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La nécessité de renforcer les réseaux de distribution en Wallonie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 977 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 27/06/2022
    • de LEONARD Laurent
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Pour réussir le pari de la transition et de l'autonomie énergétique, les réseaux de distribution en Wallonie vont devoir jouer un rôle capital.

    En effet, notre mix énergétique de demain sera composé principalement d'électricité. Il est prévu que la consommation d'électricité augmente de 30 % d'ici 2030 et de 64 % d'ici 2050.

    Les technologies relatives au stockage de l'électricité n'étant pas encore arrivées à maturité, il va falloir renforcer les réseaux pour absorber toujours plus d'électricité.

    Le renforcement du réseau électrique va répondre à deux enjeux. Premièrement, l'électrification de notre société va demander de produire et de consommer toujours plus d'électricité. Deuxièmement, pour assurer une meilleure sécurité du réseau et une optimisation de la production. Lorsque plusieurs panneaux photovoltaïques, à titre d'exemple, produisent et injectent simultanément une quantité importante d'électricité sur le réseau, les onduleurs se mettent à l'arrêt, car les réseaux sont incapables d'absorber une telle quantité.

    Bien qu'il faille investir dans la domotique et les technologies pour pouvoir déplacer nos périodes de consommation d'électricité, aujourd'hui cela est uniquement possible pour les ménages qui en ont la possibilité. Soyons de bon compte, tout le monde n'est pas sur un pied d'égalité.

    Les gestionnaires de réseaux, conscients de cet enjeu et de cette problématique, comptent investir massivement dans les réseaux dans les années à venir. Les coûts de distribution devraient donc, en théorie, augmenter comme c'est déjà le cas depuis 2009.

    Comment Monsieur le Ministre compte-t-il agir afin que les investissements dans le réseau n'impactent pas les ménages déjà frappés par l'augmentation du coût de l'électron ?

    Comment compte-t-il dépenser les fonds issus du Plan de relance afin de renforcer notre réseau d'électricité ?

    Quelles actions compte-t-il mener afin que les ménages ne soient pas frappés par la double peine ?
  • Réponse du 31/08/2022
    • de HENRY Philippe
    Je partage l'analyse concernant les défis qui s’adressent aux gestionnaires de réseau. Le parlement a d’ailleurs adopté un décret ce 4 mai dernier fixant les orientations de politique générale pour atteindre une transition énergétique au meilleur coût pour les clients. Ce décret prévoit des orientations qui concernent tant la flexibilité des clients que des producteurs afin de rencontrer cet objectif et d’optimiser les renforcements du réseau.

    Le renforcement du réseau sera bien entendu nécessaire. Pour limiter les coûts, il importe d’optimiser celui-ci en investissant là où c’est nécessaire et seulement quand c’est nécessaire.
    La structure tarifaire va inciter les consommateurs à consommer de préférence durant les plages horaires où l’électricité est abondante et bon marché, tout en évitant la période des pointes synchrones en hiver quand les réseaux sont saturés. Ce faisant, on reporte le besoin de renforcement du réseau.

    L'honorable membre a tout à fait raison de préciser que tout le monde ne pourra pas contribuer à cette flexibilité. Mais ce n’est pas important. Il suffit que ceux qui en ont des raisons et l’envie de le faire passent à l’action pour que les effets positifs se fassent sentir. Il suffit qu’une partie de ceux qui disposent ou qui s’équiperont d’équipements dont la charge est déplaçable (Pompe à Chaleur, voiture électrique, chauffage à accumulation, boiler électrique,…) apporte leur flexibilité au marché pour améliorer l’utilisation de l’électricité d’origine renouvelable et reporter le nécessaire renforcement du réseau. Tout le monde est gagnant, car l’augmentation des consommations générée par ces nouveaux usages de l’électricité permettra aux investissements de se réaliser, sans augmentation des tarifs (euros/MWh).

    Les nouveaux usages de l’électricité constituent donc davantage une aubaine qu’une contrainte pour tous les usagers du réseau, en permettant de reporter le coût du renforcement du réseau, maîtrisé par ailleurs grâce à la tarification incitative, sur un plus grand nombre de kWh, ce qui est profitable même pour ceux qui ne contribuent pas à la flexibilité.

    Il cite également le cas des surtensions qui mettent les onduleurs à l’arrêt lorsque le soleil est abondant. Cela survient lorsque la production est importante et que la consommation locale est faible. La structure tarifaire proposée par la CWaPE aura un effet très bénéfique à cet égard, même sans investissement dans le réseau. En effet, la CWaPE propose une plage « heures solaires », comprise entre 11h et 17h avec des tarifs particulièrement bon marché. Dans certaines configurations, le coût du réseau durant ces plages horaires serait même égal à zéro. Ceci devrait inciter ceux qui le peuvent à lancer certains appareils électriques (LV, LL,…) à ce moment, ce qui permettra aux onduleurs situés dans le voisinage de ne plus se mettre à l’arrêt. Bref, le prosumer a intérêt à consommer quand il produit, mais dès le 1er janvier 2024, les voisins des prosumers auront également intérêt à consommer à ces moments-là. Cela ne signifie pas que le renforcement du réseau BT ne sera pas nécessaire là où la densité de prosumers est fort élevée, mais cela relève le seuil critique et l’urgence de le faire en de nombreux endroits.

    Enfin, il m’interroge sur l’utilisation du plan de relance pour la modernisation des réseaux de distribution. Il est en effet prévu un budget de 195 M€ pour ce qui est appelé « la smartisation des réseaux ». Ce budget doit servir à faire des investissements complémentaires à ce qui était prévu dans les plans d’adaptation des réseaux financés par les tarifs. Cette fiche du plan de relance a pris un peu de retard à la suite d’un avis négatif de l’inspecteur des finances, qui souhaite qu’on adapte la base légale. Cette adaptation est en cours de réalisation et l’administration nous a annoncé un nouveau projet d’arrêté de gouvernement « smartisation des réseaux » pour le mois d’août. Certains GRD nous ont également déjà prévenus qu’il sera difficile de faire beaucoup d’investissements supplémentaires à ce qui était prévu dans les plans d’adaptation, par suite de la saturation de leurs équipes et la difficulté d’augmenter les sous-traitants. Ce point continuera donc à être discuté avec eux.