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Les conséquences financières pour la Région wallonne du changement de stratégie de la Banque centrale européenne (BCE)

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 163 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 27/06/2022
    • de ANTOINE André
    • à DOLIMONT Adrien, Ministre du Budget et des Finances, des Aéroports et des Infrastructures sportives
    Avec une inflation qui progresse à pas de géant (8,1% en mai en zone euro) et une inquiétude grandissante sur le pouvoir d'achat, les autorités monétaires se devaient de réagir. La Banque centrale européenne (BCE) a donc durci le ton le 9 juin, annonçant qu'elle allait relever son taux directeur, qui est à zéro depuis 2014. “L'inflation élevée est un défi majeur pour nous tous”, a déclaré Christine Lagarde, la présidente de l'institution. Première étape: dès le mois de juillet, le taux directeur européen sera relevé à 0,25%. Une autre hausse de 0,25 ou 0,50% est attendue en septembre et la BCE devrait continuer à serrer la vis jusqu'au printemps 2023, lorsque l'inflation sera censée s'assagir.

    Mais la BCE est poussée dans le dos : les États-Unis, eux, vivent une véritable surchauffe (avec des hausses annuelles de 20% des prix immobiliers et une hausse des salaires de 6% sur un an), note l'économiste en chef de Candriam, Anton Brender.

    Pour essayer d'éteindre un peu ce feu inflationniste, la BCE doit donc renforcer l'attractivité de l'euro en relevant ses taux et en arrêtant d'acheter des obligations dans le marché. Ainsi, le taux de l'OLO de l'État belge sur 10 ans a dépassé les 2% ces derniers jours alors qu'il n'était encore que de 0,2% en début d'année.

    Eu égard aux énormes besoins budgétaires que connaît la Wallonie pour financer son Plan de relance ou assurer les échéances des emprunts arrivés à terme, Monsieur le Ministre peut-il nous indiquer les montants nécessaires d'ici la fin de la législature ?

    Quelle stratégie va-t-il déployer pour contenir le coût total de ces nouveaux moyens ?

    A-t-il déjà évalué les surcoûts financiers du changement de stratégie de la BCE et du relèvement généralisé des taux durant les prochains mois ?
  • Réponse du 22/07/2022
    • de DOLIMONT Adrien
    D’ici la fin de l’année, la Région doit encore lever un montant de 1,403 milliard d’euros afin de répondre aux besoins budgétaires. À noter que l’ajustement budgétaire n’a pas encore été pris en compte, et devrait donc réduire nos besoins de financement à hauteur de 148 millions d’euros, portant ainsi le solde restant à financer à 1,255 milliard d’euros.

    Pour l’horizon de fin de législature, les amortissements cumulés se chiffrent à 1,639 milliard d’euros d’ici fin 2024, et plus précisément 862 millions d’euros en 2023 et 777 millions d’euros en 2024. À cela, il faut ajouter le déficit qui sera à financer. Si nous utilisons les projections réalisées par la Commission externe de la dette en octobre dernier, le déficit serait de respectivement 3,943 et 3,769 milliards d’euros en 2023 et 2024. Par conséquent, toujours sur base de ce scénario, les montants nécessaires seraient de 4 milliards 805 millions d’euros en 2023 et de 4 milliards 546 millions d’euros en 2024.

    La stratégie mise en place consiste à se financer majoritairement au travers d’émission en taille benchmark de minimum 500 millions d’euros. Ces dernières années, cette méthode de financement nous a permis de lever les deux tiers de nos besoins.

    Concernant les surcoûts financiers liés au relèvement des taux, leur effet ne se fera ressentir que dans quelques années, une fois que le stock de dette aura été renouvelé à d’éventuels taux plus élevés. En effet, notre stock de dette n’est quasi pas influencé par cette augmentation des taux puisque 93,73 % de notre endettement étant à taux fixe. Néanmoins, il est clair que désormais les emprunts qui devront être réalisés par la Région seront plus coûteux en intérêts. Ainsi, au vu de la hausse des taux d’intérêt, plus la part relative des nouveaux emprunts dans le stock de dette actuel sera élevée, au plus l’impact de cette hausse des taux d’intérêts sera rapide.

    À cette heure, compte tenu de l’augmentation déjà observée depuis début janvier, soit à peu près 2 % sur la partie longue de la courbe, le surcoût par rapport à un emprunt que nous aurions réalisé en 2021 serait, pour le solde de financement restant en 2022, équivalent à 28 millions d’euros. Bien entendu, la hausse étant continue depuis maintenant près de 6 mois, nous ne pouvons présumer d’une stabilisation prochaine et ce montant pourrait dès lors encore évoluer.

    Notons finalement que cette hausse rapide est certes impressionnante, mais en termes de taux absolus, nous revenons aux taux d’intérêts que nous connaissions en 2014 et qui étaient déjà à l’époque considérés comme historiquement bas.

    Il convient néanmoins de rester très attentif à cette évolution puisque, comme il a été rappelé au Conseil régional du Trésor du 1er juillet, cette hausse des taux est de nature à être graduelle et continue.