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L'efficacité énergétique

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 984 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 27/06/2022
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    La 7e Conférence mondiale sur l'efficacité énergétique s'est tenue récemment au Danemark. L'efficacité énergétique est importante pour relever les défis énergétiques, économiques et climatiques. Jusqu'à présent, les gouvernements s'y sont pourtant peu intéressés.

    L'efficacité énergétique peut prendre des formes diverses : l'amélioration de l'isolation des habitations, le remplacement des chaudières à gaz par des pompes à chaleur, l'amélioration de la consommation de carburant des voitures, l'investissement dans de nouvelles machines industrielles et le renforcement des normes applicables aux climatiseurs et autres appareils. Ces mesures peuvent réduire la quantité d'énergie que nous utilisons, ce qui permet aux consommateurs d'économiser de l'argent, de réduire les importations de carburant et d'éviter les émissions.

    Monsieur le Ministre est-il en contact avec ses homologues belges et européens sur ce sujet ?

    A-t-il été personnellement invité à cette conférence et, le cas échéant, s’y est-il rendu ?

    Avons-nous en Wallonie une feuille de route en matière d'efficacité énergétique ?

    A-t-on d'ores et déjà fixé des objectifs ?

    Que met-on en place pour parvenir à nos objectifs ?
  • Réponse du 24/08/2022
    • de HENRY Philippe
    L'honorable membre mentionne la 7e Conférence mondiale sur l’efficacité énergétique organisée par L’Agence Internationale de l’Énergie du 7 au 9 juin au Danemark. Je n’ai pas eu l’occasion d’y assister personnellement, mais nous suivons de près, avec mes collègues des autres entités belges, les travaux de l’AIE en la matière. L’AIE n’est d’ailleurs pas la seule instance où nos experts en efficacité énergétique peuvent échanger de bonnes pratiques en la matière : nous participons ainsi activement à l’Action Concertée en Efficacité Energétique soutenue par la Commission européenne, et suivons également les travaux de la plateforme ODYSSEE-MURE ou de différents projets européens sur la thématique, ainsi que les publications de quelques associations d’experts comme l’European Council for an Energy Efficient Economy (ECEEE).

    L’efficacité énergétique est une thématique soutenue depuis longtemps en Région wallonne, en fait quasiment depuis que la compétence nous en a été accordée. C’est ainsi que certains des programmes phares wallons, comme les primes à la rénovation à destination des citoyens, les subventions à destination du secteur public et non marchand (UREBA) ou encore les accords volontaires avec les secteurs industriels (AdB) ont été introduits dans les années 1990-2000 et ont depuis évolué régulièrement pour suivre les besoins et défis du marché des services énergétiques.

    Il existe bien une feuille de route wallonne en matière d’efficacité énergétique, conformément au cadre européen : c’est un des éléments du Plan wallon Énergie Climat adopté en 2019. La Wallonie s’y est fixé une contribution à l’objectif EE 2030 européen, en visant une réduction de sa consommation finale de 23 % par rapport à 2005, soit une réduction de 36 % en énergie primaire.

    Conformément à la directive 2018/2002, la Wallonie a également une obligation de réduction annuelle de 1,5 % de sa consommation finale, soit environ 1TWh, qui cumulés entre 2021 et 2030 conduira à 53.3TWh cumulés.

    Conformément à notre déclaration de politique régionale, ces objectifs sont en cours de révision dans le cadre du Plan Air Climat Énergie wallon 2022, pour s’aligner avec la Loi Climat Européenne, dans le cadre législatif du « fit for 55 » qui vise à réduire nos émissions de gaz à effet de serre non pas de 40 %, mais de 55 % à l’horizon 2030 par rapport à 1990.

    Les principales mesures pour nous permettre d’atteindre nos objectifs sont, par secteur, et j’en oublie probablement :
    - pour le résidentiel : la certification des bâtiments et le niveau QZEN des bâtiments neufs, ainsi que la Stratégie wallonne de rénovation à long terme avec sa feuille de route qui booste la rénovation du parc existant pour atteindre le niveau A moyen en 2050 ;
    - pour le tertiaire : la stratégie de rénovation qui vise à la neutralité des bâtiments tertiaires dès 2040, via la rénovation exemplaire des bâtiments publics, via les audits et subventions UREBA à destination du public et du non marchand et via les audits et études AMURE à destination des entreprises privées ;
    - pour l’industrie : la poursuite d’accords volontaires, mis en place en 2003, visant à la neutralité carbone pour nos entreprises à l’horizon 2050, l’obligation d’audit des grandes entreprises, les audits et études AMURE, articulées avec les aides à l’investissement ou au financement pour soutenir l’énergie durable ;
    - transport : la mise en œuvre concrète de la stratégie FAST.

    Les menaces actuelles sur l’approvisionnement en gaz et la hausse des prix de l’énergie remettent au centre du débat l’urgence d’assurer sinon la sobriété énergétique au moins l’optimisation de l’utilisation de nos ressources énergétiques et leur réorientation vers des sources plus durables afin de réduire notre dépendance. Se passer d’énergie complètement est utopique, mais il est à notre portée de rationaliser nos besoins et d’optimiser ressources et systèmes, afin de permettre de couvrir ces besoins incompressibles par des sources durables à un prix raisonnable, sans laisser personne sur le côté de cette transition énergétique.

    Le prix élevé de l’énergie, bien qu’ayant des conséquences graves pour bon nombre de ménages et d’entreprises, peut être aussi considéré comme un aiguillon positif pour l’efficacité énergétique :
    - il valorise directement les actions que chacun peut prendre facilement à court terme en adaptant son comportement ou en régulant ou optimisant mieux sa consommation ;
    - il réduit la barrière au passage à l’action que représente l’investissement initial (CAPEX), mais surtout il augmente le retour sur cet investissement par l’économie réalisée (OPEX) ;
    - il augmente enfin la rentabilité des projets renouvelables, permettant d’envisager de réorienter le support public vers la protection des plus précarisés afin qu’eux aussi puissent bénéficier de la transition énergétique.