/

La soutenabilité du réseau face à l'électrification de la mobilité

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 1013 (2021-2022) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 29/06/2022
    • de BELLOT François
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    ORES, plus grand distributeur d'énergie électrique wallonne, est inquiet, car son réseau a atteint ses limites. Ceci signifie notamment que sans autre investissement, le réseau ne pourra pas faire face au renouvelable prévu dans les prochaines années. Le GRD jugerait la demande insupportable dans le cas où le taux de véhicules électriques ou hybrides grimperait à une part de 88 % d'ici 2050.

    En 2050, il est estimé que la consommation d'électricité aura augmenté de 64 %, dont une croissance de 30 % rien qu'entre 2020 et 2030. Pour y répondre, la puissance des énergies renouvelables doit quintupler. Or, les estimations d'ORES se basent sur 500 000 véhicules électriques en Wallonie d'ici la prochaine décennie là où Monsieur le Ministre en prévoit 720 000.

    Selon la conclusion d'ORES, notre Région n'est pas prête pour électrifier tout son parc automobile et ses habitations. Sommes-nous véritablement surpris de cette conclusion, que nous aurions néanmoins souhaité différente ?

    L'interdiction de voitures thermiques en 2035 à la vente va engendrer un parc automobile électrique en croissance continue, tout comme la demande en électricité.

    Il a certainement connaissance de tous ces éléments.

    Est-ce donc en toute connaissance de cause que les dossiers liés au développement d'une flotte de véhicules entièrement électriques avancent, sous sa responsabilité, en faisant fi d'une donnée majeure qu'est celle de la capacité du réseau wallon à s'adapter ?

    Quelles actions Monsieur le Ministre prend-il pour remédier à cette réalité du réseau électrique wallon déjà à ses limites ?

    Engager un réseau dans une transition énergétique est un coûteux chantier. La CWaPE veut pourtant réduire la dotation 2024-2028 d'ORES alors qu'il serait nécessaire d'investir en vue de la neutralité carbone de 2050.

    La Flandre élabore déjà ses plans d'adaptation. Les indices chez nous semblent plutôt contraires.

    Que planifie-t-il pour éviter le black-out en Wallonie quand la flotte wallonne sera électrique ?
  • Réponse du 06/09/2022
    • de HENRY Philippe
    Je me permets, avant tout, de préciser que je n’ai jamais porté de dossier lié au développement d'une flotte de véhicules entièrement électriques. Et je ne fais clairement pas fi d'une donnée majeure qu'est celle de la capacité du réseau wallon à s'adapter à cette électrification.

    Le chiffre que j’avance est le scénario maximal que le secteur propose et qui tient compte de l’électrification attendue des véhicules de société et de leasing. Y sera-t-on réellement ? Je ne suis pas devin, cela dépendra de beaucoup de facteurs dont la disponibilité des véhicules. Mais je préfère anticiper la situation extrême pour attirer l’attention de ceux qui promeuvent une électrification massive rapide.

    Je laisse évidemment au Directeur général d’ORES le choix dans ses propos. Il a une sensibilité sur le dossier que je respecte évidemment.

    La cartographie que nous avons réalisée montre que nos réseaux présentent des limitations en termes d’accessibilité. Je vois cela comme un fil rouge à respecter dans le cadre des investissements qui devront immanquablement être réalisés si l’on veut faciliter la transition inéluctable qui s’annonce.

    C’est donc dans l’ensemble que la question doit être évaluée et pas spécifiquement. C’est bien en ce sens que la cartographie a été réalisée, afin de garantir une approche territoriale équilibrée, mais, surtout en identifiant les limitations du réseau des GRD.

    Au moins nous disposons maintenant d’une vision plus claire sur la possibilité qu’ont les réseaux de distribution à assurer un tel glissement technologique.

    Il permet de visualiser les points d’attention et les corrections à envisager non seulement pour les bornes, mais également pour la multiplication constatée des installations photovoltaïques.

    Il faut donc être lucide. C’est tout le réseau qui devra être adapté à terme. Le PRW prévoit de soutenir une partie des investissements à mener le plus rapidement. L’objectif étant bien de garantir un développement rapide de l’électromobilité. Et je ne parle pas exclusivement des bornes de chargement, mais bien des véhicules qui chargeront, où qu’ils chargent.

    Il est donc essentiel de prévoir les investissements et les outils nécessaires aux GRD pour assurer leur rôle en toute sécurité en évitant, au mieux, toute interruption de service aux citoyens. Je ne pense pas que l’image de l’électromobilité sortirait grandie sans que ces risques ne soient pas globalement anticipés.

    Au-delà, ce sont aussi les usages constatés qui doivent pouvoir être anticipés, je parle principalement de la répartition des charges dans le temps pour éviter que tout le monde ne charge en rentrant chez soi, au moment où le réseau est le plus sollicité.

    J’espère donc, à terme, garantir aux GRD la sécurité de leurs opérations en les dotant des outils nécessaires pour le faire. Je souhaite également accompagner les GRD dans les investissements nécessaires pour assurer que la transition pourra se faire en toute sérénité. Et surtout, sans que nos concitoyens n’aient à porter la charge de cette transition, surtout lorsqu’ils n’y participent pas.

    Je tiens néanmoins à rappeler que l’image n’est pas aussi sombre que l’honorable membre semble la dépeindre.

    À terme, les véhicules permettront aussi de participer activement à la transition ; en effet, les technologies de « vehicles to grid » permettront aussi que les voitures offrent un outil de flexibilité formidable en permettant de restituer de l’électricité au réseau plutôt qu’uniquement en puiser.