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Le soutien à la numérisation de l'économie wallonne et la stratégie de souveraineté numérique

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 759 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 27/06/2022
    • de HARDY Maxime
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    J'ai relevé dans les décisions prises par le Gouvernement en séance du 25 mai l'attribution d'un subside de maximum 1 080 000 euros à l'ASBL MIC.

    Pour rappel, l'ASBL MIC est en réalité une initiative de Microsoft soutenue par Proximus, qui vise à aider à la numérisation de l'économie wallonne et à venir en soutien aux développeurs wallons. Cette ASBL organise une série d'actions, qui vont de la formation aux hackathons, en passant par l'accompagnement de projets.

    Les partenariats publics-privés qui se mettent en place en Wallonie sont sources d'opportunités, notamment par le partage d'expertises et d'expériences.

    Comment optimiser au mieux les modalités de cette participation dans les politiques publiques, dans le cadre de l'Union européenne qui vise à construire la stratégie digitale sur l'idée de souveraineté numérique, qui s'organise donc indépendamment d'entreprises comme les GAFAM, ou d'États pouvant avoir des objectifs stratégiques différents ?

    Comment ces partenariats permettent-ils d'atteindre plus rapidement l'objectif de souveraineté numérique ?

    Il est essentiel aussi d'encadrer la collaboration en respectant des garde-fous. Comment Monsieur le Ministre les met-il en place ? Peut-il nous les détailler ?

    Dans la stratégie wallonne de développement numérique, quelle stratégie le Gouvernement wallon entend-il renforcer pour garantir et améliorer notre indépendance à l'égard des technologies et compétences qui émanent de multinationales ?
  • Réponse du 22/07/2022
    • de BORSUS Willy
    En ce qui concerne la subvention que l’honorable membre évoque, il faut tout d’abord préciser qu’elle s’inscrit sur une durée de 2 ans dans le cadre d’une démarche plus globale que j’ai demandé à l’Agence du Numérique de mener en étroite collaboration avec le SPW EER. Il s’agit d’identifier un certain nombre d’acteurs impliqués dans le développement du numérique en Wallonie dont le soutien public doit permettre de pérenniser et amplifier l’action.

    Ces acteurs « référents » ont déposé un dossier complet qui devait présenter de manière détaillée un plan d’action s’intégrant de manière forte dans les ambitions et programmes structurants de la stratégie Digital Wallonia. Ce dossier a été présenté devant un jury qui a évalué et, si nécessaire, formulé des remarques et des demandes au porteur de projet.

    Dans le cas du MIC, il s’agit d’accélérer la transformation numérique des PME par une approche technologique, notamment pour leur permettre de comprendre et de tester des technologies numériques avancées et, dans un second temps, d’identifier les prestataires IT susceptibles de les déployer dans le cadre de leurs activités. Cette approche va prendre la forme d’un nouveau parcours.

    Les engagements en contrepartie du support public de la Wallonie sont :
    • la cohérence systématique avec au moins un des programmes structurant de Digital Wallonia et, dans cette optique, la définition et le suivi d’indicateurs de résultats et d’impact quant aux actions entreprises ;
    • l’activation d’autres acteurs impliqués dans le numérique en Wallonie, comme l’Infopôle Cluster TIC ;
    • la contribution à la plateforme data de Digital Wallonia ;
    • la valorisation de la marque Digital Wallonia comme pavillon de la Wallonie numérique.

    Comme il le signale, historiquement, le MIC correspond à un partenariat public-privé initié par le Gouvernement wallon il y a plus de 10 ans. La Wallonie a ainsi accueilli le premier « Microsoft Innovation Center » en Belgique.

    Depuis lors, le programme des « Microsoft Innovation Centers » a pris fin. L’acronyme du MIC veut donc désormais dire « Meet, Innovate and Create ».

    À la question de comment optimiser au mieux les modalités de cette participation dans les politiques publiques dans le cadre de l'idée de souveraineté numérique, il me semble que la réponse passe par la signature d’un contrat d’objectifs qui balise clairement le périmètre de l’action du bénéficiaire, en l’occurrence le MIC. C’est le garde-fou dont il parle.

    L’un des bénéfices de ce partenariat est l’accès, pour les entreprises wallonnes, à des technologies avancées qui peuvent être testées en mode « bac à sable » (terme technique) afin de valider leur déploiement et leur utilisation dans le cadre de leurs activités. Les entreprises ont ainsi par exemple eu recours à des algorithmes d’intelligence artificielle et des capteurs intelligents au MIC pour tester et valider leurs hypothèses, mais aussi pour améliorer leurs processus de fabrication, par exemple.

    Les services ne se limitent pas aux entreprises. Par exemple, le test de « Digital Twin » effectué avec la Ville de Tournai a reproduit plusieurs quartiers de la ville dans un espace virtuel afin de tester des stratégies de mobilité et des outils de mesure de la consommation d’énergie. Là encore, il s’agissait d’un mélange de technologies de Microsoft et Proximus testé au MIC.

    Je termine par sa question relative à la stratégie du Gouvernement wallon pour garantir et améliorer notre indépendance à l'égard des technologies et compétences qui émanent des multinationales.

    Il me semble important de souligner que, même si une entreprise comme Microsoft a évidemment des intérêts commerciaux liés à ses activités, les technologies numériques se sont très fortement standardisées. Héberger des développements dits « open source » sur l’infrastructure cloud de Microsoft est aujourd’hui une évidence. Ce changement de paradigme est fondamental.

    Au niveau de la Wallonie, la stratégie Digital Wallonia est fondée sur les écosystèmes qui se créent autour des programmes développés dans la stratégie numérique de la Wallonie. Ces écosystèmes regroupent et activent systématiquement les acteurs de l’offre et de la demande wallons (ou européens). Cette manière de fonctionner permet d’augmenter la maîtrise de technologies avancées sur notre territoire. C’est cette maîtrise qui est le meilleur garant de la souveraineté numérique et de l’attractivité de notre territoire.

    Par exemple, en ce qui concerne l’intelligence artificielle, l’écosystème Digital Wallonia regroupe plus de 340 entreprises et acteurs, dont 178 entreprises du secteur du numérique et 50 acteurs de la recherche. Plus de 100 entreprises ont par exemple participé à au moins un des 5 appels à projets Start IA du programme Digital Wallonia 4 Ai.

    On ne peut toutefois pas ignorer que les services technologiques américains restent, dans de nombreux cas, les plus avantageux et les plus performants pour nos entreprises. Vouloir systématiquement à tout prix recourir à une alternative mettrait inévitablement en péril l’attractivité de nos entreprises qui se retrouveraient privées de ce qui se fait de mieux dans certains domaines. Ceci étant, les solutions wallonnes, belges et européennes sont privilégiées aussi souvent que possible, mais la qualité de l’offre doit continuer d’augmenter si l’on souhaite un jour pouvoir se passer complètement et efficacement des technologies étrangères.