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La mise à l'emploi des primo-arrivants

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 553 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 14/06/2022
    • de AHALLOUCH Fatima
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    En Wallonie, plus de la moitié (51,3 %) des étrangers non européens âgés de 25 à 64 ans ne sont ni à l'emploi ni à la recherche d'un emploi, selon une étude menée par des chercheurs de l'UGent relayée par La Libre et Het Belang Van Limburg.

    Lors de sa dernière interview, la directrice générale du FOREm confirmait que, depuis 2016, 17 000 primo-arrivants se sont inscrits au FOREm et que la moitié seulement a suivi un accompagnement spécifique.

    Madame la Ministre confirme-t-elle les chiffres cités en Région wallonne ? Quels sont les obstacles empêchant un non-Européen de rechercher un emploi et comment les éviter ?

    Pour les femmes, les chiffres de non-emploi sont de 60 %. Si l’on compte les demandeurs d'emploi à long terme, la part est beaucoup plus élevée. Quelles sont les mesures mises en place pour soutenir plus spécifiquement ce public cible au niveau de l'activation d'un emploi ? Plus généralement, quels sont les processus revus afin de permettre un accompagnement spécifique aux primo-arrivants ?
  • Réponse du 30/06/2022
    • de MORREALE Christie
    Depuis le 1er janvier 2016, 19 219 personnes migrantes (demandeurs de protection internationale, réfugiés et les personnes qui bénéficient d’une protection subsidiaire ou temporaire et qui résident depuis moins de 3 ans en Wallonie) ont été enregistrées au FOREm. Parmi elles, 9 165 personnes sont entrées en accompagnement. Parmi ces 9 165 personnes, 3 724 sont entrées en formation, et 6 174 ont connu au moins 1 jour dans l’emploi salarié belge, soit 67,3 %.

    Les obstacles principaux à l’insertion sur le marché de l’emploi sont les suivants :
    - la durée de validité du titre de séjour des demandeurs de protection internationale est de 3 mois renouvelables. Les titres de séjour ne sont pas toujours renouvelés dans les délais avec comme conséquence que ces personnes ne peuvent rester inscrites valablement dans les services de l’emploi, elles ne peuvent donc plus bénéficier de l’offre de service du FOREm (accompagnement, formation…).
    - les qualifications portées par les personnes sont généralement assez faibles au regard des demandes des entreprises, certaines ne maitrisent pas ou très peu le français, d’autres sont analphabètes. Les personnes plus hautement qualifiées rencontrent le problème de l’équivalence de leurs diplômes comme les profils médicaux (médecin, infirmier…).
    - la mobilité est également un obstacle. Les demandeurs de protection internationale sont en Wallonie majoritairement hébergés dans des centres d’accueil situés dans des zones rurales où le transport en commun est moins développé, voire inexistants.
    - la discrimination à l’embauche est un autre obstacle.
    - enfin, la garde des enfants, particulièrement pour les femmes isolées.

    Quant aux actions visant spécifiquement l’intégration des femmes issues de l’immigration, il n’y a pas de mesures spécifiques. Elles sont accompagnées par les conseillers FOREm spécialisés dans l’accompagnement des publics migrants et, au besoin, orientées vers des partenaires qui organisent des activités spécifiques pour les femmes. En effet, plusieurs opérateurs agréés par la Région wallonne pour la prise en charge de publics éloignés de l’emploi sont spécialisés dans la prise en charge de publics féminins. Citons Vie Féminine, Service d’Orientation et de Formation pour Femmes à la recherche d’un Travail-Collectif contre les Violences familiales et l’Exclusion (SOFFT-CVFE), La Maison des femmes d’ici et d’ailleurs, Collectif femmes, la Bobine, etc.

    Des mesures ont été prises à partir de 2016, suite à la crise des réfugiés syriens de l’été 2015, pour un accompagnement vers l’emploi des publics primo-arrivants. Le Gouvernement wallon, en complément du parcours d’intégration confié aux Centres régionaux d’intégration (CRI), a chargé le FOREm de coordonner le trajet d’insertion vers l’emploi du public primo-arrivant en renforçant l’offre existante : celle du FOREm (pour l’identification des compétences et l’orientation vers des offres d’emploi ou de prestations formatives adaptées) et celle de partenaires désignés (CISP, MIRE, CPAS et SAACE, par le financement de places supplémentaires dans leur offre structurelle et/ou par le financement d’actions complémentaires).

    Depuis lors et grâce à ces moyens additionnels, le FOREm :
    - a renforcé son offre de services aux primo-arrivants par la création de « cellules migrants », dotées de conseillers spécifiques ; des cellules qui collaborent étroitement avec les CRI ainsi que les centres d’accueil (Fedasil, Croix-Rouge) et qui pilotent des projets et/ou des modules de formation dédiés, en fonction des priorités territoriales (4 cellules en tout) ;
    - a développé une offre « FLE » (français langue étrangère) axée compétences clés-métier pour développer la langue du travail de façon complémentaire avec l’offre portée par d’autres opérateurs et développe une offre « FLE » métier plus structurel ;
    - facilite l’accès à la formation qualifiante pour le public francophone et allophone, par la mise en place de remédiation au niveau des compétences de base (français et mathématiques) en fonction des résultats des tests de positionnement ;
    - développe plusieurs projets spécifiques liés à l’accompagnement vers l’emploi des publics migrants dans le cadre d’Interreg ou des fonds européens AMIF ou encore du FeBi (Fonds de formation et Fonds Maribel fédéraux et bruxellois actifs au sein du secteur non marchand) ;
    - a lancé deux appels à projets afin d’étendre la diversité d’opérateurs en incitant le développement de modules destinés aux publics extraeuropéens et ciblés sur l’apprentissage du français directement lié à l’exercice d’un métier ou à la recherche active d’emploi, sur des actions de mentorat ou sur la mobilité ;
    - a mis en place une collaboration avec le Sétis wallon pour offrir au public cible des prestations d’interprétariat dans certaines langues, notamment lors de leur accompagnement auprès des conseillers spécialisés du FOREm ;
    - a conclu une convention-cadre avec les CRI déclinée en conventions de partenariat particulières au niveau territorial afin de fluidifier le parcours vers l’emploi des primo-arrivants.

    Ces mesures sont appelées à être encore renforcées dans le cadre du Plan de relance de la Wallonie.