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La culture du tournesol en Wallonie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 790 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 07/07/2022
    • de DURENNE Véronique
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Depuis le début de la guerre en Ukraine, l'huile de tournesol se fait plus rare dans les rayons des magasins. L'Ukraine et la Russie en sont les principaux producteurs mondiaux.

    En Wallonie, l'idée de développer cette filière semble faire son chemin. Notre région semble en tout cas adéquate. À quelques kilomètres de la frontière, dans le département de la Meuse en France, une exploitation agricole s'est lancée il y a un peu plus d'un an dans la culture du tournesol et dans la production locale d'huile.

    Qu'en est-il en Wallonie ? La culture du tournesol se développe-t-elle aussi chez nous ?
    Dans l'affirmative, quelle est la superficie actuelle de cette culture dans notre région ?

    Existe-t-il des actions de valorisation pour la culture du tournesol ?

    Le développement d'une filière, notamment concernant la production d'huile, est-il envisagé en Wallonie ?

    Quelles mesures pourraient être prises afin d'aider les agriculteurs au développement de celle-ci ? 

    L'APAQ-W a-t-elle déjà envisagé la promotion auprès des consommateurs, en cas de développement d'une filière de production d'huile de tournesol wallonne ?
  • Réponse du 22/07/2022
    • de BORSUS Willy
    Un premier essai tournesol, financé par la SCAM et mené conjointement par les équipes du CRA-W et de l’Association « Cultures d’Avenir » (Sillon belge du 25 mars 2021), a été effectué en 2020 et a permis de comparer 9 variétés. Sur la base de ces résultats, le CRA-W a déposé un projet de recherche SunWall (Sunflower Wallonie) en réponse à l’appel à projets « Soutenir la relocalisation de l’alimentation en Wallonie » qui a été financé par le Gouvernement wallon entre 2021 et 2023.

    Dans ce cadre, des essais sont mis en place dans trois régions en Wallonie (Hesbaye, Famenne et Gaume) pour identifier le potentiel des variétés dans nos conditions, et pour réaliser des essais phytotechniques afin de définir la manière de cultiver le tournesol chez nous. L’année 2022 sera déterminante pour le développement du tournesol. Les essais de 2020 et 2021 ont d’ores et déjà permis d’établir tout le potentiel de la culture et de conclure qu’il existe des variétés adaptées à nos régions pour autant que l’on respecte certaines règles phytotechniques comme un semis précoce (début avril) et une fertilisation raisonnée. Les principaux freins à la culture sont liés à la difficulté de contrôler les ravageurs. Il s’agit principalement des corvidés et des pigeons ramiers responsables de nombreuses pertes partielles ou totales des jeunes emblavures. Les agriculteurs et entrepreneurs sont en train de s’équiper de barres de coupe adaptées et acquièrent peu à peu l’expertise nécessaire à la culture.

    En 2022, le nombre d’agriculteurs adhérents à la dynamique a doublé, avec un réseau de 20 agriculteurs qui testent la culture à grande échelle et en conditions réelles sur quelque 70 ha. Il semble que ce chiffre puisse être augmenté à environ 200 ha (sur la base des quantités de semences vendues), car les semis se faisant en avril il y a eu un effet du contexte géopolitique actuel.

    La demande de l’industrie est actuellement énorme, car la pénurie liée à la guerre en Ukraine est réelle. Un point d’inquiétude pourrait être la faible capacité de la Wallonie à transformer les graines en huile. Cependant si la production de tournesol wallon augmente et que la demande en huile se poursuit, d’autres huileries devraient suivre l’exemple de la société Alvenat (triturateur de grains producteur d’huile), partenaire du projet Sunwall avec le CRA-W et la SCAM (négociant stockeur). La production d’huile de tournesol et de tourteau a été testée l’année dernière avec une première production de 5.000 litres d’huile. Malheureusement, les conditions exceptionnellement humides rencontrées pendant l’été et à la récolte ont entrainé des difficultés à la conservation et des problèmes de qualité de l’huile produite.

    Les mesures d’aide pour les agriculteurs qui pourraient être envisagées sont l’autorisation de certains moyens de lutte lors du désherbage mécanique en début de saison sur le rang de la culture, contre les attaques de pucerons responsables du développement du Sclérotinia impactant fortement le rendement de la culture de tournesol et contre la présence de corvidés ou autres oiseaux ravageurs occasionnant de gros dégâts en l’absence de répulsif.

    La culture de tournesol pourrait être éligible dans les nouvelles mesures de la nouvelle PAC (2023-2027) via les éco-régimes ou MAEC afin de garantir une rentabilité minimale de la culture.

    Dans le cadre des plans de développements de filières du Collège des producteurs, l’APAQ-W est prête à travailler étroitement avec le Collège afin de stimuler la visibilité, l’image et la consommation des produits issus de filières émergentes ou en croissance. Certaines actions sont déjà planifiées sur les protéines végétales. Et bien évidemment, en ce qui concerne le tournesol, les travaux évoqués plus haut, émanant des acteurs de la recherche, pourraient à court ou moyen terme justifier un accompagnement en termes de promotion. Cette question sera évoquée lors d’une prochaine réunion du Comité stratégique de l’agriculture (COSTAGRI), lequel rassemble les trois administrations compétentes en matière d’agriculture, à savoir le SPW ARNE, le CRA-W et l’APAQ-W.