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Le développement de l'aquaponie en Wallonie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 770 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 27/06/2022
    • de ANTOINE André
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    L'aquaponie est une conjonction de l'aquaculture – qui consiste à élever des poissons en bassins – et de l'hydroponie – qui cultive des plantes dans de l'eau enrichie en éléments nutritifs, sans substrat terreux.

    Lorsque l'on associe ces deux techniques, l'eau enrichie par les déjections des poissons est utilisée pour nourrir les plantes, et l'eau filtrée par les plantes peut être renvoyée vers les poissons.

    En 2019, le prédécesseur de Monsieur le Ministre, René Collin, avait déclaré que la Wallonie soutenait trois projets expérimentaux, dont Smart Aquaponics, un projet Interreg de coopération transfrontalière France-Wallonie-Flandre.

    Pour Haissam Jijakli, professeur à la Gembloux Agro-Bio Tech, le modèle aquaponique idéal pour la Wallonie serait d'adopter l'échelle artisanale et familiale : par exemple, un agriculteur ou maraîcher avec quelques hectares et consacrant quelques milliers de mètres carrés à de l'aquaponie en serre.

    Du reste, l'aquaponie va également permettre une redynamisation du secteur de la pisciculture. Malheureusement, comme dans maints domaines, beaucoup approchent la retraite et peu de jeunes osent réinvestir la filière.

    Le secteur de l'aquaponie a connu un boom en 2018 et, en 2020, l'Europe comptait 140 systèmes aquaponiques en Europe, dont 45 en France et 13 en Belgique.

    Aujourd'hui, quelle est l’appréciation de Monsieur le Ministre de cette filière ?

    Combien de systèmes aquaponiques se trouvent en Wallonie ?

    Quels sont les financements disponibles pour le développement de cette pratique dans notre Région ?

    Quelle est sa stratégie pour attirer de nouvelles vocations dans cette filière ?
  • Réponse du 11/07/2022
    • de BORSUS Willy
    Les chiffres avancés par l'honorable membre proviennent visiblement des données rapportées par le Professeur Jijakli dont les sources et l’exactitude nous sont inconnues. Il y a lieu de rappeler que l’installation d’une exploitation aquacole n’est grevée d’aucune condition d’accès à la profession, que les productions inférieures à 500 kg/an de poisson ne nécessitent pas l’octroi de permis et qu’elle ne devra se déclarer qu’à l’AFSCA pour ce qui concerne les aspects sanitaires. Ceci entraîne un manque de vision exhaustive pour nos services administratifs.

    4 exploitations aquaponiques sur le territoire wallon sont connues de nos services : 2 exploitations scientifiques (à Gembloux et Strée) et 2 exploitations privées artisanales (à Clipet et Bossimé). L’installation de l’exploitation à Clipet a bénéficié d’aides à l’investissement émanant du Programme wallon pour le secteur commercial de la Pêche (PwScP), cofinancé par le Fonds européen pour les Affaires maritimes et la Pêche (FEAMP). Ce même programme a également financé la mise en place des 2 exploitations pilotes précitées.

    Il n’y a pas de modèle aquaponique idéal. Comme toute entreprise privée devant s’inscrire dans un contexte économique de plus en plus compétitif, il convient de tirer bénéfice des forces et opportunités et de réduire ses faiblesses et menaces. Les systèmes aquaponiques sont multiples (systèmes couplés-découplés, avec différentes espèces de poissons ou de cultures) et s’adaptent aux opportunités en un lieu donné. Remarquons à ce titre que l’exploitation scientifique à Gembloux a notamment étudié la faisabilité de greffer un système hydroponique sur une exploitation aquacole préexistante (société Belgian Qualité Fish, élevant des esturgeons pour produire du caviar) afin de réduire et valoriser ses boues d’épuration des eaux. Il n’en demeure pas moins que l’aquaponie offre un système extrêmement vertueux et durable, du fait des synergies qu’elle présente entre l’élevage des poissons et la culture des plantes.

    Cette pratique est encouragée au travers du plan stratégique pour l’aquaculture en Wallonie 2021-2030, approuvé en juillet 2021 par le Gouvernement. Nous avons d’ailleurs confié le soin au second projet pilote d’aquaponie (à Strée, mené par l’Université de Liège et portant notamment sur l’élevage de sandres) de traduire ses données scientifiques prometteuses en un plan d’affaires et dimensionnement pour une exploitation privée de grande taille. Ceci participe aux démarches de mes services pour encourager et faciliter l’installation de potentiels investisseurs.

    Comme toute autre exploitation aquacole, l’exploitant d’un système aquaponique pourra bénéficier des aides prévues par le PwScP 2021-2027 : aides à l’investissement, aides au suivi scientifique ou aux conseils d’experts. Les aquaponistes pourront également bénéficier des aides pour des formations professionnelles (tombant dans les compétences de la Wallonie) qui seront établies pour attirer de nouveaux aquaculteurs. D’importants moyens sont également prévus pour continuer à soutenir des projets scientifiques, pouvant encore porter sur l’aquaponie. Au total, 4,3 millions d’euros sont prévus pour soutenir l’aquaculture sur notre territoire.

    Considérant toutefois qu’au sein d’une exploitation aquaponique le chiffre d’affaires émanant des cultures végétales est souvent plus élevé que celui de l’élevage des poissons, les investissements dans de tels systèmes seront désormais soutenus par le FEADER. Cette disposition permettra également d’éviter de soutenir des investissements par plusieurs programmes de soutien.