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La vulnérabilité des réseaux électriques face aux risques climatiques

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 867 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 03/06/2022
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Comme en attestent les inondations récentes dont fut victime une grande partie de la Wallonie, ainsi que des événements de fortes chaleurs ou de vents violents, les infrastructures des lignes des réseaux électriques sont souvent directement et lourdement impactées !

    Le changement climatique n'est donc en rien une réalité lointaine ni dans le temps ni dans l'espace. Ses effets sont visibles et risquent de s'accentuer !

    L'adaptation desdits réseaux au changement climatique apparaît indispensable !

    Monsieur le Ministre et son administration ont-ils pu décrire les risques auxquels sont potentiellement soumis les réseaux ?

    Quels sont-ils et quel est le document de référence ?

    Quelles sont les stratégies d'adaptation mises en œuvre par les gestionnaires de réseaux en réponse à la plupart des aléas climatiques ?

    Quelles sont les difficultés rencontrées et les solutions avancées ?

    Des évaluations budgétaires sont-elles disponibles et quelles sont-elles ?

    La couverture assurantielle a-t-elle été adaptée ? Quand et comment ? Est-elle suffisante au regard des expériences vécues ?

    Existe-t-il une enceinte de dialogue pour permettre d'aborder la problématique de l'adaptation des réseaux entre parties prenantes ? Quelle est-elle, qui la compose et quelle est la fréquence de réunions ?

    Pour dépasser les difficultés, l'organisation d'exercices est-elle programmée et réalisée ?

    Quand et où furent-ils mis en œuvre et quelles conclusions furent-elles tirées ?

    Ces enjeux sont-ils territorialisés à une échelle plus locale ? Comment ? Font-ils émarger des diagnostics et aboutissent-ils à des plans d'action ? Sont-ils publics et consultables ?
  • Réponse du 24/08/2022
    • de HENRY Philippe
    La résilience des réseaux de distribution d’électricité aux aléas climatiques et aux épisodes météorologiques extrêmes est un point d’attention incontournable dans le contexte actuel.

    L’électrification accrue de la mobilité et des systèmes de chauffage nécessitée par la transition énergétique va encore renforcer le caractère crucial de cette résilience. Il s’agit donc d’une question centrale des politiques industrielles des gestionnaires de réseaux.
     
    Les plans d’investissements des différents GRD intègrent d’ailleurs déjà de nombreuses mesures y relatives. Par exemple, la priorité donnée à l’enfouissement des lignes moyenne tension. Ainsi, en 2021, ce ne sont pas moins de 754 km de câbles qui ont été enfouis pour seulement 102 en dérogation pour non-enfouissement. Grâce à cela les dégâts pouvant être provoqués par les vents violents, tempêtes et épisodes neigeux extrêmes sont évités.

    Par ailleurs, les GRD appliquent une politique de remplacement des vieux câbles Papier Plomb vétustes et des réseaux en cuivre nu, ils remplacement les poteaux en bois et ont une politique d’élagage préventif. De plus, concernant les portions de réseaux aériens continuant à être exposés à ces risques spécifiques, les GRD disposent de tous les procédures et plans d’organisation nécessaires permettant de faire face aux pires aléas.

    De même, afin d’éviter au maximum les dégâts causés par les inondations, ils limitent au maximum l’installation des cabines réseau dans des zones potentiellement inondables. Il convient toutefois de rappeler que les installations des GRD doivent être situées à proximité directe des consommateurs.

    Si ceux-ci se situent dans une zone inondable, cela implique donc que certains équipements du GRD risquent d’être situés dans ces zones et qu’ils resteront donc susceptibles d’être impactés par les conséquences d’aléas climatiques.
    Néanmoins, suite aux inondations de 2021 des réflexions complémentaires sont en cours pour les réseaux dans les zones à risque d’inondation, de sorte à pouvoir réduire la probabilité de coupures comme en déplaçant certaines cabines.

    De l’autre côté, ils prennent des mesures en vue d’accroître la capacité à mitiger les incidents et à retrouver rapidement un fonctionnement normal après une perturbation, par exemple à travers le déploiement de capteurs et télécommandes à distance afin de limiter les durées d’interruptions, le déploiement d’indicateurs de courant de défaut afin de déterminer plus facilement la localisation du défaut ou encore la restructuration du réseau et les bouclages pour pouvoir réalimenter plus facilement en cas de sinistre sur une partie du réseau.

    Le retour d’expérience suite aux inondations a également été l’occasion pour Ores d’améliorer ses plans d’organisation en cas d’incidents et de renforcer la communication avec les autorités dans les situations de crise. L’organisation de l’entreprise permet aussi de balancer temporairement des ressources en cas d’événement ne frappant pas l’ensemble du territoire, tel que les inondations.
     
    Tant Ores que Resa reconnaissent qu’il n’y a pas de difficultés techniques particulières concernant l’enfouissement des lignes et les outils de télégestion. Pour eux, la difficulté principale est le coût associé à ces travaux qui doivent s’inscrire dans une enveloppe d’investissement fermée, fixée par la CWaPE. Il s’agit donc d’arbitrages budgétaires internes : par exemple ce qui est investi dans de l’enfouissement, ne pourra pas l’être dans du renforcement de réseau pour accueillir plus de renouvelables. De même, selon eux, l’accroissement de cette résilience ne sera possible que si des moyens suffisants sont octroyés aux gestionnaires de réseaux pour soutenir les investissements dans les réseaux dans un contexte de transition énergétique.

    Concernant les évaluations budgétaires, celles-ci sont reprises dans les plans d’investissements validés par la CWaPE. Pour Resa, sur la période 2022-2028, les investissements en matière de résilience des réseaux représentent environ 30 millions d’euros. Il s’agit toutefois d’investissement qui permet de répondre partiellement aux conséquences connues des aléas climatiques.

    Chez Resa, à ce jour la couverture assurantielle n’a pas été adaptée, mais ils mènent une réflexion afin d’analyser l’opportunité d’élargir cette couverture. Cependant, plus de 80 % de leurs réseaux sont constitués de câbles, poteaux et canalisations et à leur connaissance, aucun assureur belge ne souhaite les couvrir en risque complet lié à des catastrophes naturelles.
    Si d’aventure, un assureur étranger voulait couvrir ce risque, les taux de primes varieraient entre 2 et 5 % de la valeur du réseau soit un coût minimum de 60 000 000 euros par an pour RESA. Il a donc été décidé de ne pas assurer cette partie du réseau vu l’impact conséquent sur les tarifs qu’aurait une telle couverture. En revanche, les cabines et sous-stations les plus importantes étaient bien assurées avant les inondations et continuent à l’être.

    Concernant les risques qui pèsent sur les réseaux, suite aux réunions de crises en présence des GRD qui ont eu lieu après les inondations, des aménagements prioritaires ont été envisagés et l’excellente collaboration et entraide entre les différents GRD a été constatée. Dans ce cadre, des rapports ont été établis par les GRD pour expliquer les synergies existantes entre elles et celles qui pourraient être menées dans le futur. Le Gouvernement encourage les GRD, dans le cadre de la nécessaire modernisation des réseaux, à rechercher le maximum de synergies (achats en commun, développement conjoint d’applications informatiques…) afin de réaliser la Transition Energétique au moindre coût. La CWaPE encourage également les GRD dans le même sens en les encourageant financièrement à baisser au maximum leurs coûts gérables.