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La vague d’hépatites infantiles d’origine inconnue

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 571 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 14/06/2022
    • de DURENNE Véronique
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Depuis un mois, des dizaines d'enfants sont touchés par une hépatite d'origine inconnue. L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a annoncé il y quelques jours avoir identifié 348 cas à travers quelque 20 pays, dont plus de 160 rien qu'au Royaume-Uni, et privilégie l'hypothèse d'un adénovirus pour expliquer cette mystérieuse maladie qui touche principalement les enfants.

    Après la découverte des 169 premiers cas, l'OMS avait indiqué que les virus des hépatites A, B, C, D et E n'avaient été détectés chez aucun des malades.
    La plupart des malades ont présenté des symptômes gastro-intestinaux, notamment des douleurs abdominales, des diarrhées et des vomissements, ou encore une jaunisse. Certains cas ont provoqué une insuffisance hépatique et ont nécessité une transplantation.

    Selon l'institut de santé Sciensano, trois cas ont pour l'instant été diagnostiqués en Belgique.

    Madame la Ministre dispose-t-elle d'informations plus précises concernant ces trois cas ?

    Dans la limite de ses compétences, quelles initiatives compte-t-elle prendre afin d'éviter une multiplication des cas, et plus largement dans le but de protéger nos enfants ?

    A-t-elle des contacts avec ses homologues fédéral, régionaux et communautaires ?
    Un plan de coordination va-t-il être mis en place ?
  • Réponse du 22/07/2022
    • de MORREALE Christie
    Selon le dernier rapport de l’ECDC, au 30 juin 2022, environ 473 cas probables et confirmés ont été signalés dans 21 pays dont 14 en Belgique depuis février.

    Jusqu'à présent, la plupart des patients pour lesquels des informations sont disponibles se sont rétablis, mais un certain nombre d'entre eux ont évolué vers une insuffisance hépatique aiguë et ont dû subir une transplantation du foie.

    Des enquêtes épidémiologiques et de laboratoires détaillées sur les cas sont toujours en cours pour aider à déterminer la cause sous-jacente. Les cas ont été testés pour une série de causes infectieuses différentes, et les agents pathogènes les plus fréquemment trouvés étaient l'adénovirus et le SRAS-CoV-2.

    Les premières enquêtes épidémiologiques sur les cas, basées sur un questionnaire épidémiologique standardisé et établi conjointement par l’OMS et l’ECDC, n’ont pas permis d'identifier une exposition commune à un facteur de risque précis (y compris les aliments, les médicaments ou les toxines).

    Sur la base de ces enquêtes, l'hypothèse principale actuelle est qu'un cofacteur affectant les jeunes enfants ayant une infection à adénovirus, qui serait bénigne dans des circonstances normales, déclenche une infection plus grave ou une atteinte hépatique à médiation immunitaire. D'autres étiologies (par exemple, d'autres agents infectieux ou toxiques) sont encore à l'étude et n'ont pas été exclues, mais sont considérées comme moins plausibles.

    La pathogénie de la maladie et les voies de transmission sont également encore inconnues. La maladie est assez rare et les preuves de la transmission interhumaine ne sont pas claires ; les cas découverts en Europe sont sporadiques et la tendance n'est également pas claire. Par conséquent, le risque pour les enfants en Europe ne peut être évalué à ce stade avec précision.

    Toutefois, compte tenu des cas signalés d'insuffisance hépatique aiguë, dont certains ont nécessité une transplantation du foie, l'impact potentiel sur les enfants affectés est considéré comme élevé. Compte tenu de l'étiologie inconnue, du fait que cela touche des enfants et de l'issue potentiellement grave, cette maladie constitue actuellement un événement de santé publique préoccupant.

    L’ECDC a rappelé à l’ensemble des pays membres de l’Union européenne qu’il était essentiel d'établir dès que possible une surveillance au niveau national afin de recueillir des informations épidémiologiques, cliniques, virologiques et autres, y compris des analyses toxicologiques, détaillées sur les cas.

    Au niveau de la Belgique, c’est le Risk Management Group (RMG) où se réunissent l’ensemble des entités fédérées dont la Région wallonne, la Fédération Wallonie-Bruxelles et le Fédéral qui est en charge du suivi et de la coordination des actions face à cette épidémie. La définition des cas a été fixée et un questionnaire pour récolter les données nécessaires à la compréhension de la situation et à l’enquête sur la cause a été fixé pour l’ensemble des entités fédérées.

    Par ailleurs le RMG a envoyé un courrier à l’ensemble des cercles de médecine générale et groupements de médecins afin de rappeler l’importance de déclarer les cas sur base du questionnaire mis à disposition sur le dispositif de déclaration obligatoire.

    En Région wallonne, c’est la cellule de surveillance des maladies infectieuses via le système de déclaration MATRA mis à disposition des médecins qui est en charge du suivi de la situation et des cas potentiels.

    Le RMG faisant un rapport au sein de la CIM Santé publique pour toute situation problématique et/ou cas d’alerte, il n’y a pas de CIM spécifique prévue à ce stade. La surveillance est active et l’ensemble des acteurs scientifiques et administrations de santé publique se mobilisent afin de trouver la cause et prévenir une épidémie de plus grande ampleur.