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L’hydrogène vert en Wallonie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 924 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 14/06/2022
    • de DESQUESNES François
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Le Plan de relance accorde une place importante au développement de l'hydrogène en Wallonie.

    Je souhaite interroger Monsieur le Ministre plus précisément sur l'hydrogène vert et sur son potentiel de développement.

    Quelle place l'hydrogène vert doit-il prendre selon lui dans le cadre de la transition énergétique et des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre ?

    Comment est actuellement fabriqué (ou envisagé de fabriquer) l'hydrogène vert en Wallonie ?

    Quels sont les projets soutenus financièrement par la Wallonie ?

    Quelles sont les applications concrètes relatives à l'utilisation de cet hydrogène ?

    Quel est le taux de productivité espéré pour fabriquer de l'hydrogène vert en Wallonie au départ des ressources d'électricité ?

    Si l'on souhaite stocker de l'électricité renouvelable (au moment où elle est surabondante) en hydrogène vert (pour le stockage) et ensuite la retransformer en électricité lorsque celle-ci est peu abondante (déstockage), quel est le ratio que l'on peut espérer au final réinjecter dans le réseau électrique par rapport à la production initiale ?

    Dans quelles circonstances, un tel stockage via l'hydrogène vert, serait-il rentable ?

    A-t-il fait étudier cette question ?

    Quel serait le prix de l'électricité finale d'un tel processus ?
  • Réponse du 25/08/2022
    • de HENRY Philippe
    Le paquet Fit-for-55 avait déjà placé une ambition relativement forte sur l’hydrogène et plus particulièrement l’hydrogène décarboné comme vecteur de transition pour les entreprises intensives en carbone. Le pouvoir d’électrification indirecte de certains pans industriels et de décarbonation de certains processus industriels comme l’électrification indirecte du transport lourd a permis de mettre l’accent sur l’hydrogène.

    Le récent plan RePowerEU confirme la place de l’hydrogène comme pilier de la transition en présentant des objectifs particulièrement ambitieux en autoproduction et en importation. Ces deux aspects doivent bien être pris en compte. FLUXYS, par exemple, est très actif sur ce second point de même que mon homologue fédérale. C’est bien sur le premier point que la Wallonie doit pouvoir être active à deux niveaux :
    - assurer une production locale à partir d’énergies renouvelables ;
    - garantir à l’industrie qu’elle pourra anticiper technologiquement la transition.

    En effet, actuellement, la Wallonie dispose de peu de capacités de production. Mais plusieurs gros projets sont actuellement en phase de lancement visant à doter notre Région de nouvelles capacités. La somme des projets excède largement les 100 MW de puissance production. S’agissant d’hydrogène vert, on parle essentiellement d’électrolyse d’eau à partir de sources renouvelables électriques. Certains projets restent également à l’étude sur des technologies de pyrolyse (hydrogène turquoise) ou de capture de carbone (hydrogène bleu).

    Les projets actuels sont financés soit par mes services, soit par ceux du Ministre de l’Économie via la Recherche et les Pôles. Je lui laisserai le soin de détailler les projets soutenus dans le récent appel qui a eu lieu ou dans le cadre de l’IPCEI.

    De mon côté, cinq projets sont en cours ou en phase de lancement. Il s’agit de projets dans le transport routier et/ou fluvial à partir d’hydrogène produit par électrolyse d’eau couplée, dans trois cas, à des sources d’énergies renouvelables et, dans deux, en régulation du réseau via les mécanismes de flexibilité. Le budget global de ces projets dépasse les trente millions d’Euros. L’hydrogène vert restant une technologie onéreuse.

    D’autres projets sont toujours à l’étude et pourraient être soutenus via un mécanisme à convenir, l’Europe préparant d’ailleurs un cadre financier plus favorable au soutien de projets dans ce domaine stratégique.

    Le taux de productivité reste difficile à définir. Techniquement, il dépendra de la capacité des électrolyseurs. Stratégiquement, il dépendra, avant tout et surtout, de la disponibilité en électricité. Le développement de la filière doit se faire en respectant les usages de l’électricité, pas en privilégiant une opportunité économique et environnementale à long terme au détriment du rôle que doit conserver l’électricité.

    En ce qui concerne la restitution d’électricité, il faut être lucide par contre. En l’état actuel des technologies, on dépasse généralement difficilement les 60 % de rendement de cycle. Il s’agit bien d’un enjeu technologique, pas d’une fatalité. Il y a quelques années, nous en étions seulement à 40 %. Je verrais donc plutôt la régulation électrique se faire, en l’absence de mieux, via des batteries ou des capacités de pompage hydraulique et un usage de l’hydrogène comme vecteur d’électrification.

    Le coût technologique étant ce qu’il est et même malgré un marché de la flexibilité commerciale qui serait de plus en plus rémunérateur, sans modification fondamentale du marché, en l’état, le rendement rendrait très peu intéressant le stockage électrique par hydrogène. En tout cas, suffisamment peu compétitif par rapport à d’autres technologies plus matures (je rappelle ainsi que le rendement de cycle sur les batteries ou le pompage-turbinage est de plus de 80 % avec des coûts d’investissement proportionnellement moindres).

    À lui seul, l’hydrogène, pris comme tel, dépend à la fois de l’investissement et du coût de l’électricité. Plus l’hydrogène sera produit près de la source d’électricité, moins cher il sera.

    Pour donner une comparaison très grossière, le prix d’hydrogène vert directement couplé à une éolienne sera trois fois plus cher que celui obtenu par vaporéformage de méthane.

    Lorsque l’électrolyse se fera sur le réseau, tout dépendra du coût de l’électricité et du type de marché dans lequel le contrat est fixé.