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Le manque d'investissement du Gouvernement wallon dans le tourisme gastronomique

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 389 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 14/06/2022
    • de GOFFINET Anne-Catherine
    • à DE BUE Valérie, Ministre de la Fonction publique, de l'Informatique, de la Simplification administrative, en charge des allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière
    Le tourisme est un secteur important en termes d'emplois, tout comme le secteur de l'HORECA.

    Le guide gastronomique Michelin, édition 2022, a remis ses étoiles, et le bulletin de la Wallonie, au regard de celui de la Flandre, n'est franchement pas bon. Cette année, 16 établissements reçoivent leur première étoile. La majorité d'entre eux sont situés en Flandre, excepté trois en Wallonie. L'écart se creuse donc encore un peu plus entre les deux Régions.

    Une figure emblématique de notre gastronomie wallonne, 2 étoiles au Michelin, tire la sonnette d'alarme, car il estime que les Wallons devraient être « plus combatifs » en ce domaine. Il a déjà décidé de prendre les choses en main, en réunissant un groupe informel, sans compter sur le Gouvernement wallon et les pouvoirs publics. Il estime que la gastronomie devrait être plus liée au tourisme, comme cela se fait dans d'autres régions, comme en Flandre, ou dans d'autres pays, comme en Espagne ou dans les pays scandinaves.

    Selon lui, la gastronomie est un catalyseur qui fait voyager les gens, qui valorise les atouts d'une région, son image, ainsi que ses (petits)-producteurs. C'est une opinion que, personnellement, je partage tout à fait !

    Quelle est la position de Madame la Ministre ?

    Selon elle, que manque-t-il à la Wallonie pour que des chefs osent ouvrir des restaurants ambitieux ?

    Ne conviendrait-il pas de mieux soutenir et faire rayonner la gastronomie et culture gastronomiques wallonnes, dans le cadre de votre politique wallonne du tourisme ?

    Quelle est sa vision à long terme ?

    Envisage-t-elle de prendre des mesures dans les mois qui viennent, en collaboration avec les cuisiniers, restaurateurs, écoles hôtelières, producteurs et acteurs de terrain, pour que puissent se créer plus de bonnes tables, pour promouvoir celles-ci, et pour transmettre des savoir-faire aux jeunes motivés par la gastronomie ?

    Un groupe de travail spécifique à la gastronomie wallonne ne devrait-il pas être mis en place ?
  • Réponse du 06/07/2022
    • de DE BUE Valérie
    Dans la dernière enquête clientèle menée par l’OwT en 2019-2020 sur 5 000 Belges, Néerlandais, Français, Allemands et Britanniques, la gastronomie est la 2e activité la plus pratiquée en Wallonie par les principales clientèles qui y sont en séjour, de manière par ailleurs assez égale quelle que soit la nationalité d’origine de ces clientèles, après les promenades à pied et à vélo.

    Parmi les activités les plus appréciées des voyageurs, les cours de cuisine, les visites de fermes, de producteurs locaux (en lien avec l’intérêt croissant pour une consommation en circuit court, mais aussi avec la volonté de soutenir les communautés locales), de vignobles, de brasseries ou de distilleries.

    L’organisation de repas dans des lieux insolites, mais aussi la combinaison randonnée-dégustation de bières ou d’autres produits sont également des activités particulièrement appréciées.

    Il est de notoriété publique que les touristes apprécient déguster la cuisine locale lorsqu’ils visitent la Wallonie et beaucoup de restaurants et opérateurs touristiques en proposent sans être pour cela étoilés au Michelin. La gastronomie fine, si elle constitue un atout et un produit d’appel est loin d’être le seul élément d’attractivité en matière de gastronomie sur notre territoire.

    Outre les restaurants étoilés Michelin, la Wallonie compte de nombreux Bib Gourmand distingués par le Guide Rouge, ceux-ci se distinguant par leur rapport qualité-prix avantageux. La Wallonie, par ses bonnes tables de recettes locales et de terroir est tout aussi savoureuse à découvrir. La relation conviviale qui s’établit entre les clients et le restaurateur n’est que bénéfique pour fidéliser le touriste.

    Promouvoir le savoir-faire des opérateurs culinaires wallons fait d’ailleurs partie des conclusions de l’étude « Stratégie tourisme 2030 » menée en 2021 via l’identité « Culture, Patrimoine, Terroir et Talent ».

    Notre patrimoine culinaire est et sera toujours mis à l’honneur. C’est le cas dans deux initiatives que la Wallonie soutient et accompagne : le Festifood de Mons, comme événement, et le groupement de chefs Génération W, dont une des figures est d’ailleurs le chef doublement étoilé auquel l’honorable membre fait référence. Une évolution de ce projet est d’ailleurs en cours de réflexion, conjointement avec le cabinet du Vice-Président, Monsieur Willy Borsus.

    Avec ces deux organisations, nous travaillons déjà à redéfinir l’image d’une Wallonie terre de gastronomie qui ne s’attache pas tant à avoir des tables étoilées que des cuisines éclairées.

    En rétablissant et en valorisant les circuits courts, de la ferme à la fourchette, en mettant sur pieds des événements locaux permettant de faire connaître les producteurs qui sont derrière les grandes tables, nous voulons faire de chacun l’ambassadeur d’une alimentation de qualité qui soit empreinte de convivialité.

    Je tiens à rappeler que notre gastronomie et notre savoir-faire sont déjà mis en avant au travers de VISITWallonia.be au travers des producteurs locaux visitables. VISITWallonia propose notamment la carte des 89 brasseries à visiter en Wallonie et des 46 vignobles et distilleries à visiter en Wallonie. WBT travaille également au développement d’un nouveau produit autour des vins et châteaux et tables gastronomiques.

    J’ai pu avoir de nombreux contacts avec plusieurs chefs de renom ou plus discrets, mais aussi des observateurs avertis de la gastronomie wallonne.

    Leurs constats sont concordants :
    - la Wallonie ne manque ni de talents, ni de créativité, ni de bons produits ;
    - la main-d’œuvre de qualité pour assurer ce service est difficile à recruter et à conserver, eu égard aux contraintes de ce métier.

    Dans ce cadre, je compte donc organiser une table ronde de la gastronomie, qui se tiendra à la rentrée, regroupant des professionnels du secteur, bien sûr, mais aussi des critiques gastronomiques, des influenceurs, des enseignants en hôtellerie, des représentants de l’APAQ W afin d’établir avec eux une liste de recommandations.

    L’idée n’est pas forcément de créer plus de bonnes tables, mais de permettre à celles qui existent de grandir, de se stabiliser financièrement après la crise du Covid, de fidéliser une clientèle et pourquoi pas, de monter en gamme et un jour d’être reconnus et récompensés d’une étoile. Mais cela doit se faire dans l’ordre, sous peine de ne voir passer que des étoiles filantes.