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Les capacités de réseaux en Wallonie et en Brabant wallon

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 964 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 27/06/2022
    • de JANSSEN Nicolas
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Un risque relayé souvent par les GRD est de ne pas arriver à alimenter en électricité tout le parc automobile qui va s'électrifier petit à petit. Cela est corroboré par une étude commandée par Synergrid en 2019 selon laquelle le réseau belge peut recharger un grand nombre de véhicules électriques, à seule condition que la recharge des véhicules soit répartie dans le temps et l'espace et que les investissements de modernisation puissent être poursuivis. Les gestionnaires de réseau conseillent dès lors que des mesures concrètes soient prises pour encourager toutes les parties concernées à bien préparer le développement de l'électromobilité.

    Les besoins du Brabant wallon sont énormes. Selon ORES, le gestionnaire wallon qui couvre toute la province, à l'exception de Wavre, « toutes les études montrent que l'arrivée des voitures électriques sera plus importante et rapide en Brabant wallon vu ses spécificités socio-économiques. »

    Selon ORES les réseaux de la Province ne sont pas adaptés pour faire face à l'électrification à venir de la mobilité et des besoins de chauffage (pompes à chaleur, etc.).

    Pour l'instant, on est à une tension de 230 volts, adaptée à nos appareils domestiques. Or il faudrait passer à 400 volts pour une charge plus rapide des voitures et pour éviter une saturation du réseau, d'autant plus si de nombreux prosumers y injectent de l'électricité de leurs panneaux solaires, ce qui augmentera aussi la tension dans le réseau. Cela va nécessiter des investissements gigantesques.

    Selon ORES, pour réussir la transition énergétique, des investissements sont indispensables. Un plan d'investissement et des projets pour passer à 400 volts sont à préciser en fonction des moyens financiers disponibles dans le cadre de la prochaine période tarifaire 2024-2028. Il y aurait donc des discussions à prévoir avec le Gouvernement wallon et la CWaPE qui, elle, défend les consommateurs et souhaite les tarifs les plus bas possibles.

    Monsieur le Ministre disait en mai qu'afin d'anticiper le choc, les GRD se doteront d'un outil de guidance pour éviter des surcharges intempestives sur le réseau local. À terme, une cartographie devra pouvoir être réalisée et réactualisée de manière récurrente afin d'identifier au mieux les zones à risques et d'orienter intelligemment les investissements à réaliser.

    Cette cartographie est-elle en cours d'élaboration ?

    Si oui, certaines provinces comme celle du Brabant wallon montrent-elles un besoin d'investissement plus conséquent ?

    Que peut-il nous dire de plus sur l'outil de guidance qu'il citait en mai ?

    Comment fonctionnera-t-il ?

    Quand sera-t-il opérationnel et utilisable ?

    Un plan d'investissement avec les GRD et la CWaPE prenant en compte les situations socio-économiques, démographiques et financières de chaque province est-il en cours d'élaboration ?
  • Réponse du 26/08/2022 | Annexe [PDF]
    • de HENRY Philippe
    On s’attend effectivement à ce que la consommation d’électricité augmente fortement d’ici 2030. Ceci est notamment dû à l’arrivée de véhicules électriques en plus grand nombre ainsi qu’au développement des pompes à chaleur là où n’existe pas de réseau de gaz.

    Les réseaux pourront répondre à cette augmentation de consommation à plusieurs conditions :
    - la recharge des véhicules doit être répartie dans le temps, et de façon plus générale, une gestion active de la demande pour différents usages électriques permettra une meilleure utilisation des réseaux. Cette condition pourra être rencontrée avec l’arrivée, dès le 1er janvier 2024, d’une tarification incitative qui favorisera la consommation durant les heures « solaires » et durant la nuit. Elle découragera également la recharge des véhicules électriques entre 17 et 22h ;
    - la poursuite de l’installation de panneaux photovoltaïques. Si ORES prévoit une augmentation de 30 % de la consommation à l’horizon 2030, une partie de celle-ci pourrait être autoproduite et autoconsommée en temps réel. Les tarifs actuels incitent déjà le prosumer à consommer au moment où leurs panneaux produisent, et dès 2024, les voisins des prosumers seront également incités à consommer durant les « heures solaires », quand le tarif réseau sera le plus bas. Ceci aura comme effet de limiter le risque de surtensions sur le réseau ;
    - enfin, il s’agira également de renforcer et de moderniser le réseau de distribution électrique. Mais pour autant que les 2 premières mesures soient convenablement mises en œuvre, le renforcement du réseau pourra se faire de façon progressive et ciblée.

    Les GRD exposent actuellement leurs plans d’investissement à la CWaPE pour rencontrer tous les défis de la transition énergétique. Je ne doute pas que la CWaPE prendra en considération tout ce qui est justifié.

    Cela correspond d’ailleurs aux lignes de politique générale contenues dans le décret du 4 mai qui demande « la transition énergétique au meilleur coût pour les clients ». Cela nécessite évidemment des réseaux de qualité, une modernisation des systèmes informatiques et une multiplication des compteurs intelligents.

    Tous ces investissements seront importants, mais leur amortissement se fera sur une longue période. Ces investissements ne devraient pas se traduire par une augmentation des tarifs unitaires. En effet, l’augmentation attendue de la consommation et la répartition équitable des tarifs entre tous les clients doit permettre aux réseaux de se moderniser sans effet négatif pour la clientèle. Bien entendu, ceux qui s’équiperont de voitures électriques et/ou de pompes à chaleur pourraient voir leur facture électrique augmenter. Ceci sera largement compensé par les économies réalisées sur les carburants et/ou les combustibles substitués.

    Parmi les investissements à réaliser sur les réseaux, le passage à des réseaux de 400 volts est souvent souhaitable. Cela signifie convertir des réseaux 3x230 en 4N400. De nombreux réseaux de distribution sont déjà équipés de la sorte, depuis de nombreuses années. Un réseau 4N400 est constitué de 4 câbles : les 3 phases et le neutre. En triphasé, l’alimentation est en 400 V, mais on continue à disposer de 230 V entre chaque phase et le neutre. Certains réseaux qui ne sont pas encore équipés de la sorte devront évoluer, d’autant plus vite que l’augmentation de la charge y serait rapide. Il est logique de n’implémenter ce système qu’au fur et à mesure des besoins rencontrés sur le terrain. Il n’y a pas non plus unanimité des GRD sur la manière de procéder quand il s’agit de renforcer le réseau.

    L'honorable membre écrit que la CWaPE a pour mission de défendre les clients et il a raison. il en déduit que la CWaPE souhaite les tarifs les plus bas possibles. Cette dernière affirmation est moins évidente. L’intérêt des clients consiste à pouvoir disposer de réseaux de qualité permettant d’accueillir tous les nouveaux usages électriques avec des outils de flexibilité permettant un usage optimal des réseaux et des installations de production. La CWaPE n’entend pas limiter les investissements à réaliser par les GRD, mais souhaite que ces investissements soient les plus efficaces et les plus ciblés possibles. Le monopole attribué aux GRD ne doit pas les empêcher de rechercher la meilleure efficience économique.

    Ores ne dispose pas encore d’outils de guidance pour éviter les surcharges intempestives sur le réseau local ou identifier les endroits du réseau où il est prioritaire d’agir.
    Ores s’appuie néanmoins sur des données socio-économiques collectées au niveau des secteurs statistiques pour identifier là où on doit s’attendre à davantage de panneaux photovoltaïques et de véhicules électriques. La carte en annexe identifie donc des zones bleues et rouges où des travaux dans ses cabines et ses réseaux seront nécessaires, et les zones jaunes où des investissements de moindre ampleur seront vraisemblablement nécessaires.

    Une vraie guidance énergétique nécessite que tous les postes de transformation soient monitorés, ce qui n’est pas encore le cas aujourd’hui.