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Le soutien à la transition durable des élevages bovins dans le cadre de la nouvelle politique agricole commune (PAC)

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 734 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 16/06/2022
    • de KELLETER Anne
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Même si la race bovine blanc bleu belge représente encore 80 % du cheptel viandeux en Belgique, on note, depuis 10 ans, une diminution de 40 % des élevages de bêtes à robe bleue ou blanche en Wallonie. A contrario, on note une augmentation de 40 % des animaux à robe brune ou grise sur la même période. L'élevage bovin semble donc se diversifier.

    Quel soutien Monsieur le Ministre apporte-t-il à la transition durable des élevages bovins dans le cadre de la nouvelle PAC ?

    Quelles dispositions sont prévues afin de soutenir les producteurs pour leur cheptel sans diminuer la rentabilité dans leurs exploitations ?

    Quel soutien apporte-t-il à l'élevage de races alternatives au « Blanc Bleu Belge » ?
  • Réponse du 11/07/2022
    • de BORSUS Willy
    Les races de bovins ne sont reprises dans aucune base de données. Cependant, l’ARSIA permet de déterminer les robes à la naissance. Cette donnée est très dépendante de la perception des déclarants lors de leurs notifications des naissances.

    On peut distinguer 4 groupes de robe :
    * les bleus et blancs, assimilés aux BBB ;
    * les brunes, assimilées aux races viandeuses françaises telles que les limousines et les blondes ;
    * les noires et blancs, assimilés aux vaches laitières de type Holstein ;
    * les rouges et blancs, assimilés aux pies rouges.

    Alors qu’en laitier, on observe une augmentation du nombre de vaches à la robe noir et blanc, robe dominante, on observe en viandeux une augmentation de la diversité de robes. En 2010, 85 % du troupeau était de robe bleu et blanc. Ce chiffre a diminué en 2021 à 70 % au profit des races à la robe brune, principalement des robes de type brun clair. La diminution de bovins à la robe bleue et blanc (-290 000 têtes) n’est pas compensée par les robes brunes (+ 50 000 têtes).

    Toutefois, si l’on parle de transition durable des élevages bovins, il est important de ne pas se limiter à une question de race. En ce qui concerne notamment les émissions de gaz à effet de serre, les paramètres de cette émission sont multiples : citons l’indice de consommation, soit la quantité d’énergie consommée / gain de poids vif de l’animal, l’effet du régime alimentaire donné aux animaux sur leur rumination, le fait qu’ils pâturent ou non, la durée de la vie non productive de l’animal avant qu’il ne commence à produire, la longévité de l’animal, le rendement de la carcasse chez les animaux élevés pour leur viande, de la charge de bétail à l’hectare, etc. Pour beaucoup de ces paramètres, la race Blanc-Bleu Belge est reconnue comme l’une des races plus efficientes.

    Il faut objectiver plus précisément l’influence du facteur race et celle de tous les paramètres de management des troupeaux. La Wallonie a soutenu plusieurs projets scientifiques ces dernières années pour estimer les émissions de gaz à effet de serre des bovins et d’autres sont toujours en cours. Citons le projet Blanc-Bleu Vert, soutenu par le pôle Wagralim, qui est financé pour 4 ans à partir de cette année. Il est porté le CRA-W, Inovéo, la société Dumoulin et l’Université de Liège. Ce projet vise à atteindre une diminution de la production de gaz à effet de serre de 30 % d’ici 2030 en élevage de bovins allaitants. Les pistes suivies sont notamment la mise en place d’un système de mesure efficace, rapide et peu coûteux des émissions de gaz à effet de serre pour objectiver en permanence la situation des animaux individuels et des élevages, chercher les animaux les moins émetteurs et trouver les meilleures stratégies alimentaires qui permettent de réduire l’empreinte globale de la production de viande bovine.

    En matière de recherche, le CRA-W mène de nombreux projets visant à assurer la transition des exploitations détenant des bovins vers une meilleure rentabilité, une utilisation plus efficiente des ressources fourragères et une autonomie alimentaire accrue, en particulier sur le plan protéique. Citons à titre d’exemple les projets Vetabio, Effort, Autopro, Bio-Pro, Protecow.

    En matière d’encadrement, l’ASBL « Fourrages Mieux », en tant que centre-pilote agréé par la Région, travaille de façon continue pour le conseil et l’encadrement des éleveurs wallons au niveau de leur autonomie fourragère ainsi que de la gestion technique, économique et environnementale de leurs prairies.

    Concernant le choix de l’éleveur entre les différentes races bovines, la Wallonie soutient depuis 2003 la sélection de toutes les races bovines significatives dans notre Région, c'est-à-dire les races pour lesquelles un noyau d’éleveurs s’est constitué pour réfléchir et agir ensemble au développement de leur race. Ce soutien passe à travers l’ASBL Elevéo qui est au service de tous les éleveurs wallons de bovins, ovins, caprins et porcins notamment. En son sein, 11 races bovines disposent d’un comité de gestion autonome qui travaille au développement de leur race : parmi elles, 6 races laitières et mixtes, et les 6 races à viande Angus, Blanc-Bleu Belge, Blonde d’Aquitaine, Charolaise, Limousine et Salers.

    Au niveau du plan stratégique PAC 2023-2027, des modifications importantes ont été prises par rapport à la programmation actuelle afin de mieux soutenir :
    1) L’élevage de races alternatives au « Blanc Bleu Belge » au niveau du soutien couplé vache viandeuse :
    - le passage de la limite d’âge des vaches viandeuses éligibles au soutien couplé bovins viandeux de 84 mois (situation actuelle) à 120 mois (programmation 2023-2027) ;
    - la suppression des références, c'est-à-dire le nombre maximum d'animaux pouvant bénéficier d'une aide couplée attribuée à l'agriculteur sur la période 2015-2022 : Ce nombre de référence était calculé en partie sur la base du nombre de bovins femelles de type viandeux, entre 18 et 84 mois présents au prorata de l'année 2013. Le calcul de référence était donc défavorable aux races alternatives au « Blanc Bleu Belge » ;

    2) La transition durable des élevages bovins :
    - la création d’un éco-régime prairie permanente : cette intervention vise à préserver les prairies permanentes, à valoriser la contribution des éleveurs qui détiennent des charges en bétail raisonnables et à inciter ceux qui possèdent des charges élevées à diminuer celles-ci. Cette mesure est conçue en tant qu’outil financier incitant les agriculteurs, sur base volontaire, à :
    * Inscrire leur élevage dans des pratiques d’avantage liées au sol tant en amont (production des fourrages, limitation des achats d’aliments) qu’en aval (valorisation des effluents d’élevage) ;
    * Protéger et valoriser au mieux les prairies permanentes ;
    * Réduire les charges en bétail de la région ;
    * Favoriser des pratiques moins intensives permettant de limiter l’impact négatif sur les ressources naturelles et la biodiversité ;
    * Elle permet aussi une plus grande résilience des exploitations face aux changements climatiques, notamment face aux sécheresses de plus en plus fréquentes, mais aussi résilience économique en incitant les éleveurs à s'inscrire dans un système de production animale autonome basé sur la capacité de nourrissage de l'herbe et des cultures fourragères produites sur la ferme.

    - cet éco-régime est cumulable avec la MAEC « autonomie fourragère » qui consiste à proposer une aide pour les agriculteurs dont la charge en bétail ne dépasse pas un certain seuil, soit 1,8 unité gros bétail ou UGB par hectare de superficie fourragère, et une prime doublée pour ceux qui ne dépassent pas 1,4 UGB/ha ;
    - au niveau du soutien couplé bovins viandes, outre les éléments précédemment évoqués, durant la programmation de la PAC 2014-2020, les bovins femelles viandeux ont bénéficié d’une aide couplée spécifique de 172 à 184 euros par bovin femelle viandeux avec un nombre maximum d’animaux admissibles de 250 vaches par agriculteur. Ce nombre maximal pouvait être appliqué au niveau des personnes physiques titulaires de l’exploitation agricole si certaines conditions étaient remplies. Pour la prochaine programmation, le nombre maximum de bovins femelles viandeux admissibles passe à 145 animaux admissibles par agriculteur avec toujours cette possibilité de tenir compte du nombre d’exploitations (sous certaines conditions au sein de l’exploitation). Cette diminution de 42 % du nombre d’animaux admissibles par exploitant et les règles de déplafonnement selon le nombre de chefs d’exploitation permettent de mieux centrer cette aide sur les exploitations familiales à taille humaine ;
    - la création d’une aide couplée aux protéagineux : Selon l'analyse des objectifs stratégiques de la PAC, toutes les orientations technico-économiques agricoles sont fortement dépendantes des importations étrangères, tant pour l'alimentation humaine que pour l'alimentation animale. Notre faible degré d'autosuffisance rend le secteur de l'élevage vulnérable et compromet davantage notre sécurité alimentaire. Cette aide couplée doit permettre d’augmenter les surfaces de cultures de protéagineux afin de répondre à l’indépendance protéique à l’échelle de l’exploitation agricole, mais également à l’enjeu d’approvisionnements industriels (alimentation animale et alimentation humaine).

    Par ailleurs, l’analyse globale ne peut être faite sans tenir compte du rôle de capture de carbone des prairies, sans avoir à l’esprit le caractère relativement extensif de notre élevage et bien entendu sans oublier la fonction nourricière de notre agriculture.