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La concertation entre le Service Public de Wallonie Mobilité et Infrastructures (SPW MI) et les gestionnaires des barrages-réservoirs

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 904 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 13/06/2022
    • de SCHYNS Marie-Martine
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    La Commission d'enquête parlementaire chargée d'examiner les causes et d'évaluer la gestion des inondations de juillet 2021 en Wallonie a rendu son rapport final fin mars. Ce rapport contient 161 recommandations qui sont le fruit d'un long travail d'analyse et de recherche. Le 21 avril dernier, le Gouvernement se répartissait l'exécution de chacune de ces recommandations. Le COSTRA doit par ailleurs remettre au Gouvernement une première analyse courant de ce mois de juin.

    J'aimerais interroger Monsieur le Ministre sur le suivi qu’il accorde à la mise en œuvre des recommandations n° 90 à 95 relatives à la concertation entre le SPW MI et les gestionnaires de barrages, en particulier la SWDE. La Commission d'enquête parlementaire a, notamment, pu mettre en évidence les questions liées à la gestion de la réserve d'empotement en cas d'importantes précipitations et la nécessité de revoir les notes de manutention des différents barrages.

    Monsieur le Ministre a-t-il pu mettre en œuvre ces recommandations ?

    A-t-il initié une concertation avec sa collègue en charge de l'Environnement concernant la révision du contrat de gestion de la SWDE ?

    A-t-il pris l'initiative de lancer la révision de la convention entre la SWDE et le SPW MI ?

    Les notes de manutention sont-elles en cours de révision ? Une gestion anticipative des précipitations est-elle mise en œuvre ?

    L'équipement des barrages est-il revu afin de permettre de mieux évaluer l'impact du ruissellement sur la gestion des ouvrages et permettre un délestage plus rapide ?

    Les impacts de ces lâchers et les aménagements nécessaires en aval des barrages-réservoirs sont-ils étudiés ?

    Ces études seront-elles bientôt disponibles ? Les autorités locales sont-elles associées à cette réflexion ?

    Des moyens financiers ou humains supplémentaires sont-ils nécessaires au niveau wallon ? Si oui a-t-il sollicité ces moyens dans le cadre de l'ajustement budgétaire ?
  • Réponse du 04/04/2023
    • de HENRY Philippe
    De manière à intégrer les éléments nouveaux et imprévisibles qu’ont constitués les intempéries de juillet 2021 dans le mode de gestion du barrage d’Eupen, la courbe de manutention a été revue fin décembre 2021 pour augmenter le volume d’empotement minimum.

    Compte tenu de l’importance de garantir l’approvisionnement en eau brute à la SWDE, la fraction destinée à la production d’eau potabilisable n’a pas été modifiée et le barrage conserve donc toujours sa capacité à fournir de l’eau potabilisable pendant 2 années de sèches consécutives, en se basant sur les données statistiques d’années de sécheresses historiques.

    L’adaptation de la courbe de manutention constitue une mesure transitoire pour faire face aux nouveaux éléments hydrologiques de juillet 2021, ceci dans l’attente d’une révision plus profonde des courbes de manutention et du mode d’exploitation en général qui seront basés sur une modélisation plus fine des bassins versants amont des barrages.

    Par ailleurs, les notes de manutention (c’est-à-dire les recueils d’instructions de gestion) des barrages de la Gileppe, d’Eupen et de Nisramont ont également fait l’objet d’une révision périodique en mai dernier. Les principales adaptations concernent la redéfinition des certaines cotes de références, la clarification des conditions (hauteurs d’eau ou débits de sortie) nécessitant un contact avec le Centre Régional de Crise et de la Direction de la Gestion hydrologique, l’introduction d’un tableau indicatif des temps de propagation d’une onde dans la rivière, et l’introduction d’un chapitre sécheresse.

    De même, la révision des notes de manutention des barrages du complexe de l’Eau d’Heure et du barrage du Ry de Rome est en cours de finalisation.

    Ces documents sont évolutifs et pourront être davantage revus lorsque des modélisations des bassins versants amonts des barrages auront été réalisées.

    Afin d’apporter une première réponse à cet enjeu de la modélisation des bassins versants amont des barrages, un groupe de travail a été créé avec la Direction de la Gestion hydrologique, la Direction des Barrages-réservoirs et un prestataire extérieur (UCL) afin de travailler sur un modèle mathématique dynamique des bassins amonts des barrages. Le livrable attendu consiste en un outil de prévision des niveaux des lacs basés sur les pluies tombées, les débits entrants dans les lacs, les prévisions météorologiques, ainsi que les restitutions programmées. Il s’agit d’un outil qui sera dédicacé à la gestion de crues à venir, mais qui restera évidemment tributaire de la qualité des prévisions météorologiques et de leur horizon temporel (quelques jours au maximum).

    Lorsqu’il sera opérationnel, courant 2023 pour le barrage d’Eupen, il apportera une aide à la décision des opérations de restitution en cas de crue.

    Par la suite, un outil encore plus global devra être élaboré afin de permettre une gestion à plus longue échéance, intégrant tous les aspects de la gestion d’une réserve de barrage : fourniture d’eau brute, restitution rivière, écrêtage de crue, turbinage, paramètres d’infiltration du sol... Une fois le modèle établi, son intégration dans les notes de manutentions pourra être discutée et aboutir sur une flexibilité des courbes de manutentions suivant les prévisions météorologiques. Toutefois, la Direction des Barrages-réservoirs ne dispose pas encore des ressources humaines nécessaires pour lancer cette étude métier qui comporte des composantes à la fois stratégiques et opérationnelles fortes.

    Le SPW MI est en contact régulier avec la SWDE sur les différents sujets liés à la gestion des réserves d’eau potabilisable.

    En ce qui concerne la réalisation d’éventuels aménagements en aval des barrages afin de permettre une augmentation des capacités de restitution (recommandation 99), il s’agit en effet d’un point important. Ces aménagements permettraient de disposer de meilleures capacités de restitution, ce qui est nécessaire pour faire face à des situations où le gestionnaire ne dispose que de peu de temps pour effectuer des lâchers d’eau.

    En ce qui concerne la vallée de la Vesdre, ce point est en partie intégré dans la réflexion du master plan Vesdre, avec un focus hydraulique sur la Ville d’Eupen. Une fois les conclusions connues, il sera nécessaire d’évaluer les solutions possibles pour atteindre une augmentation des capacités de restitution tout en gardant une attention spécifique à l’intégration urbanistique et à la qualité environnementale de tout aménagement. À ce titre, la rivière devra continuer à présenter un lit mineur adapté à une large gamme de débits, allant de la sécheresse à la crue, tout en préservant sa fonction environnementale vis-à-vis de la faune et de la flore.

    Pour ce qui est de la question du budget et des ressources humaines nécessaires pour mettre en œuvre ces recommandations, j’ai présenté au Gouvernement un plan d’actions du SPW MI qui comprendra ces différents aspects.