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Le constat d'atterrissages tardifs fréquents à l'aéroport de Charleroi

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 156 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 27/06/2022
    • de CLERSY Christophe
    • à DOLIMONT Adrien, Ministre du Budget et des Finances, des Aéroports et des Infrastructures sportives
    Les quinze premiers jours du mois de juin ont été particulièrement inquiétants concernant les retours tardifs à l'aéroport de Charleroi. Nous comptons en moyenne par jour 6 vols arrivant après 23h. Quelques vols ont même atterri après minuit.

    Quelles sont les raisons qui expliquent ces nombreux retards ?

    Ces retards respectent-ils bien le décret ?

    Y a-t-il des sanctions prévues pour ces retards ?

    Monsieur le Ministre a-t-il des chiffres plus détaillés concernant les retours tardifs durant les six derniers mois ?

    Quelles sont les actions qu'il a entreprises afin de lutter contre cette problématique ?
  • Réponse du 22/07/2022
    • de DOLIMONT Adrien
    Le décret du 23 juin 1994, relatif à la création et l’exploitation des aéroports et aérodromes relevant de la Région wallonne, modifié par le décret du 2 février 2006, prévoit en ce qui concerne les heures durant lesquelles les opérations sont autorisées à l’aéroport de Charleroi, que :

    « L'aéroport de Charleroi-Bruxelles Sud est un aéroport dont l'exploitation est autorisée entre 6 h 30 et 23 h 00.

    Toutefois, entre 6 h 30 m et 7 h 00 m et entre 22 h 00 m et 23 h 00 m, les mouvements d'avions ne sont autorisés que pour autant qu'ils ne dépassent pas un quota de bruit maximum autorisé par mouvement fixé à 5 points et calculé conformément au §4. ».

    L’exploitation de l’aéroport est ainsi autorisée chaque jour entre 6h30 et 23h00 tandis que des conditions sont posées entre 6h30 et 7h00 du matin ainsi qu’entre 22h00 et 23h00.

    Toutefois, conformément au décret, cette limitation aux horaires d’exploitation ne s’applique pas pour :
    - les décollages et atterrissages des avions transportant des membres de la Famille royale belge, du Gouvernement fédéral, des Gouvernements régionaux et communautaires et des Familles royales étrangères, des Chefs d'État ou des Chefs de Gouvernements étrangers, le président et les commissaires de l'Union européenne, en mission officielle ;
    - les décollages et atterrissages en rapport avec des missions humanitaires ;
    - les décollages et atterrissages en rapport avec des missions militaires ;
    - les décollages et atterrissages s'effectuant dans des circonstances exceptionnelles, telles que lors de vols pour lesquels il y a un danger immédiat pour la vie ou la santé, tant des hommes que des animaux, lorsque des vols sont déviés vers un aéroport pour des raisons météorologiques.
    - les atterrissages d'avions basés après 23 heures, résultant d'un retard non imputable à l'exploitant de l'aéronef, pour autant que ces atterrissages ne dépassent pas, par exploitant d'aéronef, une moyenne calculée sur une base annuelle de 0,616 point par jour par avion basé calculé conformément au §5 du décret.

    Il en résulte que l’aéroport de Charleroi peut autoriser les décollages et les atterrissages entre 23h et 6h30 du matin pour des vols d’État, humanitaires, militaires, en cas de circonstances exceptionnelles notamment pour des raisons météorologiques ainsi qu’en cas de retours d’avions basés après 23h pour des raisons non imputables à l’exploitant et moyennant le respect d’un quota.

    D’un point de vue réglementaire, l’aéroport n’est donc pas fermé entre 23h et 6h30 du matin, mais son exploitation est soumise à des restrictions drastiques.

    Ces conditions d’exploitation sont strictement respectées à l’aéroport de Charleroi sous le contrôle permanent du Service public de Wallonie.

    En ce qui concerne les raisons pour lesquelles on observe un nombre de retours tardifs particulièrement important depuis le mois de juin, il faut constater que les activités de l’aéroport de Charleroi ont repris de manière beaucoup plus rapide que ce qui était initialement prévu.

    Aujourd’hui, le nombre de vols opérés par jour est supérieur à celui connu pour la même période en 2019. Il y a donc un grand décalage entre le nombre de vols qui ont été opérés durant ces 2 dernières années en raison de la crise sanitaire et le nombre de vols que l’on observe aujourd’hui.

    C’est en soi une bonne nouvelle, car les nombreux efforts accomplis par la Région wallonne, par les actionnaires de l’aéroport, par les travailleurs de l’aéroport, les membres du Conseil d’Administration et la direction portent leurs fruits et, après une période excessivement difficile, on voit que l’activité de l’aéroport revient à la normale.

    Pour les riverains, il est certain que le contraste a été brusque et excessivement important.

    À cela, s’ajoute un problème de contrôle aérien au niveau européen.

    En effet, pour la période du 1er au 23 juin 2022, l’aéroport de Charleroi me signale avoir enregistré 235 arrivées tardives.

    75 % d’entre elles reposent uniquement sur un problème de créneaux horaires. Ces créneaux horaires ne dépendent pas de l’aéroport, mais du contrôle aérien au niveau européen (Eurocontrol).

    Concrètement, dès les départs du matin, des vols sont retardés à la demande du contrôle aérien européen.

    Des échanges ont eu lieu entre Eurocontrol et l’aéroport de Charleroi. Eurocontrol a confirmé par écrit devoir faire face à une situation très délicate d’une part, en raison de la reprise trop rapide du trafic avec des niveaux très proches de ceux de 2019 et, d’autre part, d’une densité de circulation beaucoup plus importante au niveau de l’Europe en raison de la fermeture des espaces aériens de l’Ukraine, mais surtout de la Russie.

    Toute une série de compagnies aériennes ne peut plus passer par la Sibérie pour rejoindre l’Asie. Ces vols doivent donc passer par le centre de l’Europe. Cela a pour conséquence que, dès les premiers vols du matin, des retards sont imposés aux avions opérant au départ de l’aéroport de Charleroi. Ces retards ne vont pas pouvoir toujours être récupérés en cours de journée de sorte que les avions doivent rentrer plus tardivement.

    Les 25 autres pour cent d’arrivées tardives s’expliquent par des retards enregistrés dans d’autres aéroports (8 % - notamment en raison de grève du personnel de handling de l’aéroport, et cetera), des problèmes météorologiques et des problèmes techniques.

    Au niveau de l’aéroport, toutes les actions et mesures ont été mises en place afin de faciliter le déroulement rapide et efficace des opérations, mais tant les aéroports que les compagnies aériennes, sont tributaires des décisions qui sont prises au niveau des contrôles aériens afin d’assurer une circulation saine, efficace et surtout sécurisée des avions dans les espaces aériens.

    En conclusion, la reprise très importante du trafic aérien en Europe sur un laps de temps très court, conjugué à la fermeture d’espaces aériens importants au niveau de la Russie, engendrent une série de problèmes qui vont nécessiter un temps d’adaptation avant que les choses ne reviennent à la normale.

    Je suis très attentif à cette situation et j’ai bien entendu sollicité BSCA afin que les mesures opérationnelles puissent être prises en conséquence de la situation décrite.