/

Le "jour du dépassement"

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 643 (2021-2022) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 03/06/2022
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    A partir du 26 mars 2022, la Belgique a épuisé son crédit de ressources naturelles que la Terre est capable de produire en un an. D'après WWF, il faudrait 4,1 la planète si toute l'humanité devait vivre comme la Belgique !

    Où se situe la Wallonie par rapport à la date du 26 mars 2022 et quelle est la comparaison avec les autres entités régionales du pays ?

    Quelle est l'évolution de l'indice wallon sur les 10 dernières années ?

    Existe-t-il des objectifs et un programme précis à atteindre pour résorber le déficit écologique ?

    Quels sont-ils et comment se définissent-ils pour les prochaines années ? 

    Sont-ils coercitifs et comment s'exprime cette coercition ?

    Quel est le siège de la législation qui encadre l'exercice et que précise-t-elle ? 

    Quelles sont les actions prioritaires menées par le Gouvernement pour atteindre les résultats espérés ?

    Quel est l'organisme chargé de la surveillance et comment le Gouvernement est-il informé de tout éventuel dérapage ?
  • Réponse du 18/08/2022
    • de TELLIER Céline
    Depuis plus de 50 ans, l’augmentation du PIB est utilisée comme indicateur de mesure du développement humain. Cette utilisation est cependant de plus en plus largement critiquée. Le PIB est en effet un outil qui permet d’évaluer de façon globale un flux monétaire et de mesurer la création de richesse d’une région ou d’un État. Or le progrès social, le bien-être et la satisfaction de vie au sein d’une société ne dépendent pas que de sa prospérité économique, mais également d’autres critères, tels que la répartition des richesses, l’état de santé ou la qualité de l’environnement. Ainsi, si l’on s’intéresse à la seule dimension environnementale, on notera par exemple que le PIB ne comptabilise pas les services rendus par les écosystèmes (pollinisation, épuration de l’air et de l’eau …), n’attribue de la valeur au patrimoine naturel que s’il est exploité et ne comptabilise pas les dégradations de l’environnement liées aux activités humaines (perte de biodiversité, dégradation de la qualité de l’air …). Les atteintes à l’environnement telles que les pollutions peuvent même contribuer indirectement à l’augmentation du PIB, car elles génèrent des activités (services d’études et d’analyses, dépollution …) et des coûts de réparation.

    C’est dans ce contexte que des indicateurs complémentaires au PIB ont vu le jour. Parmi ceux-ci, on peut citer des indicateurs globalisés tels que l’indice de développement humain ou l’empreinte écologique. Cette dernière est vraisemblablement l’indicateur qui a été le plus médiatisé ces dernières années. Il exprime, en hectares globaux, la pression qu’exerce l’activité humaine sur les ressources renouvelables. En 2014, à la demande du Gouvernement wallon, l’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (IWEPS) a développé et calculé l’empreinte écologique de la Wallonie. Cette démarche s’inscrit dans un cadre plus global visant à développer pour la Wallonie des indicateurs complémentaires au PIB. L’empreinte écologique a ainsi été estimée à près de 5 hectares globaux par habitant en 2012. Il s’agit donc de la surface biologiquement productive de terre et d’eau nécessaire pour produire les matières biologiques qu’un Wallon consomme annuellement et pour absorber les déchets qu’il génère. Rapporté à l’offre, les Wallons ont utilisé une surface productive 2,2 fois plus grande que celle de la Wallonie. Cela signifie que le mode de consommation des Wallons dépasse les limites biophysiques associées aux ressources renouvelables du territoire, et qu’à l’instar de la majorité des pays européens, la Wallonie alimente une "dette écologique".

    En ce qui concerne l’empreinte écologique et la biocapacité, l'IWEPS est actuellement en attente de l'actualisation de la matrice input/output au niveau régional. L'empreinte carbone constitue la plus grande partie des utilisations que l'on trouve dans une empreinte écologique et que le Bureau fédéral du Plan mène actuellement son propre projet de calcul de l'empreinte carbone. Les résultats sont annoncés pour fin 2022, avec une déclinaison régionale.

    Au niveau des objectifs à atteindre pour résorber le déficit écologique, il est important de rappeler les 17 Objectifs de développement durable (ODD) que la Wallonie s’est engagée à mettre en œuvre et qui comportent des cibles relatives aux défis sociaux et environnementaux.

    La Wallonie adoptera prochainement sa 3e Stratégie de développement durable, dans laquelle elle se dotera d’objectifs chiffrés relatifs à ces 17 ODD. Ces objectifs, accompagnés d’indicateurs de suivi, constitueront une feuille de route pour l’atteinte des ODD en 2030 et pourront servir de référence pour mesurer les progrès accomplis par rapport aux différents enjeux sociaux et environnementaux. L’actualisation des indicateurs de suivi des ODD et l’analyse de leur évolution sont effectuées conjointement par l’IWEPS et la Direction du Développement durable.