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La récolte de données relatives à la biodiversité via les abeilles

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 630 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 03/06/2022
    • de SOBRY Rachel
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    À Jamagne, sur l'entité de Philippeville, une analyse de la biodiversité unique en son genre a eu lieu. En effet, l'entreprise BeeOdiversity propose, via un dispositif placé à l'entrée de ruches, d'assurer un « BeeOmonitoring ».

    Les abeilles agissent alors comme des drones naturels et des bio-indicateurs. L'outil permet de recueillir, via le pollen transporté, des données qualitatives et quantitatives sur le nombre et le type d'espèces végétales présentes ainsi que leurs carences et leur impact pour l'ensemble de l'écosystème ainsi que sur le type, la concentration et l'impact des pollutions industrielles et agricoles.

    La stratégie « biodiversité 360° », mise en œuvre par le Gouvernement, doit être, selon la DPR, élaborée sur base d'un bilan de l'efficacité des outils existants et l'analyse globale et locale de la situation, tant d'un point de vue économique qu'environnemental. Sur base de ces informations, j'ai plusieurs questions à adresser à Madame la Ministre.

    La Wallonie recourt-elle à la récolte de données relatives à la biodiversité via les abeilles ? Envisage-t-elle de l'incorporer à ces outils ?

    Quel est son regard sur ce procédé ?

    Le SPW Environnement a-t-il déjà collaboré avec BeeOdiversity ?

    Pourrait-elle soutenir cet outil de recensement de données de la nature par la nature ?

    Quels autres outils d'analyse utilise le SPW Environnement dans le cadre de la stratégie « biodiversité 360° » ?
  • Réponse du 01/09/2022
    • de TELLIER Céline
    La société BeeOdiversity propose effectivement une méthode très intéressante pour contribuer au monitoring local de la biodiversité qui peut servir de base à des recommandations ciblées. L'idée d'utiliser les abeilles pour effectuer du biomonitoring n'est pas neuve et cette méthode peut effectivement apporter des informations intéressantes sur l'environnement. Si elle permet d’estimer la prévalence des pesticides dans l’environnement, les données de ce type recueillies à une échelle locale demeurent toutefois délicates à interpréter. Seul un échantillonnage sur grand nombre de stations situées dans des contextes différents permet d'interpréter finement les résultats.

    Le SPW ARNE ne collabore pas avec la société BeeOdiversity, qui offre surtout ses services à des entreprises privées, mais il soutient plusieurs projets de ce type, en particulier les programmes « Polbees » financés par le CRA-W sur fond Moerman et « Beesyn » financé par le SPF.

    Dans le projet « Polbees », 80 ruchers ont été sélectionnés dans divers paysages de Wallonie (prairies, vergers, cultures, zones urbaines) et des nichoirs à abeilles solitaires ont aussi été placés sur chaque site. Du pollen y est ensuite collecté et des analyses de composition en pesticides, de composition nutritionnelle et des plantes butinées sont effectuées. Cette méthode permet d’identifier quelles sont les zones les plus contaminées par les pesticides (en fonction du paysage par exemple), à quels pesticides les abeilles sont réellement exposées (ceux-ci ne sont toujours corrélés aux ventes, par exemple) et parfois de mettre en évidence un lien avec les plantes butinées ou avec les saisons. Les analyses de laboratoire sont maintenant presque terminées et le CRAW commence à analyser statistiquement les données.

    La méthode se basant sur le pollen collecté par les abeilles présente un intérêt plus limité en ce qui concerne l’inventaire de la flore dans un secteur donné. En effet, la liste des plantes visitées par les abeilles ne comprend que les plantes fécondées par les insectes, oubliant celles fécondées par d’autres moyens (vent, eau, autogamie) ou celles dont les ovules ne nécessitent pas de fécondation (apomixie, viviparité). En outre, la liste obtenue est biaisée par les préférences alimentaires de ces insectes. Cela ne remplace donc pas des inventaires botaniques de terrain directs qui sont plus complets, tout en étant plus rapides et fiables, car l’identification des plantes entières est plus aisée que celle basée sur les grains de pollen.

    Actuellement, le monitoring de la biodiversité, coordonné par le DEMNA, est basé sur le suivi de quelques groupes d’organismes indicateurs tels les oiseaux, les chauves-souris, les amphibiens et reptiles, les poissons, les papillons de jour et les libellules, ceci depuis plus de 30 ans (programme ISB, pour « Inventaire et Surveillance de la Biodiversité »). Des relevés botaniques sont par ailleurs effectués par le DEMNA dans le cadre de la cartographie des habitats naturels et semi-naturels. D’autres groupes animaux et végétaux seront possiblement ajoutés aux programmes de monitoring existants.

    Le projet de Stratégie biodiversité 360° se base sur la connaissance de l’état de la biodiversité résultant des inventaires coordonnés par le DEMNA, sur les résultats des ateliers de la biodiversité, sur l’avis émis par le Comité scientifique à l’issue de ces ateliers, sur les propositions issues des groupes de travail spécifiques et sur les orientations fixées à l’échelle internationale. Ce projet sera complété par une analyse des pressions et outils prévue dans le cadre du rapport sur les incidences environnementales.