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L'obstacle du prix du lithium au développement de la mobilité électrique

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 989 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 27/06/2022
    • de BELLOT François
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    La hausse du prix du lithium devient un obstacle au développement des véhicules électriques. Cette tendance va impacter la transition vers ceux-ci puisque ce métal est nécessaire à leur production.

    Ce nouveau prix du lithium va immanquablement être répercuté sur celui des voitures électriques et faire chuter leur demande.

    Outre les conséquences des tensions géopolitiques, la hausse du prix du lithium s'explique spécifiquement par une décision prise voici 2 ans. En effet, l'industrie du lithium avait décidé de diminuer ses investissements, car les prix avaient considérablement chuté. Face à une demande croissante et à une extraction stagnante, l'offre est insuffisante.

    Pour assurer la demande qui se profile et répondre à la transition vers l'électrique, les besoins en lithium vont être multipliés par 5 d'ici 2030.

    Pour projeter vos actions en connaissance de cause actualisée, comment Monsieur le Ministre s’enquiert-il de l'état d'industrialisation du lithium ?

    Quels résultats a-t-il obtenus pour identifier l'impact de ces prix sur notre transition wallonne ?

    Ces hausses vont-elles contraindre à réorienter votre politique ?

    La Chine dialogue avec des acteurs du marché pour agir sur les prix. Quelle est votre façon de concrétiser votre intérêt sur ce sujet ?

    L'impact de la hausse du prix du lithium ne concernera pas que la baisse de demande de véhicules électriques. Il concernera peut-être aussi la transition souhaitée par l'Union européenne.

    Si ce statu quo ou l'augmentation des prix persistait, que va-t-il solliciter pour la Wallonie concernant la diminution progressive de la part de véhicules thermiques à venir ?
  • Réponse du 31/08/2022
    • de HENRY Philippe
    La demande en lithium et la garantie de l’offre sont un enjeu majeur de la transition. Et pas exclusivement sur les véhicules électriques, on parle bien de toutes les options de stockage qui peuvent y avoir recours comme les batteries stationnaires et les batteries à usages domestiques.

    Mais comme l'honorable membre résume cette question sur la seule électromobilité, je lui répondrai relativement simplement.

    Comme pour le besoin en bornes, le besoin en lithium et les tensions considérables sur l’approvisionnement en un et les risques potentiels pour le réseau dans l’autre traduisent une stratégie commerciale très mal adaptée à l’électromobilité.

    Les voitures électriques avec l’état technologique actuel des batteries au lithium ne sont pas des grandes routières et ne le seront jamais sans des évolutions technologiques majeures des technologies de stockage ou de chargement. Or, le secteur oriente toute son offre dans les segments les plus compliqués à électrifier avec la chimie actuelle du lithium.

    C’est un constat avec lequel je dois composer et j’imagine très mal un ministre wallon pouvoir faire opposition à une vague de l’ampleur de celle que nous connaissons, vague alimentée par les objectifs européens.

    Je n’ai jamais été un ennemi de l’électromobilité contrairement à ce que certains le laissent entendre. Je veux juste qu’on prenne conscience que le modèle développé actuellement autour de l’offre n’est juste pas soutenable sans investissements majeurs.
    Personnellement, je reste persuadé que le modèle est absolument idéal pour de plus petits véhicules avec des capacités de batteries moindres répondant à l’essentiel des trajets quotidiens.
    Des véhicules avec 20 kilowatts heures de batterie chargée lentement en journée avec des solutions solaires ou la nuit avec des tensions de charge plus faibles pourront facilement répondre à plus de 80 % des usages.

    De tels modèles pourront rendre le marché du lithium plus stable plus longtemps et rendre nos réseaux plus résilients.

    Quant à savoir s’il faut tenir le marché du lithium à l’œil, sans doute, mais je pense que ce sont surtout les constructeurs qui devront le faire et adapter leurs stratégies en connaissance de cause. Ce sont bien eux qui ont été les moteurs de cette accélération.

    Quant à savoir si je tiens compte de ces éléments sur les politiques que je souhaite promouvoir. Comme je l’ai signalé, je veux être certain de pouvoir poser mes choix dans de bonnes conditions. Pas de faire un déploiement inutile de bornes et de mettre en place un cadre qui favoriserait des choix inadaptés. L’exemple norvégien doit nous servir, aussi, d’exemple.

    Pour le surplus, en ce qui concerne l’approvisionnement en lithium, la Commission a relevé deux enjeux majeurs. Premièrement, améliorer les circuits de recyclage des batteries. Secondement, exploiter les ressources en lithium présente sur le territoire européen.

    À nouveau, il faudra bien que la transition soit soutenable pour tous. Aussi faudra-t-il, également renforcer les instruments de recherche sur les batteries qui ne nécessiteraient plus de lithium et permettraient l’exploitation de ressources plus abondantes en Europe comme le sodium ou le zinc. La recherche sur d’autres modes de chargement sera, aussi une clé d’une transition réussie, donc d’une transition soutenable financièrement et durable.