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L'impact des éoliennes sur la biodiversité

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 654 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 14/06/2022
    • de ANTOINE André
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Le mouvement Les Engagés encourage, bien entendu, le développement de l'énergie verte en Wallonie. Néanmoins, ce développement ne peut et ne doit pas se faire au détriment de nos écosystèmes et de notre biodiversité.

    Par le biais de diverses études lors des premières implantations des éoliennes, nous étions conscients qu'il y aurait un impact sur la biodiversité. Néanmoins, au fur et à mesure des années, de nouvelles études mettent en lumière un impact bien plus important que prévu.

    Ainsi, récemment, plusieurs spécialistes ont analysé le cas des chauves-souris qui subissent la loi des éoliennes. En effet, selon le biologiste de la conservation Thierry Kervyn, chaque éolienne en Wallonie tue dix chauves-souris par an ! Mi-2021, selon Edora, il y avait 458 mâts en Wallonie. C'est-à-dire qu'en moyenne, il y aurait 4 580 chauves-souris tuées par an dans notre Région à cause des éoliennes.

    Deux raisons à cette mortalité : les collisions pures et simples avec les pales vu leur vitesse, mais aussi les « barotraumatismes », qui interviennent par le simple passage à proximité de l'éolienne.

    Quelle est la position de Madame la Ministre sur le sujet ?

    Alors que dans le cadre des études d'incidences sur l'environnement, l'impact sur la biodiversité est systématiquement étudié, comment explique-t-elle un tel impact sur les chauves-souris et sur certaines espèces d'oiseaux ?

    Que compte-t-elle mettre en place en collaboration avec ses collègues de l'Urbanisme et de l'Énergie afin d'instaurer un modus vivendi entre la biodiversité et les éoliennes ?

    Compte-t-elle modifier la réglementation en vigueur pour garantir une meilleure protection de certaines espèces ?

    Envisage-t-elle d'exclure l'implantation d'éoliennes de certaines zones du territoire wallon ?

    Va-t-elle mettre sur pied un observatoire de la biodiversité autour de certains parcs éoliens ?
  • Réponse du 01/09/2022
    • de TELLIER Céline
    De nombreuses études ont déjà évalué la mortalité des chauves-souris par les éoliennes, résultant des collisions directes, mais aussi de barotraumatismes (choc de pression). Cette mortalité varie notamment selon les espèces présentes, mais aussi selon le milieu dans lequel l’éolienne est implantée. Le chiffre de 10 individus tués par éolienne correspond à une fourchette haute, si on se réfère aux données disponibles dans la littérature et aux résultats d’une étude financée par mon administration réalisée en Wallonie en 2015 et disponible sur le site web de la biodiversité en Wallonie (http://biodiversite.wallonie.be/fr/publications.html?IDC=3981).

    Par ailleurs, cette mortalité de 10 individus par éolienne ne tient pas compte des mesures d’atténuation qui sont imposées de manière systématique en cas de détection de chauves-souris, et cela depuis plusieurs années, à savoir l’arrêt momentané des rotors lorsque les conditions sont favorables au vol des chauves-souris. L’étude de 2015 démontre que ces mesures permettent de diminuer drastiquement la mortalité (d’un minimum de 90 %). Selon les dernières données à disposition, environ 300 mâts (65 % des mâts wallons) sont actuellement soumis à ces mesures. Tenant compte de ces différentes informations, la mortalité totale de 4 580 chauves-souris par an dont il est fait état apparait surestimée.

    La règlementation, au travers des conditions sectorielles relatives aux parcs éoliens (AGW du 25 février 2021), a intégré le principe d’atténuer les impacts sur les chauves-souris. À terme, toutes les éoliennes wallonnes seront donc paramétrées de façon à permettre l'arrêt du rotor pour éviter au maximum la mortalité d’individus.

    L’impact sur la biodiversité est systématiquement évalué dans les études d'incidences sur l'environnement. En vertu de ces études et tenant compte des guides élaborés depuis 2013, mon administration impose régulièrement, dans les conditions des permis, des mesures visant à éviter, réduire ou compenser les impacts sur les habitats et espèces sensibles à l’éolien. D’un autre côté, le cadre de référence éolien de 2013 et le CoDt excluent déjà certaines zones du territoire wallon pour l’implantation des éoliennes. Je peux notamment citer les zones sous statut de protection à la Loi sur la Conservation de la Nature, dont les zones Natura 2000, les forêts feuillues…

    Depuis 2013, mon administration a travaillé pour instaurer un « modus vivendi » entre la biodiversité et les éoliennes. Elle a notamment développé des guides qui encadrent l’évaluation des enjeux et les mesures à prendre pour préserver la biodiversité. Ces guides sont utilisés par les agents en charge des remises d’avis, mais aussi par les bureaux d’études et ont été, pour partie, élaborés avec le secteur.

    Enfin, il est prévu d’améliorer le suivi de la biodiversité après implantation des éoliennes. Mon administration travaille actuellement sur plusieurs marchés publics concernant spécifiquement cet aspect.