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La migration d'activités agricoles de la Flandre vers la Wallonie et l'état du plan stratégique wallon de la Politique agricole commune (PAC)

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 766 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 27/06/2022
    • de FONTAINE Eddy
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Le Gouvernement flamand entend renforcer les normes relatives à l'azote, ce qui entraîne une réaction forte des agriculteurs, qui déclarent risquer la disparition de leur activité.

    On connaît les différences entre les activités agricoles en Flandre et en Wallonie, notamment en termes d'élevage, plus intensif en Flandre. La nature des sols n'est pas non plus équivalente entre les deux régions.

    Certains (Alain Narinx de l'Écho et Wim Van de Velden du Tijd le 16 juin) évoquent l'idée d'instaurer une mobilité accrue de l'activité d'élevage en provenance de Flandre vers la Wallonie, la Wallonie accueillant en quelque sorte les activités mises en danger en Flandre.

    Les agriculteurs flamands pourraient être encouragés à traverser la frontière régionale pour travailler sur les terres wallonnes. Si l'idée pourrait sembler intéressante au premier regard, elle entraîne de nombreuses réflexions.

    Un partenariat entre la Flandre et la Wallonie peut-il être envisagé ? S'agirait-il d'une plus-value pour la Wallonie ?

    Premièrement, la différence de pratiques agricoles entre la Wallonie pourrait-elle s'adapter à cette idée ? Qu'en pensent les agriculteurs wallons ?

    La nature des sols pourrait-elle y convenir ?

    Des terres nécessaires seraient-elles disponibles et en quoi la politique foncière serait-elle affectée ?

    Dans le cadre du renforcement des cultures céréalières en conséquence de la situation en Ukraine, cela ne risquerait-il pas de mettre la stratégie wallonne en danger ?

    Quel impact ce renforcement de type d'élevage aurait-il sur l'environnement ? Quelle serait la plus-value éventuelle ?

    Comment le plan régional stratégique de la PAC serait-il affecté, alors qu'il semble être en passe d'être accepté par l'Europe ?

    Monsieur le Ministre peut-il d'ailleurs nous informer davantage sur ce dernier point tant attendu ?
  • Réponse du 19/07/2022
    • de BORSUS Willy
    Selon les statistiques les plus récentes, moins de 13 000 exploitations wallonnes occupent une superficie agricole de quelque 734 000 hectares alors que plus de 23 000 exploitations flamandes occupent quelque 625 000 hectares. Ce ratio illustre à lui seul la différence entre le nord et le sud du pays en termes de modèle de production agricole. L’arithmétique est sans équivoque et, sans aucun jugement de valeur, révèle un modèle nettement plus intensif en Flandre. Cette différence est notamment liée aux types d’élevage porcin et avicole.

    Par ailleurs, aujourd’hui encore, la Flandre compte deux fois plus de travailleurs dans le secteur agricole (famille et hors famille) qu’en Wallonie. La main d’œuvre non familiale y est même près de quatre fois supérieure alors que la main d’œuvre familiale est relativement faible. La main d’œuvre non familiale en Wallonie représente environ 19 % de la main d’œuvre totale alors que ce ratio est de 32 % en Flandre. Si on compare les ratios entre main d’œuvre et superficie, le résultat est aussi de l’ordre du double en Flandre par rapport à la Wallonie. On peut donc qualifier le modèle agricole wallon comme étant incontestablement de nature plus « familiale » qu’en Flandre.

    Nous ne devons pas craindre de dire que cette différence entre Flandre et Wallonie représente une différenciation vertueuse en faveur de la Wallonie. Il n’est certes pas exclu de susciter une solidarité interrégionale et d’en tirer l’opportunité de dynamiser l’économie agricole wallonne. Mais nous ne devons pas mettre à mal le modèle agricole wallon, lequel a aujourd’hui le plus de sens pour coller à nos objectifs et aux exigences européennes en matière de développement durable. En d’autres termes, la solution aux difficultés du monde agricole flamand face aux normes relatives à l’azote n’est pas d’exporter ces difficultés vers la Wallonie. Nous avons des spécificités en Wallonie et il est important de les préserver.

    Si la situation est bien moins préoccupante en Wallonie, c’est notamment du fait que des mesures de protection des eaux ont été adoptées rapidement, en particulier au travers du Plan de Gestion Durable de l’Azote en Agriculture (PGDA)

    Pour rappel, la Wallonie représente environ 5 pour cent de la production porcine au niveau national et près de 40 pour cent de notre production est composée de références de qualité (qualité différenciée ou bio). La dynamique économique agricole de la Wallonie repose aussi sur cette réalité, sans préjudice de la nécessité de soutenir une activité agroalimentaire forte.

    En matière de promotion, par exemple, la solidarité interrégionale passe utilement par des collaborations partout où elles sont possibles : promotion commune des secteurs qui ont une configuration analogue entre le nord et le sud, dépôt commun de dossiers de cofinancements européens ou encore développement commun de labels liés aux circuits courts. Les deux organismes – APAQ-W et VLAM – sont d’ailleurs en contact étroit pour mener à bien de telles actions, ce qui ne signifie pas que nous puissions, en Wallonie, absorber les excédents d’activité qui, en Flandre, contredisent les nouvelles normes édictées par le Gouvernement flamand.

    Pour ce qui concerne le plan régional stratégique PAC, la Commission européenne nous a transmis sa lettre d’observations sur notre proposition, en date du 25 mai.

    Cette lettre comporte 210 observations formulées par les différents services de la Commission compétents dans les matières couvertes par le plan stratégique.

    Nous avons pris connaissance des commentaires et sommes à présent dans une phase de discussions très suivies avec les représentants de la Commission pour nous assurer de notre bonne compréhension des observations. L’objectif est de pouvoir répondre rapidement tout en rencontrant exactement les souhaits des services de la Commission.

    Nous avons effectivement peu de temps pour modifier notre plan puisque la Commission nous demande d’introduire une version adaptée pour fin septembre, de manière à ce que le plan puisse être approuvé officiellement avant la fin de cette année.