une nouvelle contraction au deuxième trimestre, selon la Banque nationale de Belgique (BNB). Au total et par rapport aux projections d’automne, la consommation des ménages a été revue à la baisse de 1,8 point de pourcentage en 2022.

    Selon Statbel en avril 2022, le volume des ventes dans le commerce de détail (qui représente 21 % de l’emploi wallon), a connu une diminution de 1,5 % par rapport au même mois de l’année 2021. Les plus grandes diminutions ont été observées dans les branches sectorielles « Vente hors magasin, éventaires ou marchés » (-17 %), « Vente à distance » (-16 %) et « Commerce de détail en magasin non spécialisé à prédominance alimentaire » (-11 %). Les indices sont exprimés en année de référence 2015=100. Je ne dispose pas des chiffres de la Région wallonne, mais cette tendance existe dans des proportions similaires au travers de toute l’Europe ainsi qu’aux États-Unis.

    Ce constat ne doit en aucun cas faire regretter le passage à la vente en ligne des commerçants et des entreprises wallonnes. En effet, le consommateur est habitué aux atouts de l’e-commerce (disponibilité, catalogue étendu, offres personnalisées, livraison et retours gratuits). Il ne reviendra pas en arrière et les entreprises et commerçants qui n’offriront pas ce niveau de services perdront inévitablement des parts de marché. De plus, et nous l’avons observé lors de la pandémie, l’e-commerce est un fort facteur de résilience en cas de crise. Les investissements consentis dans le sens de la digitalisation sont donc porteurs d’avenir.

    La Wallonie, via le programme Digital Wallonia et le Plan de relance, privilégie actuellement une approche orientée sur la visibilité et la promotion du commerce physique et en ligne, et sur l’articulation de cette visibilité avec les plateformes transactionnelles majeures. C’est le commerce « multimodal ».

    Nous devons dès lors passer dans la division supérieure et travailler à des partenariats innovants avec ces acteurs incontournables du numérique, tant commercialement que technologiquement.

    Nos entreprises ont, j’en suis persuadé, tous les atouts nécessaires pour relever ce défi, singulièrement pour certains secteurs où la demande pour des produits de qualité et traçables, fabriqués dans des conditions décentes et au plus près de la distribution, augmente et continuera à augmenter de manière significative. Cela concerne notamment toute la chaîne agroalimentaire, le tourisme ou la filière bois, pour ne citer que quelques exemples.

    J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer à de nombreuses reprises les actions phares que nous mettons en œuvre au bénéfice de la digitalisation des commerçants et je me réjouis de leur succès sans cesse grandissant : Digital Commerce, Smart Commerce et, plus récemment, le Plan Horizon Proximité. À ces projets porteurs s’ajoutent les nombreuses initiatives d’accélération de la transformation numérique des entreprises menées dans le cadre de Digital Wallonia dans des secteurs aussi divers que l’industrie, la construction, le tourisme, le transport, la logistique, et cetera.

    Je rappelle également qu’une base de données centralisée, sorte de répertoire de l’e-commerce wallon, est disponible sur la plateforme Digital Wallonia (digitalwallonia.be). Il recense actuellement plus de 1 200 e-commerçants répartis en 19 secteurs d’activité. Cette base de données n’est pas exhaustive puisqu’elle est en constante évolution, ce qui témoigne également de l’attrait de nos commerçants pour l’e-commerce, mais aussi de leur niveau de maturité digitale.

    Un autre élément de taille est bien sûr le Plan de relance qui prévoit des budgets importants jusqu’en 2024 pour l’amplification des deux programmes Digital Commerce et Smart Commerce, visant à accompagner les commerçants dans la prise en main des outils numériques, de sorte qu’ils soient en mesure d’en capter tout le potentiel.

    Enfin, un nouveau chèque « relance par le numérique » a été créé suite à la crise sanitaire. Cette aide cible justement la capacité des entreprises à améliorer leur visibilité et leurs pratiques de vente en ligne, avec un taux d’intervention de 90 %.