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La propagation des particules fines émises par les pneus des véhicules électriques

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 686 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 27/06/2022
    • de BELLOT François
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    L'ADEME a publié une étude indiquant que « les particules fines émises par les véhicules récents ne proviennent plus de l'échappement », notamment grâce aux filtres installés.

    Les particules fines proviennent donc majoritairement des pneus lorsqu'ils roulent et de l'utilisation des freins et concernent alors tant les véhicules thermiques qu'électriques.

    Plus que ça, les véhicules électriques étant plus lourds et devant avoir de plus grands pneus que les thermiques, ils augmentent la production de particules.

    Certes, le freinage régénératif des véhicules électriques émet moins de particules de frein que les thermiques avec 3% des PHE PM10 émises par les premiers contre 25% par les seconds. Cependant, les véhicules électriques plus lourds et aux pneus obligatoirement plus grands émettent plus de particules par le contact pneu-chaussée, ce qui entraine 61% des PHE PM10 pour un véhicule électrique contre 47% pour un thermique.

    Ce constat en génère un autre : ce poids et ces pneus nécessaires aux véhicules électriques favorisent la remise en suspension dans l'air des particules tombées au sol, à savoir 36% des PHE PM10 face aux 28% des véhicules thermiques.

    En valeur absolue, les études récentes ne révèlent pas d'écart significatif d'émissions totales de particules entre les véhicules électriques à forte autonomie et les véhicules thermiques actuels n'émettant quasiment plus de particules à l'échappement.

    Comment Madame la Ministre considère-t-elle les constats de l'étude de l'ADEME soulignés ici ?

    Quelles suites leur réserve-t-elle ?

    Travaille-t-elle à maîtriser cette propagation des particules fines du sol vers l'air favorisée par les impératifs exclusifs des véhicules électriques que sont le poids et la taille de pneus ?

    A-t-elle ciblé des conséquences environnementales de la propagation spécifique des particules des véhicules électriques ?

    L'électrique n'est pas la réponse absolue à la pollution du trafic routier.

    Que compte-t-elle réaliser comme actions associées indispensables ?
  • Réponse du 11/10/2022
    • de TELLIER Céline
    Au cours des dernières décennies, les émissions de particules fines (PM10 et PM2,5) à l’échappement des véhicules thermiques ont continuellement diminué grâce à l’introduction de normes de plus en plus strictes, des filtres à particules et le renouvellement du parc automobile. Dans le même temps les émissions « hors échappement » liées à l’usure des freins et des pneus, ont continué de croitre à la suite de l’augmentation du parc automobile et du nombre de km parcourus. Elles sont donc devenues majoritaires les dernières années. En Belgique c’est le cas depuis 2013 et elles représentent actuellement plus de 60 % des émissions de PM10 de ce secteur. L’étude de l’ADEME ne fait que confirmer les études publiées précédemment ou les constats et données de mon administration.

    Les véhicules électriques émettent bien évidemment également des particules hors échappement. Les particules hors échappement sont essentiellement comprises entre 2,5 µm et 10 µm mais il y a également des émissions dans la fraction la plus fine et la plus toxique, inférieure à 2,5 µm. Une étude de l’OCDE, publiée en 2020, conclut que les émissions des véhicules électriques dépendent du type de véhicules. Les véhicules légers émettent moins de particules fines PM2,5 que leur équivalent à moteur thermique, alors que les plus lourds, type SUV, émettent plus que leur équivalent thermique.

    Le contrôle et la maîtrise des émissions hors échappement n’ont fait l’objet d’aucune législation jusqu’à présent, mais la réglementation EURO 7/VII devrait inclure un volet sur les émissions de particules de frein avec une première étape en phase de test et contrôle puis une deuxième étape avec des seuils d’émissions à ne pas dépasser. Pour les émissions liées à l’usure des pneus, l’état actuel des connaissances scientifiques n’est pas suffisant pour définir une méthode de mesure et à fortiori des valeurs limites d’émissions.

    Si l’électrification du parc automobile permet de réduire les émissions de certains polluants dans l’air tels que les oxydes d’azote, ce changement de motorisation ne permettra pas à lui seul de solutionner l’ensemble du problème, et des modifications structurelles de notre mobilité, en particulier en zone urbaine, seront nécessaires.