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Les fruits et légumes wallons contaminés par pesticides

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 772 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 27/06/2022
    • de RYCKMANS Hélène
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Pesticide Action Network (PAN) Europe a récemment observé une augmentation de 53 % en 9 ans de fruits contaminés par des pesticides censés être interdits en Europe depuis 2011.

    La Belgique s'illustre négativement dans cette étude, puisqu'elle représente 34 % des échantillons contaminés au niveau de la production entre 2011 et 2019. PAN demande que soient interdits immédiatement en Belgique les 12 pesticides les plus toxiques et que soient éliminés tous les pesticides apparentés d'ici 2030 au plus tard. PAN rappelle les enjeux des effets cocktails et celui de la substitution des produits dangereux.

    Monsieur le Ministre a-t-il pris connaissance de cette lettre ouverte de l'ONG spécialisée ? Quelle est la situation en Wallonie ? Comment explique-t-il ces chiffres ?

    Partage-t-il l'appel du PAN à réduire le recours à ces produits dommageables pour la santé ?

    Comment entend-il soutenir le secteur maraîcher, horticole et fruiticole pour améliorer drastiquement ses conditions de production et offrir aux consommateurs des produits exempts de pesticides ?

    Le soutien aux produits sans pesticides pourrait passer par une réduction de la TVA qui leur est appliquée : qu'en pense-t-il ?

    Est-il prêt à défendre une telle mesure auprès du Gouvernement fédéral ?
  • Réponse du 19/07/2022
    • de BORSUS Willy
    Je peux comprendre la réaction de mon collègue fédéral à la lecture de l’étude réalisée par le PAN Europe. Le choix de certains mots (p.ex. « contaminés ») a pour but de « choquer » le grand public. Même si on peut raisonnablement se questionner sur l’impact de résidus de pesticides à l’état de traces sur les fruits et légumes que nous produisons et consommons, il est également important de préciser que la grande majorité des fruits et légumes belges (97,5 % selon mon collègue Clarinval) sont conformes aux limites maximales en résidus (LMR) établies au niveau européen.

    Pour être factuelles, les dernières données de ventes disponibles en Belgique pour les 12 pesticides les plus toxiques cités par PAN Europe (ceux qu’ils appellent les « dirty dozen » ou « douze salopards ») font état d’une vente de 148,633 tonnes en 2018.

    Le prochain Programme wallon de réduction des pesticides 2023-2027 (PWRP III) s’inscrira clairement dans les objectifs de la stratégie européenne « de la ferme à la table » (Farm to fork -F2F) qui rejoignent d’ailleurs les objectifs avancés dans la Déclaration de politique régionale 2019-2024.

    Par rapport aux inquiétudes soulevées par PAN Europe sur les produits phytopharmaceutiques (PPP) « candidats à la substitution », la Wallonie propose, via un nouvel éco-régime « Réduction des intrants chimiques » dans le cadre du Plan Stratégique de la PAC, de supprimer l’utilisation de ces produits de protection phytosanitaires en compensant leur substitution. Par ailleurs, d’autres mesures plus larges dans le cadre du PWRP III visent à promouvoir le recours à des pratiques agroécologiques qui évitent l’usage de ces produits plus préoccupants pour notre santé et notre environnement.

    Concernant la part de la production de fruits et légumes par rapport à la production agricole wallonne, elle est relativement modeste (8,8 % soit 160 millions d’Euros en 2020) par rapport à la part flamande qui représente 1 254 millions d’euros en 2020. Tous les fruits produits en Wallonie respectent les LMR. 4 à 5 % de la production fruitière wallonne est en bio, mais la liste de PAN Europe reprend aussi les composés du cuivre et la bouillie bordelaise. Cela signifie donc que les producteurs bio sont aussi visés par la substitution de PPP préoccupants.

    Au niveau des légumes, le marché du frais représente 4 000 hectares en Wallonie. Cela passe à 22 000 ha si on inclut les fruits et les légumes destinés à l’industrie de transformation (par rapport aux 67 500 ha belges). Pour les légumes « pointés du doigt » dans le rapport de PAN Europe, cela représente de faibles surfaces en Wallonie (12 ha pour le céleri, 35 ha pour les laitues, de petites surfaces très faibles pour les concombres et épinards pour la vente directe).

    Le secteur horticole wallon (fruits et légumes) s’est impliqué dans une réflexion pour une production qui tend vers le « zéro résidu » de pesticides via le projet « Ecophyto » porté par l’IFEL-W (Interprofession Fruits et Légumes de Wallonie). Ce projet a développé un référentiel technique de méthodes à mettre en œuvre pour obtenir une production tendant vers le « zéro résidu » (maximum 2 résidus quantifiables sur cultures, mais bien évidemment toujours inférieurs aux LMR). Ce référentiel est actuellement testé, en conditions réelles, par différents Centres Pilotes (CIM, GAWI et GFW).

    En ce qui concerne la question relative à une réduction de TVA sur les produits « sans pesticides », il n’est pas possible d’y apporter une réponse simple. En effet, la notion de « produits sans pesticides » n’est pas définie. Est-ce sans résidu de pesticides quantifiables, détectables ou supérieurs aux limites maximales en résidus ?

    Quoiqu’il en soit, même l’étude polémique de PAN le reconnait, tous les fruits produits en Wallonie respectent les limites maximales en résidus.

    Quelle que soit la filière de production, le consommateur wallon est donc assuré, en consommant local, de pouvoir manger des fruits et légumes en toute confiance.