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Le soutien wallon à la filière viandeuse

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 725 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 13/06/2022
    • de CASSART-MAILLEUX Caroline
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Le secteur agricole rencontre de nombreuses difficultés et la viande bovine ne fait pas exception à ce triste constat. En effet, alors que la Belgique est un des pays européens où l'on mange déjà le moins de viande par an et par habitant, l'agribashing est presque permanent dans un secteur pourtant essentiel.

    Le rôle de l'agriculture et donc, in fine, de l'alimentation est primordiale, plus encore en cette période de guerre en Ukraine. Le procès constant à l'égard des agriculteurs détruit tout un secteur et il faut, chaque jour, redoubler d'efforts pour véhiculer une image positive et réaliste des avantages de l'agriculture locale, familiale et wallonne.

    À cet égard, votre homologue bruxellois a présenté les grandes mesures de son Plan Air-Climat-Energie, dont un des objectifs est une réduction de 50 % de la consommation de viande d'ici 2050. Pour l’homologue bruxellois de Monsieur le Ministre, je cite, « la viande n'est pas forcément bonne pour la santé - en tout cas la viande rouge - et elle est mauvaise pour l'environnement ». Son objectif est donc de décourager les Bruxellois à consommer de la viande. Plus spécifiquement, il cible les cantines, les maisons de repos ainsi que les hôpitaux où, dit-il, il n'est pas normal que la viande arrive automatiquement dans l'assiette.

    Monsieur le Ministre a-t-il pris connaissance des propos de son homologue bruxellois ? Quelle est sa réaction à ce sujet ? Un échange a-t-il eu lieu avec son collègue ?

    Après ces propos, comment va-t-il mettre en avant la qualité reconnue de l'élevage wallon ?

    Ne serait-il pas intéressant de réduire la viande exportée et de favoriser la viande wallonne et, plus largement, belge ?
  • Réponse du 06/07/2022
    • de BORSUS Willy
    La question de l’honorable membre m’oblige à déclarer que je ne peux que laisser à mon collègue bruxellois la responsabilité de ses propos sur l’élevage et la consommation de viande. Rare sous les experts en matière de nutrition et de santé qui contestent le fait que la viande a sa place dans une alimentation équilibrée. Cela ne signifie pas qu’il faille tourner le dos à la vérité et l’objectivité. L’élevage est effectivement une activité économique qui, comme les autres, a des impacts environnementaux, mais, avec une part de 13 % en ce compris le transport agricole, ce dernier reste nettement moindre que ceux de l’industrie (31 %), le transport routier (22 %) et le secteur résidentiel (16 %). Personne ne conteste non plus que l’élevage, de par son usage des prairies permanentes, est un contributeur au captage du carbone.

    D’un point de vue alimentaire, ensuite, nous savons que la consommation de viande doit rester raisonnable et que, en l’espèce, les limites de l’appréciation peuvent quelque peu varier en fonction du profil des consommateurs : hommes, femmes, jeunes ou moins jeunes. Globalement, au niveau de l’OMS ou d’autres acteurs comme le Conseil supérieur de la santé, la quantité maximum de 500 grammes de viande rouge par semaine est généralement citée et il est conseillé d’alterner entre les différentes sources de protéines. Mais dans aucun cas, il n’est conseillé de supprimer la consommation de viande. Notons, en guise d’exemple, que l’AViQ, dans son guide nutrition à destination des MR/MRS, indique clairement que les alternatives végétales ne peuvent être considérées comme des plats protidiques dans l’alimentation des personnes âgées. La stratégie des cantines durables, quant à elle, se concentre sur l’objectif de composition locale des assiettes ou issue des circuits courts à hauteur de 50 % en 2030. Mais encore une fois, il n’est pas question de supprimer la viande des assiettes.

    Bref, j’ai envie de dire que les écarts de point de vue sur l’élevage et la consommation de viande, aussi légitimes soient-ils, doivent gagner en nuance et en sérénité. Je trouve dommage, en effet, que la question de la consommation de la viande se pose trop souvent de manière manichéenne, sans faire la différence entre l’élevage objectivement extensif et de qualité que l’on trouve en Wallonie et l’élevage intensif que l’on trouve dans d’autres régions du monde et même d’Europe.

    L’APAQ-W mène un travail important pour mettre en évidence les spécificités de notre élevage et encourager la consommation locale. De nombreux exemples de ce travail peuvent être cités. Une campagne de promotion cofinancée par l’Union européenne a permis à l’Agence de promouvoir l’image d’une production authentique, notamment auprès du secteur HORECA. L’exposition « De la terre à l’assiette », qui rassemble 50 portraits photos de nos éleveurs - dont une vingtaine d’éleveurs de bovins – accompagne la diffusion du livre du même nom. Cette exposition s’est arrêtée ou s’arrêtera dans différentes villes de Wallonie et au-delà : Namur, Mons, Charleroi, Louvain-La-Neuve, Libramont, Bruxelles (ou Ciney), Liège et Marche-en-Famenne. L’objectif de l’exposition et du livre est « d’humaniser » la perception du travail des éleveurs et de mettre en évidence leur lien avec la terre. Ce travail d’information passe aussi par du matériel pédagogique objectif et de qualité, mis à disposition des écoles.

    Outre les actions que je viens de citer, mais aussi les campagnes de promotion génériques, menées pour partie en collaboration avec le VLAM et la grande distribution, j’aimerais encore mettre en avant la place de l’élevage dans la stratégie #jecuisinelocal de l’APAQ-W, avec des publireportages et des campagnes menées sur les réseaux sociaux. Cette stratégie est appelée à s’amplifier avec des outils digitaux de plus en plus performants.

    L’enjeu que l’honorable membre soulève est finalement bien là : soutenir la consommation de viande locale en tenant compte de valeurs qui touchent à l’environnement, la traçabilité et la dynamique économique agricole que je veux continuer d’insuffler en Wallonie.